Kollontaï (1872-1952)

Alexandra Kollontaï

Socialiste russe à partir de 1899, spécialisée dans les questions féminines, auteur de nombreux ouvrages sur la question, Kollontaï naît dans une famille bourgeoise où elle reçoit une éducation très traditionnelle. A partir de 1893, elle découvre le mouvement ouvrier russe. En 1896, elle part étudier à Zürich où elle devient marxiste. Après la scission de la social-démocratie russe, elle hésite longuement, rejoint les menchéviques pour un temps (1907-1914, représentant le parti à l’enterrement de Paul et Laura Lafargue en 1911), mais, en 1915, elle (re)passe dans la fraction bolchévique qui, avec la guerre, s’affirme plus conforme à ses propres positions internationalistes. Une lettre écrite  à Scepkina-Kupernik après le Congrès international de Bâle (1912) montre son enthousiasme: « Il fallait effrayer l’Europe, la menacer de la révolution, du «spectre rouge» au cas où les gouvernements oseraient risquer la guerre. Et debout sur la table qui servait de tribune sur le parvis de la vieille cathédrale de Bâle, j’ai menacé l’Europe… Tu sais, c’était tout simplement grandiose, cette protestation des peuples contre la guerre. Cette vieille cathédrale, la voix merveilleuse de Jaurès, l’admirable tête chenue de mon bien aimé Keir Hardie, les orgues, les chants révolutionnaires, les meetings… Je suis encore ivre de ce que je viens de vivre. »

Tout au long de l’année 1917 Kollontaï soutient inconditionnellement Lénine, vote notamment en faveur de l’insurrection contre Zinoviev et Kamenev. Nommée commissaire du peuple à l’Assistance publique [Santé] de novembre 1917 à mars 1918, puis présidente de la commission de la femme au Comité central du PC russe (1919), elle organise de nombreuses conférences ainsi que le 1° congrès panrusse des ouvrières, puis rejoint aussitôt l’Opposition Ouvrière fondée par son ami A. Chliapnikov, opposition dont elle devient l’ardente porte-parole. Sa brochure sur ladite opposition est traduite en anglais et en fait connaître les thèses prémonitoires à l’étranger, thèses qui en 1920-1921 dénoncent la bureaucratisation du régime et demandent le retour au contrôle ouvrier de la production.  Les IWW diffusent sa brochure aux États-Unis, le KAPD en Allemagne. Militante du droit de vote des femmes et du droit à l’avortement, ses positions féministes avancées ne sont pas du goût de tous dans la Russie, fut-elle bolchevique, de l’époque.

Moyen de l’écarter de la vie politique soviétique (l’Opposition ouvrière est de toute façon dissoute), elle occupe à partir de 1923-24 divers postes dans la diplomatie. Elle devient la première ambassadrice de l’histoire, obtient la reconnaissance de l’URSS par la Norvège, le retour en URSS de l’or déposé par Kerensky dans les banques suédoises, et négocie l’armistice en Finlande en 1944.

De fait, mais sans avoir joué de rôle infâme (pas de déclaration, pas de dénonciation…), Kollontaï capitule devant Staline, qui lui fait promettre de renoncer à la politique, et obtient ainsi sa survie physique : « Comment lutter, comment se défendre contre l’injure ? Et ils disposent de tant de moyens pour la répandre ! » (conversation avec M. Body, 1925), « On ne peut aller contre l’appareil. Pour ma part, j’ai mis dans un coin de ma conscience mes principes et je fais aussi bien que possible la politique qu’on me dicte » (idem, 1929).

Étroitement entourée de conseillers politiques mouchards, servant de vitrine au régime, Alexandra Kollontaï poursuit sa carrière diplomatique et se tait (son confident français Marcel Body le lui conseillant d’ailleurs). Elle est une des rares bolchéviques d’importance à n’avoir pas été liquidée par Staline et sa machine.

TEXTES:

Kollontaï et Dybenko et les parents de Dybenko (1919)

kollontai-budapest19191

Traduction hongroise parue à Budapest en 1919

Autographe de sa photo officielle de commissaire du peuple à Louise Bryant (1918)


Voir aussi:

La voix de Kollontaï:

Les vidéos Vodpod ne sont plus disponibles.
more about « A. Kollontaï aux ouvriers / Speech to…« , posted with vodpod

à la Conférence internationale des femmes à Moscou (1921)

à côté de Clara Zetkin

avec des enfants

à la tribune de la conférence internationale des femmes, 13 octobre 1921

avec son fils Michel

Kollontai_phare_z

Photographie publiée par « Le Phare » en novembre 1920

opKollontai640

2 Réponses to “Kollontaï (1872-1952)”

  1. Kollontaï rééditée aux Etats-Unis « La Bataille socialiste Says:

    […] rééditée aux Etats-Unis By admin Red and Black a réédité la brochure d’Alexandra Kollontaï sur l’Opposition ouvrière que les IWW avaient publié en […]

    J’aime

  2. Contrôle ouvrier et bureaucratie en Russie: Kollontaï et Trotsky (Huhn, 1952) « La Bataille socialiste Says:

    […] qu’à leur lumière que l’exposé qui suit prend tout son sens. En effet, lorsque Alexandra Kollontaï, au III° Congrès international du Komintern (juillet 1921), prophétisa que la bureaucratie […]

    J’aime

Commentaires fermés