1906-12 « La Guerre sociale »: ce qu’elle veut être,ce qu’elle sera

La création de ce journal a été décidée à la prison de la Santé et à Clairvaux où, pendant plus de six mois, vingt-cinq militants anarchistes ou socialistes furent détenus pour insuffisance de patriotisme.
La Guerre Sociale ne fait double emploi ni avec Les Temps nouveaux, Le Libertaire, L’Anarchie, feuilles libertaires ou anarchistes, un peu théoriques ; ni avec La Voix du peuple ou Le Socialiste, organes officiels de deux grandes organisations, la Confédération générale du travail et le Parti socialiste — qui ont fatalement les timidités et les réserves de tous les organes officiels — ni encore moins avec L’Humanité qui est un quotidien entre les mains des socialistes « jauressistes », c’est-à-dire ultra-réformistes et parlementaires, et ouvert aux seuls éléments syndicalistes modérés ou sur la pente du modérantisme.
La Guerre Sociale n’est un journal ni exclusivement socialiste, ni exclusivement libertaire.
Elle aspire à devenir l’organe :
– des socialistes « unifiés » qui déplorent de voir leur parti devenir de plus en plus un parti d’action électorale et parlementaire et qui, à l’intérieur du Parti, luttent pour l’arracher à son réformisme, à son respect de la légalité, à son révolutionnarisme purement verbal ;
– des syndicalistes qui veulent orienter de plus en plus les organisations ouvrières dans les voies de l’action directe et de la grève générale violente et maintenir — en les accentuant — leurs tendances fédéralistes, antipatriotes et antiparlementaires ;
– des communistes libertaires qui en ont assez des vaines discussions théoriques, de l’action purement individuelle, et qui, dans les sections de l’AIA (Alliance internationale anti-militariste) ou dans tout autre groupement, s’efforceront, par une propagande antimilitariste incessante et par une énergique résistance aux menées et aux brutalités policières, d’entraîner les masses pour la prochaine insurrection, lorsqu’une guerre, une grève générale, ou toute autre circonstance imprévue, permettront de la tenter avec quelque chance de succès.
La Guerre Sociale sera donc un organe de concentration révolutionnaire, ouvert à tous ceux qui travaillent, autrement que par l’action légale, à l’expropriation de la bourgeoisie capitaliste en vue de la socialisation des moyens de production et d’échange.
Elle dira, au surplus, sur tout et sur tous, ce qu’on n’ose pas dire ailleurs.

5 Réponses to “1906-12 « La Guerre sociale »: ce qu’elle veut être,ce qu’elle sera”

  1. Retraites: « Il faut nous fonder uniquement sur nos besoins » « La Bataille socialiste Says:

    […] Dans la SFIO, non seulement les guesdistes, mais l’aile la plus radicale représentée par la Guerre sociale, étaient également de farouches défenseurs de l’autonomie ouvrière. La Jeune garde et son […]

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  2. Jean Colly (1858-1929) « La Bataille socialiste Says:

    […] Congrès de Saint-Étienne (11-14 avril 1909). Ce fut pour y soutenir les insurrectionnels de La Guerre sociale, à ses yeux les ” " meilleurs éléments du parti” ". Il s’éleva contre […]

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  3. The Labour Movement in France (1909) « La Bataille socialiste Says:

    […] from Berlin at the convention of the German Social Democracy at Halle. Establishing the paper La Guerre Sociale as their centre, the Herveists made it their principal duty to discredit the political activity by […]

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  4. The French Strike. Impressions of a man on the spot (1910) « La Bataille socialiste Says:

    […] the capitalist class were busy preparing measures to crush the strike that was threatened, and La Guerre Sociale, a sensational “ "direct action” " sheet, having guessed that some attempt to […]

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  5. Neues aus den Archiven der radikalen (und nicht so radikalen) Linken « Entdinglichung Says:

    […] et la “légalité à tout prix” (1909, Auszug aus Le Chemin du pouvoir) * La Guerre Sociale: „La Guerre sociale” „: ce qu’elle veut être,ce qu’elle sera […]

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