Archive for the ‘Communiqués’ Category

Contre les guerres et le militarisme : Kiental cent ans déjà

12 avril 2016

Colloque international
Contre les guerres et le militarisme : Kiental cent ans déjà
Les 28 – 30 avril, Kiental

Organisateurs du colloque: Fondation d’étude de l’histoire sociale de l’Europe de l’Est (Bale), Universite de Lausanne, Centre d’éducation et de recherches “Praxis”, Global Labour Institute

L’objectif du colloque en l’honneur de la 100ème anniversaire de la conférence socialiste internationale à Kiental, est de discuter les problèmes de l’histoire du mouvement anti-guerre et antimilitariste à l’échelle globale. La lutte contre le militarisme et les guerres de rapine était et reste toujours un des aspects clés de l’activité des forces démocratiques et de gauche. Auhourd’hui l’analyse de ces problèmes a une signification non seulement scientifique, mais aussi politique. Comme les événements récents le montrent bien, les guerres de conquête territoriale et les recours à la force pour récupérer les zones d’influence ne sont pas dépassés même sur le continent européen. Les recherches sur le mouvement socialiste anti-guerre dont la conférence de Kienthal de 1916 a servi de jalon, peuvent contribuer à tirer des leçons importantes.
Le colloque propose de discuter les thèmes suivants :
– Le mouvement socialiste international face aux problèmes de la guerre et de la paix : théorie et pratique. L’élaboration de la stratégie et des tactiques de l’opposition au militarisme et aux guerres. Les théories de l’impérialisme et leur évolution. Le problème des guerres justes et injustes dans l’histoire de la pensée socialiste. Le socialisme et le pacifisme.
– Les socialistes et la première guerre mondiale. Les discussion sur les causes et la nature de la guerre. La guerre comme expression d’une crise sociale mondiale. Le mouvement de Zimmerwald et la conférence internationale à Kienthal de 1916 : idées, participants, héritage. La guerre et la vague révolutionnaire mondiale. Les principes de Zimmerwald-Kienthal interprétés par les mouvements socio-démocrate et communiste.
– La valeur actuelle de l’expérience historique de la lutte anti-guerre et anti-impérialiste des socialistes. Le phénomène de l’impérialisme à l’époque post-impériale. La nature des conflits militaires aujourd’hui. Les traits charactéristiques des guerres hybrides. Le potentiel anti-guerre de la société civile mondiale. Le rôle de la gauche dans le mouvemengt pour la démilitarisation de la vie sociale. Le monde sans guerres, est-il possible ?
Les historiens, les politologues, les militants politiques, sociaux et syndicaux suisses, français, russes sont invités à prendre part au colloque.

Participants confirmés :

1. Batu J. (Dr., historien)
2. Bouketov K. (syndicaliste, Centre “Praxis”/GLI, Genève)
3. Cheimberg Ch (Dr., historien, Geneve)
4. Gordeeva I (Dr., historien, syndicaliste, Moscou)
5. Goussev A. (Dr., historien, syndicaliste, Centre “Praxis”/GLI, Moscou)
6. Gousseva J. (historien, Centre “Praxis”/GLI, Moscou)
7. Greeman R. (Dr., Fondation Victor Serge)
8. Jélénine A. (Dr, publiciste, militant Moscou)
9. Koudioukine P. (historien, syndicaliste, Moscou)
10. Morozov K. (Dr, historien, syndicaliste)
11. Morozova A. (Dr, Institut de l’histoire russe)
12. Oleynikov A. (Dr., historien, syndicaliste, Moscou)
13. Ozhiganova A. (Dr., historien, Moscou)
14. Roger M. (historien, France)
15. Sklyarenko B. (Dr., historien, Centre “Praxis”/GLI, Moscou)
16. Tosstorf R. (Dr., historien, Allemagne)
17. Ulrich J. (historien, Fondation d’étude de l’histoire sociale de l’Europe de l’Est, Bâle)
18. Zimmerman A. (Dr., historien, syndicaliste, PS)

Mail-contact: praxiscenter@gmail.com

Réunion publique : Où va la Russie ?

5 mars 2016

Rencontre-débat avec les militants anti-autoritaires de Moscou : Ute Weinmann et Vlad Toupikine, sur la situation socio-politique et économique courante, les mouvements de protestation, la répression de la société civile, la situation des prisonniers politiques.

Samedi 12 mars à 18h
Librairie l’EDMP, 8 impasse Crozatier, 75012 Paris
Métro : Faidherbe-Chaligny ou Ledru-Rollin (ligne 8)

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Souscription: un local pour le CRAS

18 février 2016

A toutes et tous

Nous vous informons de la constitution d’une caisse de solidarité financière en vue de l’acquisition d’un local pour notre association, un espace pérenne et indépendant de toutes institutions et organisations. Il s’agit d’un appel à dons (financier, immobilier, matériel) pour se doter d’un lieu qui regroupera le fonds d’archives et un espace de travail et d’expression accessible au public.

Le CRAS (Centre de Recherche pour l’Alternative Sociale) est un regroupement d’archivistes indépendantEs et bénévoles créé en 1979. Domicilié actuellement à Toulouse, il conserve une mémoire matérielle des luttes sociales (luttes étudiantes, ouvrières, environnementales, féministes, anti-carcérales, antimilitaristes…) et des idées et pratiques émancipatrices. Ces archives concernent particulièrement la région toulousaine mais aussi la France et l’international, elles portent sur la période de 1940 à nos jours. C’est une mémoire disponible pour les luttes d’aujourd’hui.
Au fil des années, grâce aux apports de fonds personnels et aux archivistes engagéEs sur le terrain, nous avons enrichi les archives de nombreux matériaux : textes, journaux, brochures, tracts, affiches, photos, dossiers, livres… Des dizaines de mètres linéaires de rayonnage… Le CRAS publie aussi quelques ouvrages et brochures, il participe à des rencontres autour de mouvements sociaux, il est présent chaque année sur plusieurs salons du livre.

Ces archives alimentent régulièrement des travaux historiques et politiques (thèses, livres, films, expositions…). MilitantEs, chercheurEs, créateurEs, producteurEs, historiennEs ou simples curieuxEs y satisfont leurs besoins de sources que nous nous évertuons à transmettre. Un travail d’échange avec d’autres centres d’archives permet d’orienter les utilisateurEs ou de compléter des collections. Le CRAS est affilié à la Fédération internationale des centres d’études et de documentation libertaire (FICEDL).

Ce fonds d’histoire sociale est important et unique, il fait partie du patrimoine culturel commun. Notre association a une réelle utilité publique.

En 2001, nous perdons notre local suite à l’explosion de l’usine chimique AZF. En 2005, toujours sans local, nous signons une convention avec la mairie de Toulouse. Nous déposons une partie du fonds au sein des archives municipales. Mais notre souplesse de fonctionnement associatif est incompatible avec les prérogatives et les contraintes institutionnelles. Les rigueurs administratives compliquent l’accès aux documents.
En décembre 2008, l’association demande le concours de la municipalité pour l’attribution d’un local. La mairie nous alloue alors un réduit insuffisant de 5m2. Pendant six ans nous réitérons notre demande, sans résultat. En 2014, à la suite des élections municipales nous renouvelons notre requête à la nouvelle majorité municipale. Nous n’avons eu à ce jour aucune réponse positive.

Aujourd’hui, par manque de locaux, ces archives sont en danger et méritent toute notre attention. La dispersion actuelle du fonds rend difficiles sa conservation, son traitement, sa diffusion et une gestion sereine. Nous n’avons jamais voulu investir dans des solutions de stockage aléatoires (occupation illégale, hébergement précaire, location coûteuse).

Jusqu’à présent l’autonomie financière de l’association nous a semblé la meilleure garantie pour conserver et faire vivre ces archives. La tâche n’est pas simple pour garder une mémoire collective. Devant la réalité d’un projet aussi difficile à porter, nous avons fait le choix de lancer un appel à dons pour se doter d’un local pouvant accueillir nos activités: l’ensemble du fonds, la bibliothèque, un espace pour la consultation et un bureau pour l’administratif. Reste à transformer l’essai.

La réalisation de ce projet dépend de l’apport financier et de l’énergie de toutes et de tous. Cette participation repose sur des principes de bénévolat et de solidarité.

En 2013, pour plus de visibilité nous créons le site internet http://cras31.info/
Vous pouvez le consulter pour plus d’information sur l’association et pour suivre l’avancée du projet local.

Adresse mail : cras.toulouse@wanadoo.fr
Adresse postale : CRAS – BP 51026 – 31010 Toulouse cedex 6
Chèque à l’ordre CRAS (marquer au dos du chèque « don pour local »). Reçus fiscaux pour déductibilité en cours d’obtention.
Virement : code banque 17807 – code guichet 00001 – numéro de compte 00119631417 – clé RIB 71
Virement IBAN : FR76 1780 7000 0100 1196 3141 771
Adresse SWIFT (BIC) : CCBPFRPPTLS

Toulouse février 2016
Cordialement, le CRAS

Déclaration des syndicats d’Iran après la mort de Shahrokh Zamani

25 septembre 2015

Déclaration d’organisations syndicales et ouvrières d’Iran après la mort en détention de Shahrokh Zamani le 13 septembre 2015 :

Shahrokh Zamani, un courageux et infatigable combattant du mouvement ouvrier iranien, est mort dans la prison de Gohardasht. Pour tous, cette nouvelle a été un choc et a été reçue avec incrédulité.

Selon nous, quelques soient les raisons données par les autorité, la responsabilité de sa mort repose complètement sur ceux qui imposent l’esclavage aux travailleurs d’Iran et les privent de leurs droits à s’organiser et à lutter pour leurs droits et sur ceux qui jettent d’honorables et vaillants êtres humains comme Shahrokh Zamani dans les geôles.

La nouvelle brutale de la mort de Shahrokh en prison, sans antécédents médicaux, n’est pas la première mort de ce type dans les prisons, et, vue les actuelles conditions de détention en Iran, ne sera pas la dernière.

Cette mort prématurée ne peut qu’apparaître suspecte à toute personne impartiale. Mais même sans suspicion, les conditions de détention, en particulier pour les militants ouvriers et les prisonniers politiques, sont déjà mortelles en soi, et ce pour mille et unes raisons, des tortures à la nourriture malsaine, des conditions sanitaires inadéquates à l’absence de soins médicaux, des quartiers insalubres aux différentes sortes de pressions mentales et psychologiques.

Shahrokh Zamani n’avait commis aucun crime si ce n’est celui de défendre les droits de ses collègues. Il n’avait pas de position officielle, n’a fraudé personne, n’a fait de mal à personne et n’était le complice d’aucun voleur ou bandit de grand chemin. C’était un ouvrier du bâtiment, membre du Comité pour l’Établissement de Syndicats Indépendant et du Comité de Coordination pour la Re-création du Syndicat des Peintres. Il était membre honoraire du Syndicat des Peintres d’Alborz et de la Province Centrale et son fondateur.

Shahrokh a été jeté en prison en 2011 pour avoir défendu les droits des ouvriers, mais pour un tel combattant courageux, la prison ne signifiait pas la fin de la lutte. Pendant ces cinq années de prison, de sa cellule pour deux personnes à la prison de Gohardasht, il n’a jamais cessé, jusqu’à son dernier souffre, de lutter et de combattre pour des causes justes. Les prisons, les tribunaux, la répression et les pressions des forces de sécurité et des matons n’ont pas pu faire taire Shahrokh. Avec fermeté et avec un courage inégalé, sans un iota d’ambition personnelle, Shahrokh était un véritable symbole de la résistance des travailleurs iraniens et de la lutte pour la libération de l’oppression et de l’exploitation.

La mort de Shahrokh est une perte irremplaçable pour sa famille et ses amis ainsi que pour le mouvement ouvrier iranien dans son ensemble. Nous souffrons sincèrement de cette grande perte et adressons nos condoléances à sa famille, ses amis, ses codétenus et aux travailleurs de tout le pays. Mais malgré cette peine indicible, nous ne reculerons pas dans la douleur et nous ferons de sa mort un drapeau pour l’unité et la solidarité des travailleurs.

Vive l’unité et la solidarité des travailleurs !
Nous te saluons Shahrokh Zamani!

Signataires :

  • Syndicat des Travailleurs de la Canne à Sucre d’Haft Tappeh
  • Syndicat des Peintres de la Province d’Alborz
  • Centre pour la Défense des Droits des Travailleurs
  • Comité pour l’Établissement de Syndicats Indépendants
  • Comité de Coordination pour la Formation d’Organisations Ouvrières Indépendantes
  • Comité de Coordination pour la Re-création du Syndicat des Peintres
  • Syndicat Libre des Travailleurs en Iran

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Déclaration de la rencontre internationale des 8 et 9 juin 2015

18 juin 2015

Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, constitué en mars 2013 lors de notre réunion de Saint-Denis (France) est le produit d’années d’échanges et de travail commun entre plusieurs des organisations fondatrices. C’est ainsi, et sur la base d’orientations et de pratiques syndicales communes, que nous avons pu rassembler des organisations syndicales, des courants syndicaux et des tendances syndicales de nombreux pays d’Amériques, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

Deux ans plus tard, en juin 2015, nous avons organisé une nouvelle rencontre internationale, à Campinas (Brésil). A cette occasion, nous avons collectivement apprécié les évolutions positives dans la construction de notre Réseau, notamment son élargissement, mais aussi le chemin qu’il nous reste à parcourir pour nous doter de l’outil commun international nécessaire à toutes les forces syndicales qui se revendiquent et pratiquent un syndicalisme de luttes, anticapitaliste, autogestionnaire, démocratique, écologiste, indépendant des patrons et des gouvernements, internationaliste, et luttant contre toutes formes d’oppression (machisme, racisme, homophobie, xénophobie). La démocratie ouvrière, l’auto-organisation des travailleurs et travailleuses sont aussi parmi nos références communes.

La crise du système capitaliste a des conséquences dans le monde entier

Les crises économiques, financières, écologiques et sociales s’entremêlent et s’autoalimentent. Cette crise globale du capitalisme montre l’impasse d’un développement basé sur un partage de plus en plus inégal de la richesse produite par l’exploitation des travailleurs et des travailleuses, la déréglementation financière, le libre-échange généralisé et le mépris des impératifs écologiques. Pour sauver les profits des actionnaires et des patrons, pour assurer l’avenir des banques, les institutions mondiales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce, etc.), les gouvernements et le patronat s’attaquent de plus en plus fortement aux droits des travailleurs et des travailleuses.

Le système économique et politique actuel organise le pillage de nombreux pays, oblige des millions de personnes à quitter leur région d’origine pour survivre et nie ensuite tous leurs droits sous prétexte qu’ils et elles sont immigré-es.

Destruction des services publics, remise en cause de tous les droits sociaux, attaques envers les droits syndicaux, libertés syndicales bafouées, développement de la précarité et du chômage pour faire pression sur les populations … Ce sont les mêmes méthodes qui sont utilisées dans tous les pays !

Pour arriver à leurs fins, ils utilisent tous les moyens : criminalisation, procès, arrestations, interventions policières, occupations militaires, entraves de toutes sortes aux droits collectifs et individuels. La répression est une de leurs armes contre celles et ceux qui résistent, qui s’opposent, qui construisent des alternatives. Notre solidarité, par delà les frontières, est une de nos réponses.

Le syndicalisme dont nous nous revendiquons ne saurait cautionner des pactes avec les pouvoirs en place pour valider des mesures antisociales. Le syndicalisme a la responsabilité d’organiser la résistance à l’échelle internationale, pour construire à travers les luttes la nécessaire transformation sociale. Nous voulons construire un système fondé sur les biens communs, sur la redistribution des richesses entres toutes celles et tous ceux qui la créent, c’est-à-dire les travailleurs et les travailleuses, sur les droits des travailleurs et travailleuses et sur un développement écologiquement soutenable.

Nous revendiquons l’arrêt des privatisations/marchandisations, et au contraire l’extension, la démocratisation et l’appropriation sociale du service public (éducation, santé, transport, énergie, eau, logement, retraite, etc.). La libre circulation des personnes et l’égalité des droits sociaux et politiques de tous et toutes, indépendamment de la nationalité, de l’origine, du sexe, font partie de nos objectifs communs.

Comprendre l’adaptation du capitalisme pour mieux nous y opposer

Les attaques contre les salaires, les conditions de travail, les assurances sociales, le service public et les libertés démocratiques font partie d’un projet stratégique du capitalisme destiné à changer durablement et fondamentalement le rapport de force entre classe dominante d’une part, salarié-es et classes populaires d’autre part. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un capitalisme globalisé, d’une économie qui met en concurrence les régulations sociales, les législations, les conditions et les cadres de travail. Cela provoque une précarisation croissante du monde du travail.

La question de la santé et de la sécurité au travail, les conditions générales de la qualité de vie pour les salarié-es dans les milieux populaires, acquièrent dans les luttes et les revendications une importance décisive.

Dans les pays maintenus en situation de sous-développement, notamment à travers le colonialisme et l’impérialisme toujours très vivaces, ces situations condamnent en masse des Humains à mourir de faim ou à immigrer, souvent au péril de leur vie, dans des pays où ils sont ensuite victimes de fortes discriminations. Le colonialisme et l’impérialisme oppriment encore de nombreuses populations dans le Monde ; le syndicalisme se doit de combattre ces modes de domination.
La conjoncture économique n’est pas l’élément essentiel qui justifie cette stratégie des classes dominantes. Le capitalisme attaque en permanence les conditions de vie, de salaire et de statut des travailleurs et travailleuses. Il utilise la « crise » (crise du système capitaliste !) pour renforcer ses attaques.

La direction financiarisée du capitalisme, sa mondialisation accélérée, les politiques austéritaires dominantes, les politiques de « paiement de la dette », indiquent la prééminence d’une orientation vers le marché globalisé, avec à la clé une nouvelle répartition des richesses et du pouvoir toujours plus défavorable aux classes populaires. Le mécanisme de la dette asphyxie les pays et nous appauvrit : leur dette n’est pas notre dette ; nous n’avons pas à la payer ! Les politiques économiques et financières présentées comme incitant à une reprise de la demande semblent peu susceptibles d’assurer une réactivation économique forte et de longue durée.

De toute manière, ces propositions de relance ne remettent aucunement en question les politiques austéritaires, les attaques contre le salariat, la dégradation et la privatisation des services publics. En d’autres mots, elles ne contiennent pas une dimension de compromis stratégique tel que pouvait par exemple l’instituer la régulation fordiste appliquée, durant une partie du 20ème siècle, dans une partie du Monde (au prix, notamment, de l’exploitation de ce qu’on nommait alors Tiers-Monde).

Les propositions d’un nouveau compromis social, telles que peuvent les formuler une partie du mouvement syndical, ont pour premier point faible l’ignorance délibérée de ce qu’il faudrait comme lutte et rapport de force pour qu’elles puissent commencer à se réaliser, en assurant un cours nouveau « réformiste ». La question essentielle n’est pas simplement l’injection de fonds publics en vue de la réactivation de l’économie mais bel et bien celle de poser radicalement la répartition de la richesse et du pouvoir ainsi que la détermination du modèle de développement.
De même, les hypothèses politiques gouvernementalistes supposant que la conquête de positions institutionnelles au niveau étatique national pourra permettre, moyennant les instruments classiques de la puissance publique et dans le cadre institutionnel mis en place pour servir le capitalisme, de forcer une nouvelle orientation des politiques, avec un nouveau compromis social d’envergure impliquant toutes les classes sociales, nous paraissent illusoires.

Le Brésil, où nous tenons cette rencontre du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, est un bon exemple de cela. La politique économique actuelle poursuit celle des gouvernements bourgeois précédents, elle consiste à garantir d’immenses gains au grand capital et à faire de petites concessions vers les secteurs les plus misérables de la population : cette politique s’est épuisée. Maintenant, le gouvernement essaie en outre de satisfaire les diktats du capitalisme international et de la bourgeoisie brésilienne, en faisant payer aux travailleurs et aux travailleuses le fardeau de la crise, par exemple à travers ses politiques fiscales ou la sous-traitance.

La fragilité en général du système international, l’évolution du rapport de force entre les blocs économico-politiques intègrent une radicalisation des luttes sociales et écologiques en général et de la lutte entre salariat et système de domination en particulier.

Renforcer le syndicalisme pour rompre avec le capitalisme

L’indépendance du mouvement syndical qui se mobilise et lutte effectivement constitue la question clé de cette période. En effet, l’enjeu est de briser la stratégie du système de domination du capitalisme globalisé qui tente d’imposer au salariat une régression historique, avec la ruine pure et simple de sa capacité autonome d’organisation, d’action et de positionnement au profit du syndicalisme d’encadrement, voire de la pure et simple disparition du mouvement ouvrier ; ceci, alors qu’une part de plus en plus importante de la population mondiale est prolétarisée et souvent avec des conditions sociales de plus en plus difficiles.

Nous affirmons notre opposition au syndicalisme d’Etat et notre volonté de pluralisme et de démocratie syndicale. Ceci n’est nullement contradictoire avec la recherche de l’unité d’action syndicale, de l’unité ouvrière, de l’unité de toutes celles et tous qui sont exploité-es et/ou opprimé-es. Par contre, nous n’avons rien à faire avec celles et ceux qui se prétendent syndicalistes, alors qu’ils cogèrent des fonds de pension, alors qu’ils sont corrompu-es par la classe dirigeante … Classe dirigeante qui par ailleurs a fait de la corruption le mode de fonctionnement habituel de toute une partie des responsables politiques.

La question du droit à la terre est particulièrement importante dans de nombreux pays, notamment ceux victimes du colonialisme et de l’impérialisme ; nous devons agir sur ce sujet, lutter pour de véritables réformes agraires, en lien avec les mouvements sociaux qui agissent déjà pour ce droit.

Notre syndicalisme allie la défense des intérêts immédiats des travailleurs et travailleuses, et la volonté de changement social profond. Il ne se limite pas au champ revendicatif économique, il englobe des sujets comme le droit au logement, à la terre, l’égalité entre hommes et femmes, l’antiracisme, la lutte contre l’homophobie et la xénophobie, l’écologie, l’anticolonialisme, etc.

Les intérêts que nous défendons sont ceux de la classe ouvrière (travailleurs et travailleuses en activité ou en retraite, chômeurs et chômeuses, jeunes en formation). Ils s’articulent avec ceux des peuples de toutes les régions du monde. En cela, nous nous opposons frontalement au patronat, aux gouvernements et institutions qui sont à son service, et nous revendiquons notre autonomie vis-à-vis de toute organisation politique.
Des organisations syndicales internationales existent ; des réseaux syndicaux ont été créés sur des champs professionnels ou géographiques. D’une région du monde à l’autre, nos histoires syndicales, nos structurations syndicales, nos affiliations syndicales, sont différentes. Mais, nous partageons ce qui est essentiel : nous sommes déterminé-es à avancer dans la coordination du syndicalisme de lutte, au plan international.

Nous voulons partager nos expériences, s’enrichir des résistances et acquis de tous, construire l’unité à travers les frontières, mettre en oeuvre la solidarité internationale des travailleurs et travailleuses. Face à la crise qui frappe les populations de tous les pays, et dont le capitalisme est responsable, il est nécessaire de coordonner et unifier nos luttes. Nous appelons les collectifs syndicaux à nous rejoindre pour construire cette unité d’action syndicale, nécessaire pour combattre les reculs sociaux, conquérir de nouveaux droits, et construire une société différente.

Nous ne nous battons pas pour revenir en arrière ; certes, les attaques envers la classe ouvrière sont très fortes et parfois sous des formes nouvelle. Mais l’exploitation capitaliste n’est pas une nouveauté et c’est avec cela qu’il faut rompre, pour créer des modes d’organisation de la société partant des besoins de la population.

Cette démarche, nous la construisons pas à pas, avec toutes les organisations syndicales de lutte, pour qui le système capitaliste n’est pas le mode d’organisation indépassable pour nos sociétés, et qui construisent le changement à travers les luttes collectives quotidiennes et les réflexions sur la société que nous voulons pour demain.

Nous décidons de renforcer, élargir, rendre plus efficace, un réseau du syndicalisme offensif, de luttes, démocratique, autonome, indépendant des patrons et gouvernements, luttant contre toutes formes d’oppression (machisme, racisme, homophobie, xénophobie), écologiste et internationaliste

Après la rencontre internationale de juin 2015, nous avons des objectifs concrets, des engagements communs. C’est ensemble que nous les définissons et que nous les mènerons à bien :

  •  Nous agissons, dans la durée, pour la solidarité internationale, et notamment contre toute répression antisyndicale. Notre combat se mène contre toutes les oppressions, notamment celles envers les femmes, la population noire, les migrant-es et les LGTB (Lesbiennes, Gays, Transsexuel-les, Bisexuel-les).
  • Nous interviendrons de manière unitaire et coordonnée pour appuyer des luttes et des campagnes internationales, en réaffirmant le droit à l’autodétermination de tous les peuples.
  • Nous renforçons et étendons le travail international mené dans les secteurs professionnels (transport, éducation, centres d’appels, industrie, commerce, santé, etc.) et sur des questions interprofessionnelles (droit des femmes, des noir-es, des LGTB, migration, logement, écologie, santé et travail, …).
  • Nous poursuivons le travail de réflexion et d’élaboration sur les questions de crise du système capitaliste et d’alternatives à celui-ci.
  • Nous mettons, ensemble, les moyens matériels nécessaires à la réussite de nos projets communs : sites web, liste d’échanges par mail, coordination par secteurs professionnels, etc.
  • Pour être plus efficace, nous organisons la coordination des organisations membres du Réseau à l’échelle des régions du monde : Amérique du sud, Europe, Afrique,…
  • Nous décidons d’organiser une semaine de mobilisations et de luttes internationales, durant la deuxième semaine d’octobre 2015 avec comme thème central « contre les plans d’austérité et les coupes budgétaires, pour la défense des droits des travailleurs et des travailleuses. Nous ne paierons pas la crise ! ». La forme de cette semaine d’actions sera adaptée en fonction des réalités dans chacun de nos pays.

Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de lutte

Organisations syndicales nationales interprofessionnelles:

  • Central Sindical e Popular Conlutas (CSP-Conlutas) – Brésil.
  • Confederación General del Trabajo (CGT) – Etat espagnol.
  • Union syndicale Solidaires (Solidaires) – France.
  • Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B) – Burkina.
  • Confederation of Indonesia People’s Movement (KPRI) – Indonésie.
  • Confederación Intersindical (Intersindical) – Etat espagnol.
  • Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP) – Algérie.
  • Batay Ouvriye – Haïti.
  • Unione Sindacale Italiana (USI) – Italie.
  • Confédération Nationale des Travailleurs – Solidarité Ouvrière (CNT SO) – France.
  • Sindicato de Comisiones de Base (CO.BAS) – Etat espagnol.
  • Organisation Générale Indépendante des Travailleurs et Travailleuses d’Haïti (OGTHI) – Haïti.
  • Sindacato Intercategoriale Cobas (SI COBAS) – Italie.
  • Confédération Nationale du Travail (CNT-f) – France.
  • Intersindical Alternativa de Catalunya (IAC) – Catalogne.
  • Union Générale des Travailleurs Sahraouis (UGTSARIO) – Sahara occidental.
  • Ezker Sindikalaren Konbergentzia (ESK) – Pays basque.
  • Confédération Nationale de Travailleurs du Sénégal Forces du Changement (CNTS/FC) – Sénégal.
  • Independent Trade Unions for Egyptian Federation (EFITU) – Egypte.
  • Sindicato Autorganizzato Lavorator COBAS (SIAL-COBAS) – Italie.
  • General Federation of Independent Unions (GFIU) – Palestine.
  • Confederación de la Clase Trabajadora (CCT) – Paraguay.
  • Red Solidaria de Trabajadores – Perou

Organisations syndicales nationales professionnelles:

  • National Union of Rail, Maritime and Transport Workers (RMT/TUC) – Grande-Bretagne.
  • Centrale Nationale des Employés – Confédération Syndicale Chrétienne (CNE/CSC) – Belgique.
  • Sindicato Nacional de Trabajadores del Sistema Agroalimentario (SINALTRAINAL/CUT) – Colombie.
  • Fédération Générale des Postes, Telecom et Centres d’appel – Union Générale Tunisienne du Travail (FGPTT/UGTT) – Tunisie.
  • Trade Union in Ethnodata – Trade Union of Empoyees in the Outsourcing Companies in the financial sector – Grèce.
  • Syndicat national des travailleurs des services de la santé humaine (SYNTRASEH) – Bénin
  • Sindicato dos Trabalhadores da Fiocruz (ASFOC-SN) – Brésil.
  • Organizzazione Sindicati Autonomi e di Base Ferrovie (ORSA Ferrovie) – Italie.
  • Sindicato Único de Trabajadores del Grupo Ripley S.A – Pérou
  • Union Nationale des Normaliens d’Haïti (UNNOH) – Haïti.
  • Confederazione Unitaria di Base Scuola Università Ricerca (CUB SUR) – Italie.
  • Confederazione Unitaria di Base Immigrazione (CUB Immigrazione) – Italie.
  • Coordinamento Autorganizzato Trasporti (CAT) – Italie.
  • Confederazione Unitaria di Base Credito e Assicurazioni (CUB SALLCA) – Italie.
  • Syndicat des travailleurs du rail – Union Nationale des Travailleurs du Mali (SYTRAIL/UNTM) – Mali.
  • Gıda Sanayii İşçileri Sendikası – Devrimci İşçi Sendikaları Konfederasyonu (GIDA-IŞ/DISK) – Turquie.
  • Syndicat National des Travailleurs du Petit Train Bleu/SA (SNTPTB) – Sénégal.
  • Asociación Nacional de Funcionarios Administrativos de la Caja de Seguro Social (ANFACSS) – Panama.
  • Conseil des Lycées d’Algérie (CLA) – Algérie.
  • Confederazione Unitaria di Base Trasporti (CUB Trasporti) – Italie.
  • Syndicat de l’Enseignement Supérieur Solidaire (SESS) – Algérie.
  • Palestinian Postal Service Workers Union (PPSWU) – Palestine.
  • Union Syndicale Etudiante (USE) – Belgique.
  • Sindicato dos Trabalhadores de Call Center (STCC) – Portugal.
  • Sindicato Unitario de Trabajadores Petroleros (Sinutapetrolgas) – Venezuela.
  • Alianza de Trabajadores de la Salud y Empleados Publicos – Mexique.
  • Canadian Union Of Postal Workers (CUPW-STTP) – Canada.

Organisations syndicales locales:

  • Trades Union Congress, Liverpool (TUC Liverpool) – Angleterre.
  • Sindacato Territoriale Autorganizzato, Brescia (ORMA Brescia) – Italie.
  • Fédération syndicale SUD Service public, canton de Vaud (SUD Vaud) – Suisse
  • Sindicato Unitario de Catalunya (SU Metro) – Catalogne.
  • Türkiye DERİ-İŞ Sendikasi, Tuzla et Izmir (DERİ-İŞ Tuzla et Izmir) – Turquie.
  • L’autre syndicat, canton de Vaud (L’autre syndicat) – Suisse
  • Centrale Générale des Services Publics FGTB, Ville de Bruxelles (CGSP/FGTB Bruxelles) – Belgique
  • Arbeitskreis Internationalismus IG Metall, Berlin (IG Metall Berlin) – Allemagne
  • Sindicato de Trabajadores de Celima – Pérou
  • Sindicato Unificado de Trabajadores de la Educación de Buenos Aires, Bahia Blanca -(SUTEBA/CTA de los trabajadores Bahia Blanca) – Argentine
  • Sindicato del Petróleo y Gas Privado del Chubut/CGT – Argentine.
  • Sindicato Lacteos del Sur – FENALTRAL/CUT – Chili.

Organisations syndicales internationales:

  • Industrial Workers of the World – International Solidarity Commission (IWW)

Courants, tendances ou réseaux syndicaux:

  • Transnationals Information Exchange Germany (TIE Germany) – Allemagne.
  • Emancipation tendance intersyndicale (Emancipation) – France.
  • Globalization Monitor (Gmo) – Hong Kong.
  • Courant Syndicaliste Révolutionnaire (CSR) – France.
  • No Austerity – Coordinamento delle lotte – Italie.
  • Solidarité Socialiste avec les Travailleurs en Iran (SSTI) – France.
  • Basis Initiative Solidarität (BASO) – Allemagne.
  • LabourNet Germany – Allemagne.
  • Resistenza Operaia – operai Fiat-Irisbus – Italie

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Regroupement Révolutionnaire Caennais

25 janvier 2015

(Ceci n’est pas une présentation définitive et complète)

Constatant le manque de perspectives, la faiblesse d’organisation et la présence de désaccords de plus en plus visibles dans le milieu révolutionnaire local, au début de l’été 2014, quelques personnes se sont réunies pour discuter et ont décidé de lancer une initiative en vue de créer un regroupement révolutionnaire à Caen sur des bases et des pratiques communes, auxquelles chacun-e est attaché-e : lutte de classe, antiétatisme, internationalisme, anti-patriarcat, interventionnisme politique, stratégie révolutionnaire. Il existe des divergences, mais nous considérons qu’elles sont dépassables et que nous pouvons nous organiser ensemble au quotidien pour intervenir politiquement.

A partir des bases politiques évoquées, cette discussion s’est élargie vers d’autres personnes intéressées par ce projet. Des réunions régulières, tous les 15 jours, ont commencé à avoir lieu pour s’organiser et agir.

On en avait marre d’être dispersé-e-s, sans réels moyens. On voulait pouvoir discuter des questions de fond, prévoir, anticiper, intervenir, bref, arrêter de subir et s’organiser pour les luttes actuelles et celles à venir. Ce regroupement nous a paru indispensable car les années qui viennent vont être encore plus dures politiquement et socialement.

Il est ressorti des discussions quelques grandes lignes sur lesquelles nous souhaitons nous construire.

Lutte de classe : Par lutte de classe, nous entendons la lutte des exploité-e-s contre les exploiteurs/euses, la lutte des travailleurs-euses (privé-e-s d’emploi, radié-e-s de Pole Emploi ou jamais inscrit-e-s compris) – soit celles et ceux qui créent la plus-value mais qui n’en bénéficient pas – contre ceux/celles qui possèdent les moyens de production et exploitent la force de travail. La lutte de classe se décline à différentes échelles. Elle est à la fois un socle indispensable d’une perspective révolutionnaire, mais peut aussi se retrouver dans des luttes de boites (salaires, conditions de travail, prime de licenciement etc.), dans des luttes contre les suppressions de postes dans la fonction publique, la privatisation/marchandisation des services, les attaques sur les salaires directs et indirects (c’est-à-dire issus des cotisations salariales), etc. D’autre part, nous considérons qu’au sein de la lutte de classe, il y a des luttes de classes. En effet, le système capitaliste utilise tous les moyens en sa possession pour maximiser les profits et diviser les exploité-e-s : racisme, xénophobie, patriarcat, etc. La lutte de classe sans lutte contre les formes de domination qu’utilise le capitalisme ne permettra pas de détruire ce système.

Anti-patriarcat : Par anti-patriarcat, nous entendons la lutte contre la domination (politique, économique, culturelle, sociale, sexuelle et symbolique) des hommes sur les femmes, que ce soit au sein du capitalisme ou en dehors. Nous pensons que les femmes subissent une injustice spécifique et systématique en tant que femmes. La lutte antisexiste, féministe, doit s’inscrire aussi bien dans le quotidien que dans les luttes et dans nos milieux. La déconstruction du genre en tant qu’attribution d’attitudes et de comportements en fonction du sexe biologique fait partie intégrante de la lutte antipatriarcale.

Internationalisme et solidarité internationale de classe : Elle passe selon nous par la lutte contre l’exploitation des populations (notamment par l’exploitation de leur force de travail à moindre coût et des ressources naturelles) au profit de capitalismes de blocs ou nationaux. L’internationalisme s’oppose à toute forme de nationalisme, impérialisme, colonialisme, néocolonialisme, facettes indispensables au bon fonctionnement du système capitaliste. Notre implication internationaliste se décline à la fois par la lutte contre l’impérialisme français, mais aussi par la solidarité financière, matérielle, politique envers les résistances sociales, féministes, émancipatrices (collectes de fonds, diffusion d’info, prises de contact, etc.).

Évidemment, des discussions sur ces sujets, et pleins d’autres, sont toujours en cours parce que ce projet est collectif et que nous souhaitons l’élargir à toutes celles et tous ceux susceptibles d’être intéressé-e-s et sortir d’un certain isolement politique.

Nous cherchons à fonctionner d’une manière non-hiérarchique, accueillante, collective, ouverte et constructive.

Finalement, ce regroupement est vu comme un outil et non une fin en soi. L’idée est de se fondre dans les luttes et des Assemblées Générales décisionnelles qui en sont issues, de leur apporter ce que l’on peut, tout en gardant un espace à partir duquel on peut s’exprimer et agir, que ce soit entre les luttes ou au cours de celles-ci si on en ressent la nécessité. Nous comptons créer un journal qui relaiera un certain nombre de luttes sociales et tentera notamment d’effectuer un travail de vulgarisation de théories politiques révolutionnaires.

Les réunions ont lieu pour le moment tous les samedis (lieux et horaires modulables). Un site internet est en cours d’élaboration. Pour les personnes intéressées, envoyer un mail à rrcaen@riseup.net, ou en parler directement avec nous.

Regroupement Révolutionnaire Caennais.

Caen - château

Après le massacre à Charlie Hebdo, soutenons ceux qui se battent contre la droite religieuse

15 janvier 2015

Après le massacre à Charlie Hebdo à Paris, le 7 janvier 2015, exprimer son indignation, comme tant de gens le font, ne suffit plus.

Alors même que la plupart des médias condamnent la violence en tant que telle, un rapide survol de la presse internationale anglophone montre qu’ils laissent entendre que Charlie Hebdo a bien cherché (voire mérité ?) une réplique énergique de la part des « musulmans ». En effet les dessinateurs habituels de Charlie n’ont pas ménagé l’islam, ni aucune autre religion, pas plus que leurs fanatiques et leurs bigots.

Ce courant de pensée dans les médias sollicite notre attention. Il semble que les laïques, les agnostiques et les athées doivent parler moins haut et ne méritent pas le même respect dont jouissent les croyants et les croyantes ; il semble aussi qu’ils et elles ne peuvent se prévaloir, au même degré, de la liberté d’expression.

Au nom du ‘respect’ dû aux religions et aux sentiments religieux des croyant-e-s, c’est en fait la droite religieuse fanatisée qui reçoit du soutien et à laquelle on donne de la visibilité.

Pendant ce temps, ceux qui sont en première ligne pour combattre les intégristes armés doivent se débrouiller tout seuls. Il n’est que temps de donner préséance à ces laïques, de reconnaître leur courage et leur clarté politique, et de cesser de les affubler de l’étiquette ‘islamophobe’.

En octobre 2014, des laïques, comprenant des athées, des agnostiques, et des croyant-e-s venant de nombreux pays, et en particulier beaucoup de pays dits musulmans, se sont rencontrés à Londres pour dénoncer la droite religieuse et exiger d‘être reconnus comme alternative. Il est plus que temps d’apprendre de leurs analyses et de leurs expériences de vie.

Aujourd’hui, le tragique massacre à Paris va sans doute apporter de l’eau au moulin de l’extrême droite xénophobe traditionnelle, et le danger immédiat est donc, en Europe et au delà, une montée du racisme, de la marginalisation et de l’exclusion des personnes issues de l’émigration de pays dits musulmans.

Nous ne voulons pas assister à une chasse aux sorcières contre les ‘musulman-e-s’, et nous ne voulons pas non plus que de soi-disant ‘islamistes modérés’ soient promus partenaires politiques officiels des gouvernements.

Il est indispensable d’analyser clairement, sans détour, la nature politique des groupes islamistes armés : ce sont des forces politiques d’extrême droite travaillant sous le couvert de la religion et leur but est de parvenir au pouvoir politique.

Ils doivent être combattus par des moyens politiques et par une mobilisation de masse, – et non pas en accordant des privilèges supplémentaires à quelque religion que ce soit.

Leurs demandes persistantes d’adopter des lois contre le blasphème partout dans le monde constituent un réel danger pour tous et toutes.

La France a une longue tradition de laïcité – actuellement en danger, et ce de façon croissante – qui permet le dissentiment d’avec les religions et d’exprimer ce dissentiment.

Elle a une riche tradition de railler et de caricaturer les pouvoirs en place, religieux ou autres.

Gardons précieusement ce droit si durement acquis, au prix de tant de vies au cours de l’histoire, et qui, hélas, en coûte encore aujourd’hui, comme le démontrent les 12 morts et nombreux blessés de Charlie Hebdo.

- Marieme Helie Lucas, sociologue algérienne, fondatrice de Secularism is a Women’s Issue
- Maryam Namazie, porte-parole iranienne de Council of Ex-Muslims of Britain, One Law for All et animatrice de Bread and Roses TV
- Karima Bennoune, Professor and Martin Luther King Jr. Hall Research Scholar, University of California, Davis School of Law
- Adriane Choukour Wali, Gender and Development Consultant
- Albert Beale, Peace Activist
- Ali al-Razi, Ex-Muslim Forum
- Alison Assiter, Professor of Feminist Theory at the University of the West of England
- Amel Grami, Professor at the Tunisian University of Manouba
- Amie Joof, FAMEDEV-Inter Africa Network for Women, Media, Gender and Development
- Anissa Daoudi, Birmingham University, Head of Arabic Section
- Ayesha Imam, Coordinator of the Nigerian Women’s Rights Organisation BAOBOB
- Ariane Brunet, Centre for Secular Space
- Braema Mathi, Human Rights Activist, Singapore
- Bronwyn Winter, University Professor
- Charlotte Bunch, Distinguished Professor of Women’s Studies at Rutgers University
- Chris Moos, Secularist Activist and Researcher
- Christine M. Shellska, President of Atheist Alliance International
- Codou Bop, Groupe de recherche sur les femmes et les mois au Sénégal
- Daayiee Abdullah, Imam of Light of Reform Mosque
- Deeyah Khan, Norwegian Filmmaker and Founder/CEO of Fuuse
- Elahe Amani, Gender, Peace and Social Justice Activist
- Elizabeth Cox, Feminist and Rights-based Development Specialist
- Elham Manea, Writer, Academic and Human Rights Activist
- Esam Shoukry, Defence of Secularism and Civil Rights of Iraq and Left Worker Communist Party of Iraq
- Fahima Hashim, Director of Salmmah Women’s Resource Centre in Sudan
- Fariborz Pooya, Founder of the Iranian Secular Society and Co-host of Bread and Roses TV
- Farzana Hassan, Writer
- Fatou Sow, International Director of Women Living Under Muslim Laws
- Fiammetta Venner, Writer and Filmmaker
- George Broadhead, Secretary of Pink Triangle Trust
- Glen Carrigan, Secular Activist and AHS Society Founder
- Gita Sahgal, Founder of Centre for Secular Space
- Gona Saed, Campaigner and Activist
- Hala Aldosari, Women’s Health Researcher and Women’s Rights Women’s Activist
- Harsh Kapoor, South Asia Citizens Web
- Houzan Mahmoud, Kurdish Women’s Rights Activist
- Imad Iddine Habib, Founder of the Council of Ex-Muslims of Morocco
- Inna Shevchenko, Leader of FEMEN
- Julie Bindel, Writer
- Kate Smurthwaite, Comedian and Activist
- Laura Guidetti, Marea Italian Feminist Review
- Lila Ghobady, Iranian Writer and Filmmaker
- Lino Veljak, Philosopher, University of Zagreb
- Madhu Prasad, Former Leader of the Delhi University Teachers Trade Union
Magdulien Abaida, Libyan Activist and President of Hakki (My Right) Organization for Women Rights
- Maria Emília Novo, Researcher
- Meredith Tax, Centre for Secular Space
- Mina Ahadi, International Committees against Stoning and Execution
- Minna Salami, Writer, Blogger and Founder of MsAfropolitan
- Muniza Khan, Registrar of Gandhian Institute of Studies
- Nadia El Fani, Tunisian Filmmaker
- Nahla Mahmoud, Spokesperson of Council of Ex-Muslims of Britain
- Naouel Hamm Miss, Agent d animation collectivités territoriales 66
- Nazanin Borumand, Zentralrat der Ex-Muslime Deutschland
- Nina Sankari, Vice President of Atheist Coalition of Poland
- Nira Davis-Yuval, Founder member of Women Against Fundamentalism and the International Research Network on Women in Militarized Conflict Zones
- Peter Tatchell, Director, Peter Tatchell Foundation
- Pragna Patel, Director of Southall Black Sisters
Rahmatu Ahmed, African Life Centre
- Ramin Forghani, Founder of the Ex-Muslims of Scotland and Vice-Chair of the Scottish Secular Society
- Richard Dawkins, Scientist
- Safak Pavey, MP for Istanbul, Turkish Parliament
- Sally Armstrong, Journalist
- Sara Hakemi, Secular Greens and Giordano Bruno Foundation
- Shareen Gokal, Association for Women’s Rights in Development
- Siamak Bahari, Political Activist and Editor of Children First Publication
- Stasa Zajovic, Founder of the Women in Black in Serbia
- Sukhwant Dhaliwal, Researcher and Women’s Rights Activist
- Sultana Kamal, Bangladeshi Human Rights Activist
- Taslima Nasreen, Bangladeshi-born Writer
- Tehmina Kazi, Director of British Muslims for Secular Democracy
- Soad Baba Aïssa, Founder of Association pour la mixité, l’égalité et la laïcité
- Terry Sanderson, President of the National Secular Society
- Waleed Al-Husseini, Palestinian blogger and Founder of the Council of Ex-Muslims of France
- Yasmin Rehman, Women’s Rights Advocate
- Yolanda Rouiller, Filóloga, Activista de Mujeres de Negro
- Zazi Sadou, Algerian Feminist

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Quelques communiqués après l’horreur

8 janvier 2015

La rédaction de Charlie Hebdo assassinée. Notre cœur saigne. Voici quelques premiers communiqués:

Contre toutes les barbaries

C’est un véri­table choc que d’apprendre, ce 7 jan­vier, qu’une attaque meur­trière contre Char­lie Hebdo a fait 12 morts. Cette bar­ba­rie a mani­fes­te­ment été per­pé­trée par des tenants de l’extrême droite islamiste.

Nous com­bat­tons toutes les extrêmes droites, reli­gieuses comme poli­tiques, tous ces par­tis de la haine qui s’entretiennent mutuel­le­ment et qui créent un cli­mat détes­table de racisme, de vio­lence, de régres­sion, de peur, dans cette période de crise écono­mique et sociale du capi­ta­lisme mon­dial. Nous mili­tons tout à la fois contre les haines meur­trières et contre la société qui les crée par la misère et la dis­cri­mi­na­tion. Notre lutte poli­tique s’exerce contre toutes les bar­ba­ries, contre toutes les into­lé­rances, contre tous les amal­games, contre tous les replis.

L’objectif de ces assas­si­nats poli­tiques est de créer une spi­rale de haines réci­proques. Nous devons déjouer cette stra­té­gie de la ten­sion. Pour notre part, nous pour­sui­vrons notre objec­tif d’auto-émancipation mon­diale par l’union de tous les exploi­tés du monde, quelles que soient leurs origines.

Inter­na­tio­na­lisme, démo­cra­tie à la base, liberté réelle, égalité sociale, soli­da­rité sans frontière !

Critique sociale

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Nous, aussi, sommes Charlie Hebdo

A l’heure où nous écrivons, douze personnes dont deux policiers ont été tuées et quatre très grièvement blessées par trois terroristes dans les locaux de Charlie-Hebdo. Parmi les premiers noms de victimes annoncés, Wolinski, Cabu, Charb, Tignous, Bernard Maris.


Il s’agit à l’évidence d’un crime contre la liberté d’expression. Ce sont des journalistes et des dessinateurs qu’on assassine, coupables d’avoir dit ou dessiné librement ce qu’ils pensaient. Quels que soient les mobiles des assassins, leur geste dit le régime de terreur qui est leur idéal. Ils ne peuvent pas avoir le dernier mot. Le Réseau Éducation sans frontières s’associera à toutes les protestations et à toutes les manifestations en faveur de la liberté d’expression, à commencer par les nombreux rassemblements partout en France dès de ce soir.


Ces meurtres nous atteignent d’autant plus que le journal Charlie Hebdo est des plus fidèles soutiens de la cause des élèves et des familles sans papiers. Pendant quatre ans, Charlie a publié une chronique hebdomadaire rédigée par des militants du RESF. Un livre « Sarkozy m’a expulsé » avait été édité et vendu au bénéfice du réseau. Charb, Tignous et Honoré étaient en 2013 les parrains de plusieurs lycéens sans papiers. Enfin, plusieurs des journalistes et des dessinateurs de l’hebdomadaire étaient des amis personnels de militants RESF.


Nos pensées solidaires vont d’abord aux familles, aux proches et aux amis des victimes ainsi qu’à toute l’équipe de Charlie.


Par solidarité avec eux, en mémoire de nos amis et camarades disparus, pour nos valeurs communes de liberté, de liberté d’expression aussi, de solidarité et de fraternité, nous continuons le combat.

R.E.S.F.

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We condemn the murderous attack on Charlie Hebdo by Islamic terrorists

The murderous attack today by Islamic terrorists on the Paris offices of Charlie Hebdo has aroused people’s anger and disgust around the world. Charlie Hebdo is a left, progressive satirical weekly which criticises and ridicules religion and religious beliefs, prejudices and taboos. In 2011 the magazine’s office was firebombed by Islamists for publishing a caricature of Muhammed, and its editor and writers have repeatedly received death threats. In today’s attack 12 people, including the magazine’s editor and three well-known French cartoonists, were killed. This is a direct attack on freedom of expression, on freedom to criticise religion and on civilisation and humanity.

This atrocity has once again alerted the people of the world to the enormous crimes which Islamic states and groups in Iran, Afghanistan, Iraq and other countries plagued by Islam are committing daily against their opponents and critics of Islam. The fight against Islamic states and groups rests on the shoulders of left, atheist and freedom-loving forces. The governments in the West, which rely on Islamic states and forces in the Middle East to further their aims and policies, and which have been instrumental in the rise of these forces, stand practically opposed to the camp of the revolutionary left, the secularists, atheists and progressive humanity, which is fighting Islamic states and forces of all types. Charlie Hebdo belongs to this latter camp.

Civilised and progressive humanity must everywhere come out against political Islam, the western governments’ policy of appeasement of Islamic states and forces, in defence of the unconditional freedom to criticise religion – specifically criticism of Islam – and in defence of secularism and separation of religion from the state. Already, people in France, Germany and Britain are holding protest gatherings against Islamists. This can be – and our party will try with all its power to make it – the start of a new global line-up against Islamists.

The Worker-communist Party of Iran extends its deepest sympathies to the families and friends of the victims of the attack on Charlie Hebdo. It vigorously condemns this crime and calls on all left, secular and atheist forces and all freedom-loving people around the world to come out against political Islam and in defence of freedom of expression, in particular the freedom to criticise religion.

Worker-communist Party of Iran

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L’attentat contre Charlie Hebdo Un acte ignoble 

Mercredi 7 janvier, une attaque à la mitraillette a pris pour cible l’hebdomadaire Charlie Hebdo lors de sa conférence de rédaction. À l’heure où nous écrivons, le bilan de l’attaque serait de 12 morts et quatre blessés graves.

Il s’agit d’un geste ignoble, quels qu’en soient les auteurs. Quelle que soit son inspiration politique, ce type d’action terroriste ne peut être le fait que d’ennemis des opprimés. Les assassinats individuels n’ont jamais fait partie des méthodes du mouvement ouvrier et au contraire, se sont toujours retournés contre les intérêts des travailleurs. L’attentat a visé des journalistes, semble-t-il choisis pour ce qu’ils ont dessiné ou écrit. Lutte Ouvrière s’élève vivement contre cet acte odieux et affirme sa solidarité avec les proches des victimes. Nous en connaissions certaines, et cela nous touche d’autant plus.

Lutte ouvrière

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For Charlie Hebdo: Rage and Solidarity

Dear Gerard [Biard]

I spoke on a panel with you in November last year at the International Feminist and Secular Network in Paris.

I am writing to express my outrage at the cold-blooded murder of freethinkers at Charlie Hebdo today and to give my unequivocal support.

Freedom of expression and the criticism of religion and Islam are basic rights. Clearly, free expression without the right to criticise religion is meaningless. Throughout history, criticism of religion (that which is deemed sacred or taboo) has been intrinsic to human progress.

In the era of ISIS and the religious-Right, this criticism is a historical necessity and needed more than ever.

The Islamists who killed today said they were “avenging” Islam’s prophet but Mohammed cartoons are merely an excuse. The aim of such acts of terrorism – whether in Paris or Afghanistan – are to defend their theocratic and inhuman values. They must know that we too will defend our human values – secularism, equality, citizenship, the right to religion and to be free from religion, the right to criticise and mock religion… which are not “western” values but universal ones.

Today’s killers are part of the same movement that massacres schoolchildren in Peshawar, throws acid in the faces of “improperly veiled” women in Iran and crucifies secularists in Kobane. They need no excuses to commit murder and mayhem.

The battle to commemorate the lives lost today is an ongoing one. It’s a battle between secularists versus theocrats everywhere. And it is a fight that we have to win. No ifs or buts.

In solidarity

Maryam Namazie

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Hommage à Charlie Hebdo

Nous sommes très émus et avons évidemment une pensée pour les familles des victimes, les journalistes de Charlie, et pour toutes les victimes de  ce  carnage.

Plusieurs journalistes de Charlie aujourd’hui assassinés, dont Charb, Cabu, Tignous, ou Wolinski, ont contribué à différentes éditions du Salon du Livre Anarchiste de Merlieux ou de sa Fête du Livre en participant à des débats ou en dessinant avec gentillesse et grand talent plusieurs affiches.

Nous gardons dans nos pensées et dans nos coeurs leur amitié et leur engagement.

Pour leur rendre hommage nous nous devons de continuer à nous battre pour la liberté d’expression et pour les combats qu’ils menaient… Ne lâchons rien.

Le Groupe Kropotkine de la Fédération Anarchiste

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Le Parti communiste-ouvrier du Kurdistan condamne la catastrophe de Paris

L’organisation à l’étranger du Parti communiste-ouvrier du Kurdistan condamne vivement l’attaque menée par des terroristes islamistes dans les locaux magazine Charlie Hebdo à Paris, où 12 personnes ont été tuées et sept autre blessées. Le responsable du magazine et quatre dessinateurs font partie des victimes.

Aujourd’hui est un triste jour. Cet acte est un crime contre l’humanité. Le monde a été témoin des décapitations barbares, de la catastrophe des filles yézidis et chrétiennes déplacées par milliers par l’EI en Irak et en Syrie. Nous, le peuple, nous devons et nous pouvons mettre fin au terrorisme islamique.

Cet acte barbare n’est pas seulement dirigé contre la liberté de penser, la liberté d’expression, la liberté de la presse ; c’est une attaque contre l’humanité. Elle vise à semer la terreur. Ceux qui ont fait cela pour répandre le meurtre et la haine doivent être arrêtés. Les meurtriers doivent être menés devant la justice. Conte cette situation, nous devons mettre en avant l’amour de la liberté, du progrès et de l’humanité. Le terrorisme doit être éradiqué en dénonçant toutes les idéologies réactionnaires, qu’elles soient fondées sur la religion, le racisme ou l’ethnicisme, sans respect pour les gens

Notre réponse, ce doit être le combat pour créer une société libre, ouverte, égalitaire, où la dignité et le bien-être soient valorisés. Ce monde doit être repris au mans des terroristes, des poseurs de bombes et des généraux. Nos cœurs vont au peuple de France et nous partageons sa douleur.

Dashty Jamal

(au nom de l’organisation à l’étranger du Parti communiste-ouvrier du Kurdistan)

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Les morts de Charlie étaient des camarades

Les morts, de la tuerie du 7 janvier 2015 ont été assassinés pour leurs idées, pour leur liberté d’expression, contre toutes les religions, pour le droit au blasphème, à l’irrévérence, pour le droit à rire de tout, surtout des religions. Cabu, Charb, Tignous, Wolinski nous leur empruntions souvent leurs dessins… Mais notre dette envers eux est colossale et nous ressentons déjà l’immense manque, la perte, pour toujours, de ces dessinateurs géniaux, dont l’énergie, la créativité permettaient le rire subversif et la dénonciation de l’ordre établi. Nous n’oublions pas non plus les autres, le chroniqueur économique Bernard Maris et la chroniqueuse de Charlie divan Elsa Cayat, le dessinateur Honoré, le correcteur Mustapha Ourrad, l’employé de maintenance Frédéric Boisseau…

Le mouvement syndical s’est construit aussi dans les luttes pour la laïcité, la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de la presse. En ce sens, le combat pour Charlie rejoint et renforce notre combat. Ils ne lâchaient rien… nous ne lâcherons rien. Et il faudra prendre tous ceux qui disent “je suis Charlie” au mot : ça veut dire s’engager, déranger, créer, résister… ça veut dire “Ni dieu, ni maitre”… et à bas toutes les religions !

Et ça ne veut surtout pas dire “union nationale” pour verrouiller encore plus les libertés et continuer à réprimer les opposantEs aux politiques libérales et aux projets inutiles…

Revue L’Émancipation syndicale et pédagogique

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Un siècle après l’assassinat de Jaurès

13 juillet 2014

« Je veux, pour ma petite part, révolutionner les cerveaux. Je veux en chasser le préjugé capitaliste et bourgeois et y installer la claire idée communiste. »

(Jean Jaurès, 1er février 1902 [1])

Le 31 juillet, cela fera exactement un siècle que le socialiste Jean Jaurès a été assassiné par un nationaliste. Ce meurtre politique s’inscrivait en conclusion de violentes campagnes antisocialistes menées par la droite et l’extrême droite.

Le problème des commémorations de cette « année Jaurès », c’est que l’on observe souvent une tendance à ce que l’arbre Jaurès cache la forêt du mouvement ouvrier. Dans cette optique de célébration du « grand homme », on a parfois l’impression que Jaurès était un défenseur isolé de la paix. En réalité, ce sont des centaines de milliers de militants qui luttaient pour la paix en France (en particulier par l’action de la CGT qui était à l’époque syndicaliste-révolutionnaire), et des millions en Europe. Face à la guerre qui venait, les plus avancés de ces militants défendaient un internationalisme radical, dans la lignée de celui de Karl Marx qui écrivait par exemple que « la nationalité du travailleur n’est pas française, anglaise, allemande, elle est le travail, le libre esclavage, le trafic de soi-même. Son gouvernement n’est pas français, anglais, allemand, c’est le capital. L’air qu’il respire chez lui n’est pas l’air français, anglais, allemand, c’est l’air des usines. »[2]

Jaurès, partisan sincère de la paix, était cependant critiqué par d’autres socialistes pour ses concessions. En 1911, Rosa Luxemburg lui reprochait de céder à l’état d’esprit de « politique chauvine » régnant en France [3]. Leurs conceptions de l’internationalisme, de toute évidence, différaient grandement, même s’ils se retrouvaient sur certains sujets – dont la nécessité d’agir pour empêcher la guerre. Pour notre part, nous adhérons à la conception internationaliste qui était celle de Marx et de Luxemburg.

De plus, la « synthèse » jaurésienne aboutissait en fait à une pratique réformiste, même s’il ne rejetait pas toujours la perspective révolutionnaire. Rosa Luxemburg lui reprochait non seulement de renoncer aux principes socialistes, mais par son soutien à des gouvernements bourgeois d’échouer concernant les objectifs immédiats : « la tactique de Jaurès qui voulait atteindre des résultats pratiques en sacrifiant l’attitude d’opposition s’est montrée la moins pratique du monde ». Plus encore, par cette compromission « Jaurès a […] paralysé la seule force vivante qui pouvait défendre en France la République et la démocratie », à savoir « le prolétariat socialiste »[4].

En dépit de ces divergences, voir le gouvernement actuel – qui mène une politique économique de droite en poursuivant l’austérité – se revendiquer de Jaurès tient de l’escroquerie. Le parti de Jaurès avant l’unification de 1905, le Parti socialiste français, avait parmi ses revendications immédiates la « gratuité de la justice », la « suppression du Sénat et de la présidence de la République »[5], etc. Si Hollande et Valls voulaient vraiment rendre hommage à Jaurès, mieux vaudrait appliquer ces mesures plutôt que d’aligner lieux communs et contre-sens historiques lors d’inaugurations où les petits fours prennent plus de place que les ouvriers.

Lorsque Jaurès parlait du Parti socialiste, c’était pour évoquer « son rouge drapeau communiste et internationaliste » [6]. Le parti qui usurpe aujourd’hui ce nom est opposé à cette conception : il fait la politique du patronat et non des travailleurs, et l’actuel Premier ministre Manuel Valls a poussé l’antisocialisme jusqu’à tenir des propos xénophobes (à l’encontre des Roms).

Un siècle après l’assassinat de Jaurès, un siècle après la barbarie de la Première Guerre mondiale qui fit des millions de morts, aujourd’hui en 2014 nous considérons qu’un internationalisme conséquent et constant est plus que jamais indispensable. La lutte pour le socialisme passe nécessairement par la lutte contre tous les nationalismes, contre toutes les xénophobies, contre tous les gouvernements qui mettent en place des politiques d’austérité, pour en finir avec toutes les formes d’exploitation et d’aliénation. Comme l’écrivait Jaurès, c’est « par l’abolition du capitalisme et l’avènement du socialisme que l’humanité s’accomplira »[7].

Critique sociale

jaures

Notes:


[1] Jean Jaurès, Œuvres tome 8, Fayard, 2013, p. 255.
[2] Karl Marx, Notes critiques sur Friedrich List, reproduit dans Critique Sociale n° 29, janvier 2014.
[3] Rosa Luxemburg, Œuvres tome 3, Smolny & Agone, 2013, p. 270.
[4] Luxemburg, Œuvres tome 3, p. 125 et 130 (article de 1901).
[5] Compte-rendu du congrès du PSF du 2 au 4 mars 1902 à Tours, pp. 376-377.
[6] Jaurès, Œuvres tome 8, p. 29. Précisons pour éviter tout malentendu que Jaurès emploie le mot « communiste » dans son sens réel, et évidemment pas pour se référer aux dictatures capitalistes d’Etat mises en place par des léninistes.
[7] Jaurès, Œuvres tome 8, Fayard, 2013, p. 433.

Sortir des ruines politiciennes nationales, construire une alternative internationaliste

28 mai 2014

Suite au résultat des élections européennes, le journal Le Monde daté du 27 mai titre : « Le triomphe du Front national dévaste le paysage politique français ». En réalité, c’est le contraire : le paysage politique dévasté permet le triomphe du FN.

Ces élections sont d’abord marquées par une très forte abstention : 57 %, ce qui est la moyenne européenne. L’abstention massive est encore plus nette chez les jeunes et dans les classes populaires. Mais il ne faut pas sous-estimer pour autant l’importance de la victoire du FN, qui arrive nettement en tête avec près d’un quart des suffrages exprimés. De plus, le deuxième tour des municipales en mars a montré que le FN a des réserves de voix chez certains abstentionnistes.

On explique généralement ce résultat par le rejet de l’Union européenne, l’effet délétère de la crise, de l’austérité, du chômage de masse qui dure. C’est en grande partie vrai mais cela ne suffit pas à expliquer le poids de l’extrême droite en France : dans des pays bien plus durement touchés par la crise, au Portugal, en Espagne et en Grèce, il y a au contraire de bons résultats de la « gauche de la gauche ». L’extrême droite, elle, est surtout très forte au Royaume-Uni, au Danemark, en Autriche et en France, c’est-à-dire dans des pays moins touchés par cette crise. Dans d’autres pays, comme en Italie et en Allemagne, les partis au pouvoir sont confortés : la situation est donc très variable.

En France, les faits majeurs sont l’abstention, l’effondrement du PS et de ses alliés potentiels, et surtout le vote FN. Moins de 6 % des électeurs inscrits se sont déplacés pour voter pour le parti au pouvoir, ce qui montre l’ampleur du désaveu – désaveu bien légitime puisque, depuis deux ans, le PS mène une politique économique identique à celle de la droite.

Le vote FN est plus qu’un vote sanction du pouvoir en place : il vient du désespoir, de la désillusion à l’égard de tous les « grands » partis, du repli sur soi qui affecte la société. Il n’y a quasiment pas eu de campagne électorale : c’est aussi une conséquence de la dépolitisation. A part l’extrême droite, toutes les listes subissent une défaite. Certaines petites villes mettent pour la première fois le FN en tête. Le vote FN est aussi important dans des zones résidentielles péri-urbaines où il y a peu de lien social et quasiment pas d’activité politique : les « liens » avec l’extérieur sont souvent la télé et le travail où le climat est tendu. Il y a une peur, un sentiment de déclassement, le tout dans une situation de fort individualisme. Par ailleurs le racisme progresse dans la société [1], ce qui est encouragé de fait par les déclarations d’hommes et de femmes politiques de droite comme de gauche, dont l’actuel Premier ministre Manuel Valls. Mais le résultat du FN, ce n’est pas que le nationalisme et la xénophobie, c’est la conséquence de la ruine du système politique dit représentatif actuel. On est bien dans « l’impasse » dont nous parlions au moment de la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre [2]. Nous devons partir du constat de ces ruines pour reconstruire tout autrement, sur d’autres bases, pour d’autres buts.

Il faut sortir du cercle vicieux : repli → aggravation de la situation → hausse du vote FN → etc. Le paradoxe est évidemment que le FN aggraverait dramatiquement et à tous les niveaux les problèmes qui le font monter. Le danger est bien réel. Tout manque de clarté, toute concession au nationalisme participent du repli, et donc contribuent à nous maintenir dans l’impasse.

Quelle est la situation à gauche du PS ? Le Front de gauche fait un résultat très faible vu le contexte. Les propos de certains de ses porte-parole, à commencer par Mélenchon, tournaient le dos à l’internationalisme. Incapable de s’opposer au PS sur des bases véritablement progressistes et internationalistes, de combattre le repli nationaliste – qu’il a pu au contraire favoriser avec son argumentaire souverainiste prétendument « de gauche » –, le FdG montre que le PCF en ruines allié au tribun égocentrique Mélenchon ne peut pas produire un nouvel espoir.

Le NPA subit pleinement le fait d’avoir fait des économies en n’envoyant pas sa profession de foi – ce qui était manifestement suicidaire électoralement – et en faisant l’impasse sur certaines circonscriptions. Lutte ouvrière maintient un résultat faible et assez constant désormais. L’extrême gauche n’apparaît pas comme proposant une solution crédible et concrète, elle paie sa division, ainsi que son incapacité à sortir de l’impasse léniniste, mélange d’électoralisme sans but lisible et d’incapacité à accompagner les mouvements réels sans vouloir les manipuler, s’empêchant d’adopter une orientation marxiste révolutionnaire capable de tirer toutes les leçons de l’histoire du terrible XXe siècle.

Plus fondamentalement, la rareté des luttes et surtout la quasi-absence de luttes victorieuses depuis des années, pèse très lourdement. Commençons donc par nous unir sur la base de revendications communes, contre l’austérité que nous subissons au niveau européen et mondial, contre les inégalités qui s’accroissent, contre la précarité, pour la solidarité entre tous les exploité-e-s, pour que nous puissions tous vivre dignement et librement. La lutte auto-organisée venant de la base, créant une nouvelle démocratie sociale internationaliste, peut inverser la tendance.

La société humaine est internationale. Seule une union mondiale des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et de tous ceux qui sont dominés dans ce système capitaliste d’exploitation et d’aliénation, peut créer une issue à la situation présente. Les solutions à la crise économique comme à la crise écologique ne pourront être ni capitalistes, ni nationales : elles nécessitent une lutte mondiale de la classe sociale majoritaire, contre toutes les oppressions.

Cela commence par la construction de mobilisations contre les reculs, par la création de comités unitaires locaux contre l’austérité qui peuvent être des lieux de débat et de décision pour en finir avec la régression sociale. De nouvelles luttes victorieuses ne pourront pas être dirigées par des partis et des syndicats, mais démocratiquement par tous ceux qui y prennent part. La lutte politique, ce n’est pas juste une affaire de partis et d’élections, c’est tous les jours, dans la vie réelle, contre les licenciements, le prix des loyers, etc. Prenons nos affaires en mains, luttons par nous-mêmes, sortons de l’impasse !

Critique sociale

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Notes:
[1] « Les Français sont de moins en moins tolérants », Le Monde, 1er avril 2014. Voir : ldh-toulon.net/rapport-2013-de-la-cncdh-musulmans.html
[2] « Manuel Valls : l’impasse de droite », 2 avril 2014.