1918: Drapeau rouge sur la cathédrale de Strasbourg

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Extrait d’Alternative libertaire N°178 (novembre 2008)

Beaucoup des 16 000 Alsaciens-Lorrains incorporés dans la Kriegsmarine avaient participé à la mutinerie de Kiel. Ils rentrent chez eux en emportant leurs espoirs révolutionnaires.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1918, plusieurs trains de soldats en permission ou mutinés arrivent à Strasbourg. (…) Le 10 novembre, les premiers conseils de soldats, puis d’ouvriers, sont fondés à Strasbourg. Ils existaient depuis la veille à Mulhouse et Haguenau. Alfred Doblin, auteur du célèbre roman Berlin Alexanderplarz, alors médecin militaire à Strasbourg, décrira en 1939, dans Novembre 1918, une séance du conseil de soldats. Une commission exécutive de 13 personnes, présidée par Rebholz, secrétaire du syndicats des ouvriers brasseurs, coordonne les conseils. Rebholz proclame la « République bolchevique allemande » devant l’aubette, bâtiment militaire du centre-ville. Mais le même jour, le conseil municipal élit le socialiste francophile Jacques Peirotes comme nouveau maire. (…) Il y a désormais deux pouvoirs dans la ville: un pouvoir populaire « rouge » et un pouvoir municipal « bourgeois ».

La devise des conseils met l’accent sur l’appartenance de classe et évite soigneusement les débats entre francophiles et germanophiles. Plus d’une vingtaine de villes, même très petites, sont alors dotées de conseils, dont les fonctions et les orientations politiques sont diverses. Généralement, ils font libérer les prisonniers non criminels et répondent aux urgences (ravitaillement, transports…). Les conseils ouvriers, plus rares, se limitent aux chemins de fer, aux arsenaux et ateliers municipaux, la plus grande partie de l’industrie ayant disparu pendant la guerre. Les réformes sociales restent prudentes: hausse des salaires, améliorations des conditions de travail… Mais quelques grèves révolutionnaires éclatent, notamment chez les cheminots.

(…) les conseils ne souhaitent pas contester la légitimité du pouvoir municipal. On ne touchera donc pas à la propriété privée. Le 17 novembre, les troupes françaises arrivent à Mulhouse, mettant fin aux conseils, sans combats.

Le 22 novembre, le général Gouraud entre dans Strasbourg. (…) L’armée française se précipite tout de suite au palais de Justice où se tenaient les réunions des conseils. Les agitateurs sont expulsés et les organisations ouvrières placées sous contrôle. Tous les décrets sociaux sont annulés (…).

Renaud (AL Alsace)

Réunion du soviet de Strasbourg, 15 novembre 1918

gouraud-strasbourgLe général Gouraud à Strasbourg, 22 novembre 1918

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Extrait de L’Humanité du 17-11-1918, où Marcel Cachin ne se préoccupe que du pouvoir municipal:

cachin171108

Voir aussi:

La Révolution, 1918-1919, René Beeh

(Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg)

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2 Réponses to “1918: Drapeau rouge sur la cathédrale de Strasbourg”

  1. angela merquelles Says:

    le bras droit du général Gouraud a été amputé par un médecin alsacien, le dr Herrenschmidt.

    un général français amputé par un alsacien a donc symbolisé la reprise de l’alsace dans les bras de la France amputée de l’alsace par le traité de Francfort, amputation due à la seule faute de la Frankreich de merde à la con d’ailleurs

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  2. Novembre 1918: les soviets en Alsace | La Feuille de Chou Says:

    […] 1918: Drapeau rouge sur la cathédrale de Strasbourg « La Bataille socialiste […]

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