1938-07 Conférence constitutive du PSOP

Article paru dans Juin 36 du 22 juillet 1938

LE PARTI SOCIALISTE OUVRIER ET PAYSAN A TENU SES ASSISES

Notre conférence constitutive

marque une date dans la

renaissance du socialisme révolutionnaire

EXCELLENT DÉPART

par Marceau Pivert

En deux jours – c’est-à-dire environ 24 heures de séance – les délégués venus des quatre coins du pays, au prix de durs sacrifices, ont mis sur pieds la charte, les statuts et les grandes lignes du programme d’action du P.S.O.P.

Ce résultat – à lui seul – souligne la valeur de notre jeune organisation.

Il prouve que la méthode de travail adoptée était la plus efficace.

Il témoigne de la qualité des militants qui, dans les commissions ou aux séances plénières, sans aucune préoccupation de compétition oratoire, ont mis leurs capacités et leur dévouement au service de la cause commune.

Le moment le plus émouvant fut atteint à la troisième séance consacrée aux relations internationales: c’est le coeur serré que les délégués écoutèrent l’exposé poignant de Louise Gorkin, la vaillante compagne du leader du POUM (dont Dimitrov a eu l’impudence de réclamer l’extermination). Comme si l’assassinat systématique faisait partie des méthodes ouvrières!

Et nous devons être particulièrement fiers, dans ce pays de l’affaire Dreyfus, d’avoir été les premiers à nous lever contre d’effroyables calomnies à l’adresse de militants révolutionnaires irréprochables. Nous sommes prêts à en subir toutes conséquences avec une grande sérénité, car nous savons que la vérité et la justice finiront par avoir le dernier mot.

*

Mais c’est sur les débats eux-mêmes que je veux ajouter quelques mots.

Des discussions ardentes et fraternelles se sont ouvertes lorsque les commissions rapportaient deux ou trois thèses différentes. Et les interprétations les plus fantaisistes en ont été fournies par la presse. Il suffit de lire le compte-rendu pour découvrir que jamais des divergences fondamentales se sont révélées. Les votes émis concernant exclusivement des modalités tactiques ou des appréciations différentes quant à l’opportunité de tel ou tel débat.

Le caractère de ces oppositions apparaît à l’occasion de certaines expressions classiques mais encore mal comprises des masses, comme « dictature du prolétariat » et « défaitisme révolutionnaire« . Les uns souhaitaient de les conserver, comme le fanion de reconnaissance guidant le mouvement. Les autres préféraient les remplacer par une explication appropriée aux résultats expérimentaux récents. Ce sont ces derniers qui l’ont emporté. Mais sur le fond, aucune divergence! Et ceux des journalistes qui ont confondu Danno avec un « pacifisme intégral » ou présenté René Modiano comme un « adversaire du pacifisme », n’ont rien compris à la discussion.

Heureusement, les travailleurs comprendront, eux, car il s’agit de leur pain, de leur liberté, de leur vie et ils salueront le seul parti qui ait osé ouvrir, dès son départ, une discussion sérieuse sur les moyens de lutter contre la guerre er refusé de faire chorus avec les soutiens de l’impérialisme.

Une autre discussion ardente: l’attitude du P.S.O.P. à l’égard du Front Populaire: une majorité des délégués s’est prononcée contre la demande d’adhésion que proposaient les « bonzes » Lucien Hérard, Weil-Curiel, Marceau Pivert… Rien ne prouve mieux la capacité démocratique de nos délégués à la Conférence.

Chez nous pas de « chefs vénérés » que l’ont suit docilement. Et les « bonzes » sont les premiers à s’en réjouir! Mais que signifie ce vote? Il vient après les décisions unanimes concernant l’unité d’action et recommandant à tous nos groupes de développer leurs relations avec les autres groupes anti-fascistes. Et c’est l’essentiel. Il repousse simplement la demande d’adhésion au Comité National de Rassemblement que la règle de l’unanimité condamne à l’impuissance.

Enfin des discussions animées mais de même ordre, ont eu lieu sur l’organisation et la représentation des entreprises, sur l’organisation des jeunesses, sur l’incompatibilité entre la qualité de memebre du P.S.O.P. et d’affilié à la Franc-maçonnerie. Une majorité s’est dégagée pour adopter la représentation directe des délégués des entreprises, à titre consultatif, aux différents échelons, pour une organisation mixte des jeunes et pour le renvoi de la question des adhésions à d’autres organisations (Franc-maçonnerie, Ligue des Droits de l’homme, etc.). L’ajournement a eu le sens suivant: ne pas se déterminer en fonction de telle ou telle situation locale, mais en fonction de l’intérêt supérieur du mouvement révolutionnaire, ce qui implique, au préalable, une information scrupuleuse.

J’ajoute que le premier congrès du parti réservera une de ses séances à la mise au point des détails d’organisation ou des statuts dont les sections demanderaient la révision.

En somme, le caractère général des décisions de la Conférence pourrait se résumer ainsi:

Le P.S.O.P. fait confiance à ses militants, à ses jeunesses, à ses groupes d’entreprises; il fait confiance aux masses ouvrières et paysannes dont il sera l’interprète fidèle.

C’est pourquoi il a forgé une véritable démocratie qui déterminera elle-même l’ordre de marche vers la Révolution socialiste.

Affiche du PSOP (1938)

Photos du Fonds Pivert:















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