Juan Negrín, contre-révolutionnaire

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Le parti soi-disant socialiste espagnol (PSOE) ayant cru bon cet été de réintégrer à titre posthume quelques fripouilles qu’il avait exclu en 1946, dont Juan Negrín et Álvarez del Vayo, nous publions à nouveau quelques extraits du livre de Grandizo Munis, Leçons d’une défaite, promesse de victoire (1948). Negrin est connu comme chef du gouvernement républicain en 1937-39. Alvarez del Vayo était son ministre des affaires; Largo Caballero écrivait de lui: « Il se disait socialiste mais il était inconditionnellement au service du PCE« . Ces « réhabilitations » qui n’engagent que le PSOE sont à l’initiative d’une prétendue « Izquierda socialista » où milite… Santiago Carillo, l’ancien secrétaire général du PCE.

Pour désigner le cabinet formé à la suite de la défaite du prolétariat lors des journées de mai 1937, il n’existe pas de meilleur qualificatif que celui de « gouvernement Negrín-Staline ».

(…) Dès le premier jour du gouvernement Negrín-Staline, le parti de la police russe contrôla toutes les affaires et les officines gouvernementales et spécialement la police, son outil de gouvernement favori. La plupart des chefs de la police et une infinité d’agents furent accueillis au sein du Parti « communiste ». Les directeurs généraux de la Sûreté y étaient affiliés ou étaient ses instruments. Toute la police espagnole, tant celle du gouvernement central que celle du gouvernement catalan « autonome », devint l’instrument de la Guépéou, sans qu’il y eût besoin qu’on aperçoive les agents russes. les commissariats et la Direction générale de la Sûreté elle-même n’étaient rien d’autre que des « tchékas » staliniennes, à la seule différence que l’emplacement de celles-ci était connu, tandis qu’il y avait d’autres « tchékas » dont l’existence n’était connu, aux premiers mois du gouvernement Ngrin-Staline, que d’un nombre réduit de personnes. Avec le temps, non seulement les lieux où la « GPU » exerçait, mais les tortures qu’on y pratiquait relevèrent du domaine public. Des milliers d’ouvriers et de révolutionnaires passèrent par ces prisons clandestines. (…) Pour juger convenablement l’œuvre du gouvernement Negrín, dans le détail comme dans sa signification historique générale, il faut garder constamment à l’esprit qu’il abandonna dès le début au parti de la police russe l’appareil répressif, c’est-à-dire le bras espagnol de la contre-révolution anti-bolchevique.

(…) Voilà pourquoi Negrín ne peut être considéré par le prolétariat espagnol et mondial que comme un pantin vénal manipulé par les agents supérieurs de la Guépéou.

(…) Les révolutionnaires connus promis à l’assassinat étaient peu nombreux; les révolutionnaires anonymes, il y en avait beaucoup, une interminable légion. Derrière chaque nom qu’il est possible de citer, il y a des centaines ou des milliers d’hommes, pour la plupart oubliés. Nommer Berneri, Barbieri, Martinez (anarchistes), Nin et Landau (poumistes), Moulin et Wolf (trotskistes), tous assassinés par la contre-révolution stalino-capitaliste, revient à citer des milliers de révolutionnaires anonymes tombés entre les mains de cette même contre-révolution.

(…) Le gouvernement Negrín-Staline n’avait pas de buts de guerre ni de motif de faire la guerre. (…) Ce qu’on a appelé les « Treize points de Negrín » [Buts de guerre du Gouvernement de l’Union de la République espagnole, 30-04-1938] ne fait allusion, ni de près ni de loin, à la défaite et à l’élimination de l’armée ennemie. Evidemment, puisqu’ils avaient pour objet de l’amadouer! Tous les points passent sous silence la guerre civile, le 19 juillet 1936 et les conquêtes du prolétariat.

(…) Quand Negrín, presque au même moment où il promulgait le décret de restitution des biens aux anciens propriétaires, se vantait d’avoir imposé un ordre plus sévère que nul autre gouvernement au cours de ces cinquante dernières années, il ne faisait que démontrer que les intérêts constituant la base de son gouvernement étaient compatibles avec les intérêts généraux défendus par Franco.

(…) Intimement lié à la contre-révolution russe, le gouvernement Negrín-Staline a transformé la collaboration de classe et le Front populaire en union nationale, l’impuissance réformiste face à la révolution en un programme contre-révolutionnaire achevé. Il a supprimé tout vestige de démocratie prolétarienne, et transformé la démocratie bourgeoise pour laquelle il prétendait lutter en dictature policière inspirée par la Guépéou ou le NKVD, et son caractère provisoire s’est figé en stabilité ractionnaire ou a tenté d’y parvenir. Contrairement à un gouvernement Largo Caballero, celui de Negrín-Staline est déjà un gouvernement fort, un gouvernement d’union nationale. Que Negrín ait eu ou non conscience de ce qu’il faisait en assurant qu’il maintenait un ordre plus parfait que ne le fit aucun autre gouvernement dans les cinquante années précédentes (Alphonse XIII, Primo de Rivera, Martinez Anido et Franco lui-même y compris) n’a pas d’importance. Les porcs non plus ne savent pas qu’ils empestent. L’important est que Negrín – qu’il s’en glorifie – incarna le répugnant ordre réactionnaire, se déclara le chefs de valeurs caduques et agit pour créer une base d’entente avec Franco et le capitalisme mondial en général, Hitler et Mussolini inclus. Au total, le gouvernement Negrín-Staline représentait un pôle contre-révolutionnaire qui aspirait à collaborer avec les militaires, les curés et les bourgeois franquistes – ce qui, dans le langage officiel, se nommait la « réconciliation entre Espagnols ».

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