Archive for the ‘Livres et DVD’ Category

La Fabrique du Musulman

28 mars 2017

Nedjib Sidi Moussa, La Fabrique du Musulman (Libertalia, 2017)

Il y a un peu plus de vingt ans, la presse de la L.C.R., ancêtre du N.P.A., pouvait écrire que le développement du port du voile était le résultat d’une campagne réactionnaire des islamistes [1]. C’était une autre époque. Comme Vaneigem, nous étions, nous sommes encore beaucoup à penser que l’islam, dans toutes ses formes, est un « fantoche viril » utilisé pour « exorciser la menace que la femme en voie d’émancipation fait planer » mais pour ceux de ma génération, qui a connu les quartiers populaires sans aucun voile à l’horizon, ce fantoche viril ne semblait pas (dans les années 80-90) bien plus terrible que celui, catholique, qui planait sur certaines copines d’origine portugaise. On a vu monter un courant politique qui était inexistant, ou très marginal, en tout cas non perçu. Pendant ce temps, favorisant cette progression, la ségrégation sociale s’installait durablement, rendant l’intégration difficile, voire impossible.

Tout particulièrement depuis le débat sur le voile à l’école en 2004 et les émeutes de 2005, et de nouveau avec les attentats en 2015, on a assisté à des divisions, des déchirements durables en milieu militant, à des instrumentalisations diverses, à des glissements terminologiques. Les immigrés, majoritairement exclus et ghettoïsés dans une société de chômage de masse où le racisme et le contrôle au faciès perdurent, sont devenus les « musulmans », l’anticléricalisme est devenu « islamophobe » et « charlie-compatible », l’autonomie des luttes anti-racistes est devenue affaire « post-coloniale », voire « non-mixte », de « racisé-e-s ». Les « beurs » (et d’autres) se sont retrouvés assignés à une identité communautaire, confessionnalisée, avec des prétendu-e-s porte-paroles autoproclamé-e-s multipliant provocations et injonctions cherchant à les éloigner de tout engagement progressiste.

Nedjib Sidi Moussa revient sur cette évolution, et dresse un historique précis et sobre de dérives et de renoncements dans l’extrême gauche depuis 2005. J’en étais presque arrivé à croire que sur certains sujets, sur certaines façons d’aborder les problèmes, nous vivions une époque d’incompréhension générationnelle, mais de lire un auteur qui a 18 ans de moins que moi ça fait du bien. L’auteur est fils de messalistes, né dans le Nord, à Valenciennes. Il se positionne toujours d’un point de vue anti-raciste, de gauche révolutionnaire, citant plusieurs fois Debord. Pour ceux qui, dans la mouvance indigéniste, en sont arrivés à délégitimer ce que disent et écrivent les « Blancs », c’est donc une critique de l’intérieur de l’extrême gauche et de l’intérieur de la deuxième génération issue de l’immigration algérienne, une génération prise entre le marteau et l’enclume d’une « situation intenable faite aux progressistes ou révolutionnaires originaires de pays dits arabo-musulmans qui, d’un côté, subissent le racisme de plein fouet et qui, de l’autre, font les frais d’un certain  » orientalisme à rebours « ».

Une question qu’on se pose à la lecture de ce petit essai, c’est, au-delà ou en deça des errements islamogauchistes dues à une poignée d’intellectuel-le-s: combien pèsent vraiment des gens comme Houria Bouteldja ou Dieudonné dans les quartiers ? Combien pèse l’anti-impérialisme réactionnaire pour de vrai ? Est-ce plus ou moins une tendance de masse ou est-ce juste une nébuleuse de surface qu’on zoome artificiellement à cause de son impact sur une partie de l’extrême gauche universitaire ?

Les choses progressent, des paroles s’expriment et se précisent. Par exemples, en février 2016, Bernard G., de la CNT-SO, livrait un excellent interview sur Radio libertaire à propos du Parti des indigènes de la République [2]; ou en février 2017 le mensuel théorique de Lutte ouvrière abordait sans concession Le piège de la « lutte contre l’islamophobie » [3]. Pour toutes et tous, et tout particulièrement pour les plus jeunes et ceux qui n’ont pas suivi de près ces questions ces dernières années, voici un livre de poche (8 euros seulement) tout à fait utile. Pour l’auteur, « le marasme actuel trouve son origine dans les impasses théoriques et stratégiques de la gauche social-démocrate qui ne peut plus proposer de véritables réformes et de la gauche révolutionnaire qui ne veut plus assumer la perspective de la révolution. Mais la théorie révolutionnaire est moins à réinventer qu’à redécouvrir ».

Stéphane J.

Notes:

[1] L’intégrisme islamiste, une menace mortelle pour les femmes (Inprecor N°389, mars 1995)

[2] http://sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/02-02-2016.mp3

[3] http://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/01/22/le-piege-de-la-lutte-contre-lislamophobie_75202.html

La Trompette du Jugement dernier (Bauer & Marx)

25 octobre 2016

Les lecteurs de notre site connaissent Nicolas Dessaux, président de Solidarité Irak et militant d’Initiative communiste-ouvrière que nous avons plusieurs fois interviewé. Il publie une étude, De Marx comme trompettiste, en seconde partie d’une nouvelle traduction de La Trompette du Jugement dernier, texte de 1841 longtemps attribué au seul Bruno Bauer et pour lequel N. Dessaux démontre la participation de Karl Marx. Avant d’en faire prochainement une note de lecture, une seule réserve semble évidente sur ce livre utile: la très courte présentation de l’éditeur est tout à fait insuffisante pour contextualiser le livre, il aurait été probablement plus judicieux de commencer par l’étude de N. Dessaux pour continuer en seconde partie, et non en première, par La trompette… On conseillera donc aux lecteurs, surtout aux néophytes et à celles et ceux qui connaissent mal le jeune Marx, de commencer par la deuxième partie.

La Trompette du Jugement dernier
Suivi de De Marx comme trompettiste

Karl Marx, Bruno Bauer, Nicolas Dessaux

Traduit de l’allemand par Henri-Alexis Baatsch

400 pages | 13 x 20 cm | 2016
22 euros | isbn 978-23730901-4-7

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Deux livres sur les « Amis de Durruti »

26 juillet 2016

80ème anniversaire de la Révolution espagnole

Republications estivales

Note parue dans La Révolution prolétarienne N°785 (juin 2014)

Groupe dissident de la CNT espagnole très critique sur la participation de celle-ci au gouvernement républicain, le groupement des «Amis de Durruti», un des rares groupes restés aux côtés des ouvriers dans les Journées de mai 1937 à Barcelone, fait l’objet de publications récentes.

Los Amigos de Durruti : Historia y antología de textos

Agustín Guillamón a signé un nouveau livre en espagnol : Los Amigos de Durruti: Historia y antología de textos, co-édité à Barcelone par Dskntrl-ed! et Aldarull (novembre 2013, 333 pages, ISBN: 978-84-941941-6-0). Dès les premières lignes il annonce clairement : « Ce livre traite de la théorie révolutionnaire. Le regroupement des Amis de Durruti constituait une sérieuse opposition aux comités dirigeants de la CNT et de la FAI ». Cette étude sur 144 pages des Amis de Durruti est suivie d’annexes (plus de la moitié du livre): correspondance de Jaime Balius, textes variés des Amis de Durruti, et la brochure Hacia una nueva Revolución.
Le livre ne coûte que 9 euros en Espagne.

Vers une nouvelle révolution

Le texte de Jaime Balius (Amis de Durruti, 1937-38) était disponible sur internet en anglais et en espagnol. Il a été enfin traduit en français et publié aux Éditions du Coquelicot de Toulouse. C’est d’ailleurs à Toulouse que Balius est mort en 1980.
N° 6 des cahiers du coquelicot (mai 2014). 10 € + 2 € de frais de port auprès de : Le Coquelicot / BP 74078 / 31029 Toulouse cedex (chèques à l’ordre de : Le Coquelicot).

De quoi revisiter la Révolution espagnole.

S.J.

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De « La lucha por Barcelona » à « El elogio del trabajo »: L’anticapitalisme des anarchistes et anarcho-syndicalistes espagnols des années trente

24 juillet 2016

80ème anniversaire de la Révolution espagnole

Texte de Myrtille, des Giménologues (site http://gimenologues.org), tout récemment republié en brochure par La Sociale de Montréal.

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Voir aussi:

Biografías del 36

24 juillet 2016

80ème anniversaire de la Révolution espagnole

Nouveau livre d’Agustín Guillamón (en espagnol):

Biografías del 36 es una recopilación de biografías. No es, pues, un diccionario biográfico de carácter exhaustivo. El requisito exigido a cada entrada biográfica era muy sencillo: que el biografiado hubiese estado en Barcelona durante el periodo de la Guerra civil.

El libro, editado por Ediciones Descontrol, responde muy bien a su subtítulo: “revolucionarios, extranjeros, judíos, anarquistas, trotskistas, bordiguistas, olvidados, internacionalistas, disidentes, exiliados, apátridas y otros malditos de la Guerra de España”, y ofrece una nueva visión sobre las personas concretas y reales que decidieron venir a España para luchar contra el fascismo y participar en la revolución en curso.

Es éste un libro heterogéneo, tanto por la disparidad de las biografías que presenta, procedentes de ideologías, experiencias, compromisos, orígenes y naturalezas tan variadas, como por la multiplicidad de los autores que intervienen.

El estallido de la guerra civil española en julio de 1936 abrió a los militantes revolucionarios españoles y del resto del mundo, pero muy especialmente a los exiliados antifascistas refugiados en Francia, Bélgica o España, la posibilidad de salir de la inactividad forzosa en la que se veían reducidos, para participar en la que se anunciaba como una profunda revolución social.

Y ése es el motivo principal que da homogeneidad al libro y unifica a las distintas biografías personales: la Barcelona revolucionaria de 1936-1937 permitió que el combate individual se fundiese en una guerra de clases que ofrecía la posibilidad de luchar contra el fascismo y transformar el mundo.

Lista de biografías:

Blackwell, Russell

Candoli, Turiddu

Davoust, George

De Leone, Mario

Di Bartolomeo, Nicola

Fábregas, Joan Pau

Feingold, Benjamin Jacob

Fernández, Jaime

Freund, Hans David

Gervasini, Virginia

Götze, Ferdinand

Grunfeld, José

Gudell, Martín

Kjelsø, Aage

Krehm, William

Landau, Kurt

Lecci, Aldo

Lewin, Martha y Arthur

Low, Mary y Breá, Juan

Maguid, Jacobo

Malaquais, Jean

Martín, Antonio

Masó, Albert

Michaelis, Rudolf y Margarethe

Munis

Narwicz, Leon

Orr, Charles y Lois

Ortiz, Antonio

Pace, Renato

Péret, Benjamin

Pérez, Manuel

Prudhommeaux, André

Radowitzky, Simón

Rebull, Josep

Rous, Jean

Russo, Enrico

Sanz, Ricardo

Schröder, Fred

Sedran, Domenico

Weisbord, Albert

Wolf, Erwin

Zecchini, Bruno

 

 

The Anarchist Collectives: Workers’ Self-Management in the Spanish Revolution, 1936–1939

16 juillet 2016

80ème anniversaire de la Révolution espagnole

Livre en anglais édité en 1974, compilant notamment des textes d’Augustin Souchy et Gaston Leval, téléchargeable au format pdf (164 pages):

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Preface

The Spanish Social Revolution has been long neglected in English language works. Its importance as a revolutionary event and model, and as a concrete example of workers’ self-management by the people is just not recognized. My purpose in this collection is to provide an introduction to this unique experience. In my first chapter and friend Bookchin’s introductory essay, a general overview and context is presented. Most important, of course, is that this was a real experience for the people who took part. Through their words and deeds and the observations of the authors used in this collection, it is hoped that the reader will gain a meaningful understanding of the aims and organization of the anarchist collectives.

The material has been divided into two main sections. The first provides essential background information: the nature of the Spanish Revolution, the collectivist tradition, the development of the libertarian labor movement in Spain, and the historical events leading up to and then culminating in the destruction of the collectives.

The second, and main, section deals with the actual social revolution–the overall characteristics of agrarian collectivization and industrial socialization. It begins with a discussion about economic coordination, the place and nature of money in the collectives, and includes statistics on the number of collectives. It then deals with actual descriptions of life in the collectives, first under industrial socialization, and then in the rural collectives: how the new institutions were established, how they functioned, how production and distribution were handled; about coordination, exchange, relations between collectives, and between collectivized and non-collectivized areas. The book ends with a short evaluation of the anarchist collectives with some comments on their relevance and lessons.

The glossary, bibliography and appendices add to the overall usefulness of this volume. The photographs reproduced within begin to correct the visual bias that has left a plethora of war scenes but very little reflecting the constructive aspects of the Spanish Social Revolution. Most of the pictures are from contemporary sources held by the editor. I would like to thank Victor Berch, Special Collections Librarian at Brandeis University for permission to use the pictures on pages 104, 141, and 142.

The observers speaking in these selections visited the same regions and often the same collectives at different times within the short span of approximately two years. Since each observer stressed what seemed most important to him, their accounts supplement each other, thus providing a more balanced view of the new way of life than any single observer could have done. Under these circumstances, though, some repetition is inevitable. The translations I have made are strict to the meaning, but are not literal, for I have also been concerned with giving the spirit of the words, and with reducing repetitions.

Finally I would like to express my thanks to all the farsighted and brave people whose work I have used in putting together this collection. (A short biography on each is included in the bibliography.) Their efforts have immortalized a social experience of momentous importance. My object has been to present them to the English reader within a context that will be useful.

Acknowledgements

It is with the deepest appreciation that I acknowledge the contributions to the present work of the following persons:

My friend, Chuck Hamilton, for his tireless technical and editorial labors in turning a poorly typed manuscript into the finished book.

To my friend, Dr. Paul Avrich, for reading the manuscript and making valuable suggestions.

To my comrade, Murray Bookchin, who first encouraged me to undertake this project.

Last, but by no means least, my wife Esther who scrupulously examined the manuscript as it was being written and detected many errors.

Sam Dolgoff
New York City
January, 1974

“The first bus built in the workshops of the collectivized General Autobus Company.”

Une brève histoire de l’humanité

6 mai 2016

Note de lecture parue dans La Révolution prolétarienne N°792 (mars 2016)

Yuval Noah Harari, Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, Albin Michel, 508p.

Ce livre pose surtout une thèse somme toute pas très originale : ce qui fait la spécificité de notre espèce, c’est sa capacité à coopérer de façon souple et large en s’appuyant sur des mythes et « réalités imaginaires » : la monnaie, les États, les religions. Le style est intéressant, peut-être un peu révélateur de ce qui fait un succès de librairie aujourd’hui : une lecture facile, limpide, mais un fonds relativement superficiel. On y accorde, à de nombreuses reprises, une préoccupation au sort des animaux, aux massacres d’animaux sauvages et aux souffrances des animaux d’élevage. Les exemples sont illustratifs, parfois un peu trop anachroniques et répétitifs. D’emblée, des parties comme la préhistoire et l’ethnologie comparée, avec les thématiques qu’elles peuvent porter (les fondements de la famille, des hiérarchies, des inégalités…), là où l’on peut mesurer la puissance spéculative d’une thèse au lieu d’une simple interprétation sur le très long terme du sens de l’Histoire, sont très faibles, parfois juste un « on ne sait pas » ignorant par exemple les travaux d’Alain Testart. Dans les passages sur la monnaie, on invente une Union soviétique qui aurait pratiqué le troc à grande échelle (alors qu’elle pratiquait elle aussi une économie monétaire). L’insistance à placer les droits de l’homme dans les mythes, réalités imaginaires ou subjectivités accidentelles de l’histoire, et la presque complaisance envers le nazisme, défini comme un « humanisme » évolutionniste cherchant à faire des surhommes avec les connaissances de son époque, le racisme n’ayant été (à l’en croire) invalidé par la science qu’après 1945, placent certaines de ses provocations sur un terrain glissant. Ni Spartacus ni Voltaire n’ont de place dans cette histoire. Si, à le suivre, l’ensemble du monde des idées n’est que ce qu’on aurait appelé dans les années 1970 une superstructure de l’appareil dominant, l’effort collectif des opprimés contre l’injustice depuis les toutes premières grèves de l’Égypte antique ne relève pourtant pas dudit appareil dominant mais de la masse dominée. Mais non, la thèse est trop lisse pour être relativisée par une histoire de lutte des classes.

Le comble arrive lorsqu’il s’agit de philosopher sur le bonheur. Cela vaut son pesant de cacahuètes : « Il n’y a qu’un seul développement historique qui ait une réelle importance. Aujourd’hui que nous comprenons enfin que les clés du bonheur sont entre les mains de notre système biochimique, nous pouvons cesser de perdre notre temps en combats politiques et réformes sociales, en putschs et en idéologies, pour nous focaliser plutôt sur la seule chose qui puisse nous rendre vraiment heureux : manipuler notre biochimie. Si nous investissons des milliards pour comprendre la biochimie du cerveau et mettre au point des traitements appropriés, nous pouvons rendre les gens bien plus heureux que jamais, sans nécessité d’une quelconque révolution. Le Prozac, par exemple, ne change pas le régime mais, en relevant le niveau de sérotonine, il arrache les gens à leur dépression. »

Le livre, par sa facilité de lecture et son vernis iconoclaste, a donc plu à un large public. Une amie m’a dit que le Prozac la faisait vomir. La conception façon Aldous Huxley d’un super-Prozac comme la fin de l’histoire… Non merci.

S.J.

breve

Marx : Life and Works (Rubel, 1965)

19 mars 2016

Livre en anglais de Maximilien Rubel (140 pages) téléchargeable au format pdf:

Rubel -Marx Life and Works(1965)-1

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Mattick: une vie communiste

20 janvier 2016

Traduction par nos soins d’un article de Felix Baum paru dans The Brooklyn Rail (déc. 2015/janvier 2016). Quelques courts extraits de la biographie de Mattick par Roth seront traduits en français dans le prochain numéro de Critique sociale.

Le mot « communisme », qu’on avait cru discrédité à jamais par l’expérience en Russie et dans ses pays satellites au XX° siècle, semble bénéficier d’un retour en grâce ces dernières années avec le retour des crises économiques et des luttes sociales à travers le monde. Des conférences sur « l’idée du communisme » attirent du monde, des livres d’auteurs se réclamant communistes comme Alain Badiou et Slavoj Žižek trouvent des lecteurs et l’attention des médias. Mais le plus souvent ce retour (limité) ne semble pas poussé par un véritable désir de retrouver le contenu émancipateur du mot comme dans les écrits de Karl Marx et les mouvements du XIX° siècle. Les maîtres-penseurs (*) Badiou et Žižek préfèrent se poser en enfants terribles (*), défendant le maoïsme et flirtant avec la terreur bolchevique, réaffirmant précisément une tradition avec laquelle le « communisme » du XXI° siècle devrait rompre.

Dans sa nouvelle biographie de Paul Mattick, travailleur d’origine allemande émigré aux États-Unis en 1926 qui devint l’un des plus important critiques radicaux de son temps, Gary Roth parle d’un courant largement oublié du XX° siècle qui a dès le début rompu avec les caricatures étatistes du communisme dans lesquelles sont encore les intellectuels de gauche médiatiques. [Gary Roth, Marxism in a Lost Century. A Biography of Paul Mattick (Brill, 2015).] Notant que cette histoire relève d’ « époques révolues où une classe ouvrière radicalisée constituait encore un espoir pour l’avenir », Roth évite la mélancolie et la nostalgie, cherchant à justifier son travail dans une reconfiguration récente « de la population mondiale en une vaste classe ouvrière s’étendant aux classes moyennes dans les pays industrialisés et aux travailleurs agricoles sous-employés partout ailleurs ». Tout en étant loin de constituer une offensive soutenue et cohérente contre les conditions existantes, quelques luttes récentes de cette classe, notamment les “square movements” qui se sont propagés de l’Afrique du Nord vers l’Europe et Istanbul, montrent une auto-organisation horizontale, sans dirigeants, une action de masse directe contre les forces d’État, un intérêt pour les occupations qui relève bien moins de la tradition léniniste que ne le dit Roth mais plus du communisme de conseil, sans en exagérer pour autant les ressemblances. [1]

Né en 1904 dans une famille de la classe ouvrière de Berlin, Mattick chemine vers ce courant pendant les bouleversements de la fin de la Première Guerre mondiale, quand il était encore un adolescent. Alors que le rôle infâme du Parti social-démocrate allemand (SPD) dans cette période (notamment son implication dans l’assassinat de ses anciens membres Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht par les Corps francs) est largement reconnu, même par les historiens libéraux, le radicalisme ouvrier de ces années-là est resté une affaire de spécialistes. Même en Allemagne, beaucoup à gauche ne savent quasiment rien du KAPD, le Parti communiste-ouvrier qui rompit avec le Parti communiste nouvellement fondé (KPD) quand celui-ci abandonna son abstentionnisme initial et son boycott des syndicats traditionnels. Surfant sur une vague d’agitation prolétarienne, ce parti a été capable d’entraîner vers lui une majorité de militants du KPD, ce dernier devenant une organisation croupion transformée lentement mais sûrement en annexe locale des bolcheviks victorieux en Russie. Bien que fascinés au début, non seulement par l’Octobre rouge mais aussi par le rôle qui jouèrent les bolcheviks, les communistes de conseils prirent bientôt une distance critique vis-à-vis de l’U.R.S.S., y voyant l’établissement d’un capitalisme d’État sous contrôle strict du parti unique. Opposant l’activité auto-dirigée des travailleurs à la dictature du parti, ils ont compris que les conseils qui étaient apparus en Russie en 1905 étaient non seulement une forme de lutte sous le capitalisme, mais aussi le germe d’une nouvelle société sans classe sous contrôle direct des producteurs, et ont fait de l’abolition du salariat leur cri de ralliement.

C’étaient ces perspectives de base, forgées dans le feu de luttes qui étaient parfois à la limite de la guerre civile, qui ont façonné les activités et les écrits de Mattick jusqu’à la fin de sa vie. En suivant Mattick dans les grèves d’usine, dans ses activités comme militant de l’organisation de jeunesse du KAPD et dans sa vie personnelle, Roth dresse un portrait coloré du milieu entourant le KAPD et les Unionen qui ont compté plusieurs centaines de milliers de membres au début des années 20, ainsi que des cercles d’intellectuels d’avant-garde qui gravitaient autour de revues comme Die Aktion.

Avec le fléchissement des luttes et le déclin rapide du KAPD, Mattick décida de partir aux États-Unis en 1926. Il était ici, à Chicago, pour le second évènement majeur de sa vie militante. Tandis qu’il continue d’écrire pour la presse radicale en Allemagne et, lisant, se forme en autodidacte sur les questions théoriques pour devenir bientôt un auteur exceptionnel, il se lie aux I.W.W. (Travailleurs industriels du monde) et à la communauté socialiste allemande émigrée. Là encore, Roth redonne vie à un milieu d’une époque révolue, celui de travailleurs politisés et de leurs organisations secouées de querelles et scissions constantes. A partir de 1932, Mattick ayant perdu son travail à l’usine Western Electrics, a participé au mouvement des chômeurs à Chicago. Il a décrit plus tard ces années comme les meilleures de sa vie, celles où il pouvait militer à plein temps. Il est intéressant de lire la description que donne Roth de ce mouvement, qui contraste avec la tranquillité sociale aux Etats-Unis lors de la dernière crise. Bien que moindre que l’effervescence sociale en Europe après la Première guerre mondiale, le mouvement des chômeurs radicaux auquel a participé Mattick se caractérisa par des formes d’action directe qui combinaient l’entraide matérielle et l’activisme politique:

The unemployed began to use abandoned storefronts for their own purposes. Locks were broken, and the stores became meeting places, with chairs taken from deserted movie houses. Mattick estimated that there were some fifty or sixty such locales in Chicago [ … ]. Mimeograph machines were installed for the production of leaflets and movement literature. Paper was contributed by those still employed, who stole office supplies from their workplaces. [ … ] Gas lines were tapped without setting off the meters [ … ] Makeshift kitchens were set up in the storefronts and meals cooked around the clock.

Cependant, ces tendances les plus radicales furent déjouées par les organisations de chômeurs des partis de gauche plus grands, tandis que le développement de l’aide sociale et de l’emploi public dans l’administration Roosevelt amenait une éclipse finale du mouvement d’ensemble.

Avec un groupe de communistes de conseils à Chicago, Mattick a commencé à publier la revue International Council Correspondence (ICC) en 1934, rebaptisée plus tard Living Marxism et enfin New Essays. Avec Karl Korsch (un ancien membre du SPD et du KPD, celui aurait enseigné le marxisme à Bertolt Brecht) Mattick en a été le principal contributeur en textes. Mettant l’accent sur les développements contemporains comme la Grande Dépression et le New Deal, la guerre civile espagnole et la montée du fascisme et du nazisme en Europe et débattant de questions théoriques plus générales, ICC est un excellent exemple de critique sociale indépendante sans affiliations universitaires ou à un parti , produite par quelques intellectuels précaires et des théoriciens autodidactes comme Mattick. Avec de nombreuses traductions de textes des radicaux européens, ICC a également servi de pont entre l’Amérique et le vieux continent à une époque de rivalité impérialiste accrue. [2]

Pendant les mêmes années, Mattick a eu des relations plutôt difficiles avec l’Institut de Francfort (Frankfurt Institute of Social Research) en exil. L’Institut, surtout connu par ses plus célèbres membres Max Horkheimer, Theodor Adorno et Herbert Marcuse, lui a commandé une analyse détaillée du chômage et du mouvement des chômeurs aux États-Unis mais a répugné à la publier, sans doute parce qu’elle exposait clairement une orientation marxiste que l’Institut se pressait désormais de minimiser afin de ne pas compromettre son statut aux États-Unis. Cette analyse lucide fut publiée pour la première fois en 1969 par un petit éditeur allemand et ne fut jamais traduite en anglais. Les relations entre Mattick et l’Institut de Francfort durant les années de guerre font partie des sujets pour lesquels une étude plus approfondie que celle qui peut l’être dans le cadre d’une biographie serait intéressante. Alors que certains membres de l’Institut commencèrent à travailler pour l’Office of Strategic Services, apportant des analyses du fascisme nazi à l’appareil d’État américain et contribuant donc à l’effort de guerre de celui-ci, Mattick appartenait à une petite minorité de radicaux qui rejetaient les deux bords, pour la Seconde guerre mondiale comme pour la première.

D’un côté, cette position semble logique, comme le rappelle Roth:

Under the banner of anti-fascism, the Communist Party embraced Roosevelt and the New Deal, egged forward the country’s economic and military policies, and found a new audience among intellectuals and professionals for whom Russia offered a means to appreciate the accomplishments of state planning. The more patriotic the party became, the more members it attracted.

D’un autre cependant, elle semble s’être basée sur des notions problématiques, comme celle d’une tendance générale vers l’État autoritaire, une incompatibilité générale du capitalisme et de la démocratie, conduisant à l’idée que l’issue de la guerre ne ferait aucune différence. « Si Hitler gagne, il est vrai (écrit Mattick dans le numéro de l’hiver 1941 de Living Marxism) qu’il n’y aura ni paix, ni socialisme, ni civilisation, rien que la préparation de plus grandes batailles à venir, pour une destruction à venir. Mais s’il y a victoire des « démocraties », la situation ne sera pas différente ». Cela s’étendra à une équation entre le système des camps de concentration nazis et la politiques des Alliés en Allemagne occupée: impressionné par des rapports d’amis et de la famille en Allemagne sur la pénurie dramatique de nourriture (et se référant au camp de Bergen-Belsen), Mattick écrit dans une lettre que si les nazis ont privé de nourriture une minorité à Bergen, les Alliés ont mis presque toute la population à ce régime.

En même temps, il faut le dire, la discussion sur la guerre et le fascisme dans Living Marxism et New Essays était très complexe; la revue a été l’un des rares endroits où des esprits indépendants pouvaient tenter de se confronter à une situation déconcertante et inconnue. Korsch, par exemple, notait que le slogan de la Première guerre mondiale « A bas la guerre impérialiste ! » avait désormais perdu son ancienne force révolutionnaire, quand il correspondait aux tendances des isolationnistes bourgeois, tandis que le slogan « Défaite de son propre pays » était devenu la pratique politique de cette importante fraction de la classe dirigeante de divers pays européens qui préférait la victoire du fascisme à la perte de sa domination. La note un peu triomphaliste par laquelle termine Korsch – ce n’est ni la Grande-Bretagne ni la « démocratie » mais le prolétariat qui est le champion de la lutte de l’humanité contre le fléau du fascisme – s’est avérée un vœu pieux. Mais il est hors de portée de cette note de lecture d’approfondir ces questions. Dans les paragraphes qui leur sont consacrés, Roth, qui semble partager le point de vue de Mattick, ne parvient pas à mon avis à régler le problème.

En tout cas, la fin de la Seconde guerre mondiale n’a pas donné lieu à de grands bouleversements sociaux comme l’avait fait la précédente. Dans la période d’après-guerre, Mattick s’est abstenu la plupart du temps d’activité politique, se retirant temporairement avec sa femme Ilse et son fils Paul dans la campagne du Vermont. Pourtant, c’est pendant cette seconde partie de sa vie qu’il est finalement apparu comme l’un des principaux penseurs de l’émancipation sociale inspirés par Marx, justement en rejetant à peu près toutes les variétés de marxisme académique ou encarté de l’époque. Plus important encore, Mattick a repris la théorie des crises de Marx qui était démodée pendant les Glorieuses quand la plupart des marxistes croyaient que la gestion par l’Etat de l’économie avait apporté une éternelle « société d’abondance »en neutralisant la tendance du capitalisme à la crise. Le principal travail de Mattick, Marx et Keynes, publié en 1969, a dissipé ces illusions avant qu’elles ne deviennent indéfendables, et lui a assuré un lectorat plus large. Ayant raconté (parfois un peu trop en détail) les difficultés de Mattick à faire publier ses textes, Roth a aussi évoqué son succès posthume, notamment en Europe de l’Ouest, où certaines parties de la Nouvelle Gauche qui n’avaient pas d’appétences néo-bolcheviques ou maoïstes ont développé une Mattick-mania pendant quelques années. Des événements comme mai 68 à Paris et les luttes autonomes des travailleurs en Italie ont fourni un terrain fertile pour une redécouverte de la tradition du communisme de conseils dont Mattick était l’un des rares partisans vivants.

En suivant Mattick à travers ce « siècle perdu », Roth livre un riche récit d’une tradition radicale qui, après une certaine renaissance dans les années 60 et 70, est de nouveau tombée dans l’oubli. La biographie exclut naturellement un examen en profondeur des questions politiques et théoriques en jeu. Roth déclare explicitement qu’il ne veut pas mettre l’accent sur le travail théorique de Mattick parce qu’il voit « peu de raisons de résumer un travail qu’il vaut mieux lire dans l’original » (et dont des parties importantes peuvent se trouver sur internet aujourd’hui.) Pourtant, dans certains cas, les contours et la signification contemporaine de cette théorie auraient pu être rendus plus clairement, tandis que certains détails biographiques semblent plutôt dispensables. Pour les lecteurs qui se sentent inspirés à poursuivre la lecture dans les écrits de Mattick et de ses camarades, les points forts du livre l’emportent de loin sur cette lacune.

Felix Baum

Notes:

[*] en français dans le texte (Note du traducteur de la BS)

[1] Voir l’entretien avec Charles Reeve en 2012 (Note de la BS)

[2] Greenwood Press a réédité les textes des trois revues dans leur intégralité en 1970 dans une édition en six volumes aujourd’hui épuisée. L’auteur ne semble pas connaître leur mise en ligne récente sur internet.

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Le but final (textes politiques de Rosa Luxemburg)

9 janvier 2016

Le but final / Rosa Luxemburg

ISBN 979-10-94106-15-0
15 € TTC – 15 x 21 cm – 280 pages
Broché – parution janvier 2016

Si avant 1914 Rosa Luxemburg pouvait être connue de militants socialistes français à travers ses prises de position dont leur presse se faisait l’écho, ou par les articles d’elle qu’elle publiait, il fallut attendre les années 1920 et 1930 pour que certains de ses textes plus substantiels, jugés importants, soient publiés en français. Jugés importants : ces publications furent l’œuvre de militants qui les considéraient comme des atouts dans les luttes qu’ils menaient au sein des mouvements socialiste et communiste, notamment contre ce qu’ils voyaient comme le cours désastreux suivi par l’Union soviétique et les partis communistes de la IIIe Internationale. À cette époque, en effet, la figure de Rosa Luxemburg avait été en quelque sorte embaumée : devenue héroïne par sa lutte contre la guerre à partir de 1914, martyre par son assassinat par des officiers des Corps francs en 1919, sa pensée, ses positions politiques devaient être rejetées par l’orthodoxie soviétique dès lors qu’elles s’écartaient de celles de Lénine.

Pour les opposants à ces dernières, la tendance était donc inverse : rechercher dans la pensée et les actes de Rosa Luxemburg ce qui pouvait servir d’arguments contre ceux qui avaient fait de la pensée de Lénine un dogme au service de leur pouvoir.

Si ces textes conservent un intérêt, ce n’est pas seulement par la lumière qu’ils jettent sur ces conflits qui ont façonné en bonne partie le XXe siècle, ou à cause de la personnalité et du destin exceptionnels de leur auteur. C’est aussi par la réflexion qu’ils continuent à fournir sur la possibilité et les conditions du progrès social dans nos sociétés : pour Rosa Luxemburg, ce but final qu’elle visait, n’était rien d’autre que « la transformation de l’ordre existant ».

La critique du réformisme

Rosa Luxemburg ne fut pas la seule à se jeter dans la controverse soulevée à la fin du XIXe siècle par Eduard Bernstein. Figure de la social-démocratie allemande vivant depuis de longues années en exil en Angleterre, il avait, cherché à justifier les pratiques de certains élus du Parti qui trouvaient des arrangements avec des forces politiques dont les buts n’étaient pas ceux de la social-démocratie. Il tirait son argumentation d’une analyse des progrès possibles, voire inéluctables, dans la société telle qu’elle était : « Le but final, quel qu’il soit, n’est rien, c’est le mouvement qui est tout. » Si l’argumentation de Rosa Luxemburg, rassemblée sous le titre Réforme sociale ou révolution ?, eut un tel écho, c’est qu’elle était exprimée avec une force et une concision remarquables, combinaison d’analyse historique et économique et d’exposé magistral des fondements de la doctrine de Marx et d’Engels parsemée de traits mordants et de formules marquantes dont certains la suivirent longtemps. Aujourd’hui encore, par exemple sur le rôle du crédit dans la formation et le déroulement des crises, les limites de l’action syndicale ou celles des dispositions légales face aux causes profondes des difficultés sociales, ses analyses restent une intéressante source de réflexion. Ce texte essentiel est complété par Les lunettes anglaises, où elle montre que la situation sociale en Angleterre n’était déjà plus celle sur laquelle Bernstein fondait son argumentation.

Le parti, maison du rassemblement

Si Rosa Luxemburg, après s’être faite la championne de la doctrine officielle du Parti, fut peu à peu convaincue que celui-ci risquait de s’enliser dans l’immobilisme, voire de se corrompre dans le parlementarisme, et tenta de l’en détourner, elle n’envisagea pas de le quitter : c’étaient la perspective, la réalité des mobilisations populaires qui justifiaient son engagement, mobilisations conscientes de leurs buts et non émeutes aveugles. Le parti devait donc être pour elle le lieu de rencontre de tous ceux qui partageaient le même but final, un lieu d’échanges et d’expérimentation, de libre expression dans le cadre fondamental ainsi défini. C’est sur cette base qu’elle critiqua en 1904, dans Questions d’organisation de la social-démocratie russe, la conception du parti que voulait faire prévaloir Lénine, dans des conditions, il est vrai, fondamentalement différentes de celle du parti allemand.
Alors que son parti, la social-démocratie de Pologne et de Lituanie, avait rejoint le parti commun de l’empire russe, elle participa en 1911 au combat pour éviter la scission de celui-ci, une scission dont la responsabilité incombait autant à Lénine qu’à ses adversaires. Ce combat perdu, elle en décrit les étapes dans un texte qui ne fut pas publié, Pour la réunification du Parti, dont ce recueil donne la première traduction française.

La révolution

Parue plusieurs années après sa mort, dans un contexte d’affrontements au sein du Parti communiste d’Allemagne, La révolution russe est probablement le texte le plus connu de Rosa Luxemburg. On y trouve notamment cette formule fameuse, écrite dans la marge du manuscrit : « La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. »
Ce texte, écrit à la fin de l’été de 1918, avait pour but de contrecarrer l’influence grandissante des communistes soviétiques auprès de certains groupes de l’extrême-gauche allemande : la préoccupation première de Rosa Luxemburg, c’était que la révolution allemande, qu’elle sentait à la fois inévitable et indispensable pour mettre la révolution en Russie sur les rails du socialisme, prenne son propre chemin, correspondant à ce qu’elle considérait comme le niveau de développement social et culturel de la population ouvrière allemande. C’est pourquoi il est utile de rattacher à ce texte les deux principaux documents que Rosa Luxemburg devait rédiger dans les mois suivants : Que veut Spartacus ?, qui allait devenir le premier programme du Parti communiste d’Allemagne fondé à la fin de décembre 1918, et son Discours sur ce programme.

Amis de Spartacus
Fondateur : René-Joseph Lefeuvre
8, impasse Crozatier 75012 Paris