Rosmer (1877-1964)

Alfred Griot dit Rosmer

Rosmer

avec son épouse Marguerite

Fils d’ouvrier réfugié aux U.S.A. après la Commune. Libertaire puis syndicaliste révolutionnaire avant 1914, collaborateur de la revue de Pierre Monatte, La Vie Ouvrière. Il sera l’un des rares militants ouvriers français à refuser l’Union Sacrée et fera partie du petit noyau internationaliste français durant la 1° guerre impérialiste mondiale, publiant la célèbre Lettre aux abonnés de la V.O. et collaborant notamment avec L. Trotsky en exil en France.

A la fin de la guerre, il participe à la constitution du Comité de la III° Internationale, dirigé par Fernand Loriot, qui sera à l’origine du P.C.F.

(1921)

Parallèlement, il est élu au Comité Exécutif de l’Internationale Communiste peu avant son II° Congrès (1920). Jules Humbert-Droz écrit en septembre 1923 à Zinoviev: « Rosmer me paraît le seul qui ait l’autorité nécessaire et en même temps le doigté indispensable pour être le Secrétaire Général du Parti« .

souvarine-rosmer1921300

Souvarine et Rosmer au III° Congrès de l’I.C.

Rosmer sera l’un des premiers à engager le combat face aux méthodes de « bolchévisation » de Treint, qui en retour l’accuse de trotskysme et le fait exclure du P.C.F. fin 1924. Dès lors, il va co-fonder La Révolution prolétarienne avec P. Monatte et reprendre son métier de correcteur d’imprimerie. Contact pour la France de Trotsky banni d’URSS, il participe à la constitution de la Ligue Communiste, et dirige les débuts de La Vérité (rédacteur-en-chef, 1929).

Opposé à R. Molinier dans la crise qui secoue le groupe trotskyste français en 1930, il se retire de celui-ci lorsque Trotsky ne réagit pas aux accusations de malversations que Molinier professe à son encontre en 1931.
Il soutient le petit groupe trotskyste dissident La Gauche communiste, proche de la majorité de la Fédération unitaire de l’enseignement (Ecole émancipée) et ne reprendra contact avec Trotsky qu’en 1936. Il participe à la Commission Dewey mise en place suite aux Procès de Moscou (1937). C’est dans sa maison de campagne que la IV° Internationale sera fondée en 1938, et Trotsky le désigne tuteur de son petit-fils lorsqu’il part au Mexique.

Il est avant tout l’auteur d’un magistral Le Mouvement ouvrier pendant la guerre (1936) dont le second volume ne paraîtra qu’en 1959.

Après-guerre, il rentre en France en 1946. Il fait partie de ceux qui, avec Natalia Trotsky, estiment que L. Trotsky s’apprêtait à reconsidérer son mot d’ordre de défense inconditionnelle de l’URSS lorsqu’il fut assassiné. Il reprend sa collaboration à la revue La Révolution prolétarienne et se consacrera essentiellement à des travaux littéraires, notamment l’édition des oeuvres de Trotsky (dont il est l’exécuteur testamentaire) et un livre de souvenirs: Moscou sous Lénine. En janvier 1952 il participe au « Cercle Zimmerwald » avec Monatte, Chambelland, Pivert et Lecoin. Il signe l’appel des 121 contre la guerre d’Algérie en 1960.

TEXTES:

Voir aussi:

Rosmer à l’enterrement de Kropotkine (1921)

Hommage à Alfred Rosmer

Alfred Rosmer vient de mourir à 87 ans. Il avait consacré son existence à défendre, à travers les vicissitudes du mouvement ouvrier, une conception rigoureuse de la révolution fondée sur l’internationalisme prolétarien.

Dès 1913, pratiquement seul avec Pierre Monatte, il lutta efficacement contre le courant chauvin qui déferlait dans la social-démocratie française. Il rencontra Trotsky à Paris, fin 1914 et participa activement avec lui à la préparation du Congrès de Zimmerwald. En 1917, il déploya toute son énergie pour rallier le syndicalisme français à la Révolution d’Octobre. Délégué du Parti Communiste Français auprès de l’Internationale Communiste à Moscou, il démissionna en 1925 et, de retour à Paris, propagea les thèses de l’opposition de gauche. Léon Trotsky écrivait : “ … je suis attaché à Rosmer, dans un sentiment d’amitié intime qui a duré à travers les épreuves de la guerre, de la Révolution, du pouvoir soviétique et de la défaite de l’opposition. ” Rosmer fut secrétaire de Trotsky et préfaça avec lucidité et ferveur ses principales oeuvres traduites en français.

Je me souviens de la lettre chaleureuse qu’Alfred Rosmer adressa au 14 Juillet, quand nous étions bien peu à vouloir agir contre le coup de force gaulliste de mai 1958. Une telle lettre, venant d’un tel homme, compensait, dans l’état d’esprit où nous étions, la dérobade presque unanime des petits seigneurs de la gauche pensante française. Ce signe d’amitié de Rosmer m’assure que nous étions dans la bonne ligne. Quelques mois plus tard, le compagnon de Trotsky était parmi les tout premiers signataires de la Déclaration sur le droit à l’insoumission.

Rosmer disparaît ; son exemple demeure, qui prouve que face à la dégradation de l’idéal révolutionnaire, c’est le combat sur deux fronts qui doit être poursuivi : la destruction de l’ordre bourgeois passe nécessairement par la régénérescence de l’internationalisme prolétarien. Pas de Révolution sans liquidation des bureaucrates héritiers honteux ou non de Staline qui, dans tous les pays, sont les artisans du consentement général que nous vivons.

Jean Schuster.

La rédaction de La Brèche s’associe unanimement à cet hommage.

[La Brèche, Action surréaliste n° 6, juin 1964.]

5 Réponses to “Rosmer (1877-1964)”

  1. Réédition du ‘Moscou sous Lénine’ de Rosmer « La Bataille socialiste Says:

    […] Alfred Rosmer Moscou sous Lénine Les origines du communisme Préface d’Albert Camus […]

    J’aime

  2. harry Says:

    ROSMER Alfred [GRIOT, André, Alfred dit].
    Né le 23 août 1877 à Patterson (États-Unis), mort le 6 mai 1964 à l’hôpital Albert-Chenevier de Créteil (Seine, Val-de-Marne) ; correcteur, rédacteur de La Vie ouvrière ; représentant à Moscou du Comité pour l’adhésion à la IIIe Internationale ; membre du comité exécutif de l’Internationale communiste ; membre du comité directeur et du bureau politique du Parti communiste (1923-1924) ; rédacteur de La Révolution prolétarienne (1925-1964) et de La Vérité ; membre de la Ligue communiste (1929-1930) ; accueille dans sa « grange » de Périgny-sur-Yerre (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) la conférence constitutive de la IVe Internationale.

    La biographie d’Alfred Rosmer ne concerne que très marginalement le Dictionnaire des militants du Val-de-Marne, seulement pour ses séjours dans sa maison de Périgny, « La grange » qui servit de logement à de nombreuses personnalités d’extrême gauche.

    Sa compagne Marguerite Thévenet avait obtenu du travail pendant la Première Guerre mondiale dans une œuvre protestante qui s’occupait de colonies de vacances et elle dirigea une colonie d’enfants (La Maison Bleue) à Périgny. Elle s’y plut et le couple acheta une grange où logèrent les femmes et les enfants de militants en difficultés.

    Leur maison de Périgny fut aménagée avec simplicité et goût. Ils avaient un appartement aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis) mais c’est dans la « grange » qu’Alfred Rosmer écrivait le plus volontiers ; il y avait mis la plupart de ses documents et sa bibliothèque.

    Soucieux de faire connaître le point de vue de Léon Trotsky, Alfred Rosmer s’occupait de faire publier ouvrages et articles, avec l’aide et l’appui des militants trotskystes. Mais il restait en marge des organisations. Son attitude fut très significative lors de la Conférence constitutive de la IVe Internationale, qui se tint à Périgny en novembre 1938. Il prêta sa « grange » en toute discrétion mais n’y participa pas.

    Détenteur d’un passeport américain en raison de sa naissance, et ayant de nombreux amis aux États-Unis, Alfred Rosmer y resta pendant toute la période de la guerre.

    Le couple Rosmer retrouva sa maison de Périgny dans un triste état. La mairie du village avait signalé aux Allemands l’existence d’un communiste ; les archives, une partie de la bibliothèque avaient été brûlées et nombre de petits objets et de meubles avaient disparu.

    Alfred Rosmer et Marguerite Thévenet s’y réinstallèrent.
    SOURCE : Notice biographique du Maitron par Colette Chambelland.

    [mention finale modifiée cause erreur dans le nom de l’auteur copié par le camarade auteur de ce commentaire, erreur signalée par courrier]

    2007-2009 © Copyright Maitron – Tous droits réservés
    Maitron – 9, rue Malher – 75004 Paris

    J’aime

  3. A l’aide des communards autrichiens ! (1934) « La Bataille socialiste Says:

    […] Pour le Comité d’Aide : AGA, M. BODY, M. COLLINET, J. COISEUR, M. FOURRIER, HÉLÈNE, S. KAHN, D. LEVINE, P. RIMBERT, M. et J. RUSTICO, M. et A. ROSMER. […]

    J’aime

  4. Le groupe trotskyste dissident « la Gauche communiste  (1931-1933) « La Bataille socialiste Says:

    […] unitaire [1], le trouble provoqué par la question Molinier décide, fin 1930, du départ de Rosmer de la Ligue: départ discret, sans polémique publique, conforme aux habitudes du vieil ami de […]

    J’aime

  5. Kurt Landau (Schafranek, 1980) « La Bataille socialiste Says:

    […] […]

    J’aime

Commentaires fermés