L’industrialisation n’est pas le socialisme (Alligier, 1946)

by

Dans les archives

Extrait de Socialisme, bolchevisme et France, brochure de Charles Alligier (Spartacus, avril 1946). La brochure, qui se veut clarifier les points de désaccord entre socialistes et communistes (qui gouvernent alors ensemble), collectionne des arguments pour le moins variés. La publication intégrale de cette brochure pourrait certes présenter un intérêt historique mais dans l’immédiat, et surtout dans le cadre du travail déjà collecté par notre site sur le thème de la nature de l’URSS, créerait de la confusion plutôt qu’autre chose. Nous avons donc choisi d’en extraire un passage sur l’industrialisation où, même là, on remarquera que l’auteur semble intégrer complètement la logique même de l’immaturité des ouvriers, logique qui sous-tend toute bureaucratisation: les techniciens apporteraient l’expérience et la compétence, se rembourseraient en exerçant leur dictature technocratique. Réformiste, et répondant dans un rapport de force idéologique donné, Alligier ne semble pas percevoir clairement le lien entre bureaucratisation économique et bureaucratisation politique, entre absence de « libertés élémentaires » et absence de pouvoir ouvrier, entre capitalisme d’État et persistance d’une économie marchande. L’industrialisation , si elle est dénoncée comme n’étant pas une construction du socialisme, est pourtant justifiée par les même arguments de conditions objectives qui sont utilisées en creux contre les bolcheviks en 1917-18 (la Russie n’était pas prête économiquement, elle doit  nécessairement être mise à niveau), et si Alligier suggère que les bolcheviks ont fait le travail d’accumulation à la place de la bourgeoisie, il ne semble pas percevoir que la façon dont ils l’ont fait a définitivement consolidé la dictature bureaucratique contre les prétentions soviétistes de départ.

On avait promis au monde la révolution sociale, mais la matière manquait. (…) Le seul sens commun eût d’ailleurs suffi à établir que, pour socialiser les moyens de production et d’échange, il fallait qu’ils existent. Or, une telle création a toujours été l’oeuvre du capitalisme et de la bourgeoisie. Et la bourgeoisie, en Russie, n’existait pas, sauf sous les espèces de ce qu’on appelait alors « l’intelligentsia », c’est-à-dire les professions libérales.

Faisant de nécessité vertu, les bolcheviks constatent que l’étape que l’étape « bourgeoise-capitaliste » ne pouvait être supprimée – et pour cause – pour arriver au socialisme se résolurent à une solution audacieuse – la seule qui leur restât: se substituer eux-mêmes au capitalisme et à la bourgeoisie et faire ce que, pendant près de deux siècles, la classe bourgeoise avait réalisé dans le reste du monde.

Il fallait à la fois créer une économie industrielle et un prolétariat ouvrier.

Les conditions matérielles et morales étaient loin d’être satisfaisantes pour une telle entreprise. En tout cas, elles justifiaient le maintien de la dictature du parti, et disons franchement que dans une certaine mesure elles l’imposaient.

Néanmoins, d’un autre côté, elles avaient des avantages énormes.

Le capitalisme bourgeois n’avait pu se développer que progressivement. Il avait eu à lutter contre les formes et les forces économiques révolues. Il avait dû attendre que le génie des inventeurs lui fournit les possibilités d’une production intensifiée et accélérée. Ce n’est que par une lutte incessante dans son propre sein qu’il avait pu arriver à ce degré de concentration qui, des premières manufactures, aboutissait aux trusts.

Enfin, il avait eu à combattre les revendications incessantes d’un prolétariat chaque jour plus conscient de sa force et qui transportait ses revendications du terrain économique sur le terrain politique, où il fallait bien le suivre.

La situation économique du monde civilisé, au moment où la Russie communiste décidait de se mettre à son niveau, était le résultat d’un siècle et demi de l’effort le plus puissant et le plus révolutionnaire que l’Histoire ait connu.

De cet effort, dont le socialisme se déclare légitimement l’héritier, le communisme russe allait être le bénéficiaire moral et technique.

Non seulement, en effet, il n’aurait pas à avancer en tâtonnant et en faisant en quelque sorte son apprentissage de lui-même. Mais encore le capitalisme était prêt à lui fournir, sans délai toute la partie technique de sa construction. Les machines, les inventions, l’outillage le plus perfectionné, l’expérience industrielle étaient à sa disposition. Les ingénieurs et tous les techniciens de la production lui apportaient un concours illimité.

(…) Mais cette transformation, cette industrialisation pour dire le mot, ce n’est pas du socialisme. Le fait que le profit individuel a été supprimé dans une très large mesure ne suffit pas, loin de là, à créer une société socialiste.

Ce que l’U.R.S.S. a réalisé, c’est un capitalisme d’Etat et qui, comme le capitalisme bourgeois, subordonne l’homme à ses propres intérêts.

Il y a cependant quelque-chose de révolutionnaire dans la structure économique des Soviets. C’est cette absence de profit individuel dont nous avons parlé plus haut et dont nous ne songeons pas à sous-estimer l’importance, du point de vue même de notre propagande.

Qu’une telle société puisse fonctionner démontre évidemment la faillite de l’argument psychologique, qu’on a si longtemps opposé au socialisme, et selon lequel personne ne travaillera lorsqu’il n’y trouvera plus un avantage individuel.

Argument qui calomniait l’homme et qu’aujourd’hui il n’est plus possible d’utiliser.

Nous ne reprochons pas aux communistes russes d’avoir suivi la voie de la nécessité et, pour le moment, nous ne chercherons pas à savoir si l’évolution qu’ils poursuivent n’aurait pas pu s’accomplir dans des conditions tout à fait différentes. Quoiqu’ils eussent certes pu accorder aux travailleurs russes ces libertés élémentaires que les travailleurs occidentaux ont su à la fois maintenir, conquérir, élargir par une lutte incessante et parallèle à la lutte économique.

Ce que nous leur reprochons, c’est d’avoir trompé le peuple russe lui-même et de tenter de tromper les autres peuples pour la satisfaction du rôle orgueilleux qu’ils se sont attribué de nouveaux Moïses conducteurs des nations vers la Terre Promise du socialisme.

Pour la réalisation du socialisme, nous avons vu qu’il fallait des conditions qui n’existaient pas en Russie. Et pour être certains qu’elles n’existent pas encore, il nous suffit de faire appel au plus élémentaire bon sens.

Ce n’est pas en vingt années, dont quelques-unes ont été à peu près consacrées à la guerre civile, qu’il étaient possible de créer un système industriel et un ensemble de moyens de production au moins équivalent à ceux des grands pays capitalistes de l’Europe et de l’Amérique, ceci dans une Russie de près de 200 millions d’habitants et plusieurs plus grande à elle seule que tout le reste de l’Europe. (…) Le prolétariat des grands pays capitalistes n’a pas été, de son côté, une génération quasi spontanée.

Il s’est développé lentement, il a grandi par un effort incessant à la fois en capacité technique, économique et en capacité politique.

Là même où il est le plus développé, où déjà plusieurs générations de travailleurs ont connu les avantages de l’instruction obligatoire, les syndicats sont les premiers à reconnaître qu’ils devront encore se perfectionner par un effort théorique et pratique, pour être capables d’assumer la gestion économique de la société.

S’il en est dès maintenant qui en soient capables, c’est le résultat de longues luttes et de longs efforts. Et il y faut aussi autre chose.

N’oublions pas la définition de la société socialiste donnée par Jules Guesde: « Une République de travailleurs libres et associés ».

Travailleurs libres. Voilà le maître mot.

Le socialisme sera un monde d’hommes libres.

Mais la liberté n’est pas un don du ciel, ni même du Politburo de Moscou. Cela se conquiert et cela s’apprend par un long usage.

Ce n’est pas avec une dictature de fer qu’on enseigne la liberté. Cela même, si on réussit à convaincre les travailleurs qu’ils sont les plus libres et les plus heureux du monde, en leur enlevant toutes les possibilités de comparaison avec ce qui se passe ailleurs. Une dictature économique n’est que du capitalisme d’Etat dirigé par une technocratie [1].

Nous comprenons parfaitement que, partant de sa dictature politique, le parti communiste, dans l’état où il prenait la Russie, devait être amené à réaliser son industrialisation de cette façon.

Mais nous ne sommes pas d’accord lorsque ledit parti prétend que son oeuvre est la réalisation de l’idéal socialiste. Encore moins lorsqu’il affirme que nous devons prendre exemple sur lui et que nous devons l’accepter comme maître.

Si l’on envisage les réalisations matérielles et le développement industriel de l’U.R.S.S., une observation préliminaire s’impose. L’U.R.S.S., à ce point de vue, est très en retard sur les grands pays occidentaux. Mais, pour être juste envers son gigantesque effort en ce domaine, il ne faut pas considérer le point où elle est arrivée, mais le point d’où elle est partie. Et nous avons vu qu’elle est partie avec un retard de plusieurs siècles.

(…) Rien ne se fait sans le concours du temps, et cela est vrai surtout dans le domaine économique. On ne réalise pas en partant de zéro et en vingt ans, ce que les autres – non moins bien doués et disposant d’un matériel humain beaucoup plus évolué – ont mis près de deux siècles à établir.

Et ici encore ce que nous reprochons à l’U.R.S.S. ce n’est pas son retard. C’est de le nier. C’est de nous assurer qu’elle est arrivée à un point de développement industriel qui n’a rien à envier à personne. C’est de nous affirmer par conséquent que se trouve réalisée, sur son territoire, la condition essentielle d’une société socialiste.

Qu’elle ait réussi à créer une société sans profit individuel, ce qui est aussi le cas du capitalisme d’Etat? D’accord. Qu’elle ait accompli, dans le domaine de l’industrialisation, des progrès extraordinaires? On en convient encore. Mais que tout cela suffise à créer une société socialiste? Nous ne le croyons pas.

Les dirigeants soviétiques, s’ils le disent, ne le croient pas plus que nous. Et c’est là l’explication, l’unique explication du « rideau de fer » qu’ils ont eux-mêmes abaissé aux frontières de leur pays.

Comment! Ils ont réalisé, à les entendre, le plus beau régime socialiste… les travailleurs y vivent dans des conditions de liberté, de bien-être et de confort inégalées ailleurs! Et ils n’ouvrent pas les portes toutes grandes… Ils n’invitent pas les peuples du monde entier à venir contempler, admirer et prendre exemple sur eux.

(…) Et l’on comprend trop qu’il ne faut pas confondre la réalité avec la propagande à l’usage de la mystique soviétique!

Cependant, la guerre a créé des conditions qui ont, sinon ouvert la Russie au monde, du moins amené un peu de Russie soviétique dans le reste du monde.

Des millions de soldats de l’armée rouge ont franchi le « rideau de fer » et se sont répandus dans l’est européen.

(…) Or, il n’apparaît pas du tout qu’ils aient constaté la suépriorité de leurs moyens de vie. Tout le monde sait que c’est le contraire. Les soldats de l’U.R.S.S. qui demeurent en pays occupés seraient enchantés d’y rester le plus longtemps possible, parce qu’ils s’y trouvent mieux que chez eux. Quant à ceux qui sont rentrés en Russie après un séjour hors de chez eux, ils manifestent un état critique qui n’est pas sans inquiéter les dirigeants soviétiques [2].

Si nous considérons maintenant les choses de l’autre côté de la barricade, nous constatons que partout où l’armée rouge s’est installée, partout où l’on a pu « admirer », de visu, les citoyens soviétiques et leurs méthodes, le prestige de l’U.R.S.S. a fait fiasco.

Notes:

[1] Une dictature de techniciens. [Note d’origine]

[2] Voir dans le même sens le témoignage d’El Campesino (La Vie et la mort en URSS, sous-chapitre « Le sort des soldats démobilisés », p. 94-97) «  Ces soldats – au nombre de près de huit millions – avaient pu se rendre compte par eux-mêmes comment vivaient les ouvriers, les paysans et les soldats des pays capitalistes. Malgré la prudence qu’ils s’imposaient, ils parlaient beaucoup trop (…) » [Note de la BS]

masses-pub1947-450pixe

[English translation: see first comment below]

3 Réponses to “L’industrialisation n’est pas le socialisme (Alligier, 1946)”

  1. lucien Says:

    Translation by Nan:

    We were promised to the world social revolution, but the material was missing. (…) The only common sense would also suffice to establish that, to socialize the means of production and exchange, should they exist. Such a creation has always been the work of capitalism and the bourgeoisie. And the bourgeoisie in Russia did not exist, except under the species of what was then called « intellectuals », ie the professions.

    Making a virtue of necessity, the Bolsheviks found that the phase step « bourgeois-capitalist » could not be removed – and with good reason – to get to socialism is resolved in a bold – the only one that remained: replace them themselves to capitalism and the bourgeoisie and that, for almost two centuries, the bourgeois class had made in the rest of the world.

    It was time to create an industrial proletariat and a worker.

    The material and moral conditions were far from satisfactory for such an undertaking. In any case, they justify the continuation of the dictatorship of the party, and frankly say that to some extent they imposed.

    However, on the other hand, they had enormous advantages.

    Bourgeois capitalism could not develop only gradually. He had to struggle against the forms and the economic past. He had to wait for the genius inventors provides opportunities for increased production and accelerated. It is only through a struggle in her bosom he could achieve this degree of concentration, which manufactures the first, led to trusts.

    Finally, he had to fight the incessant demands of an ever-increasing proletariat conscious of its strength and carrying his claims of economic land policy on the ground, where he had to follow him.

    The economic situation of the civilized world, when Communist Russia decided to get to his level, was the result of a century and a half of the effort the most powerful and most revolutionary that history has known.

    Of this effort, which socialism was the legitimate heir, Russian communism would be the beneficiary moral and technical.

    Not only because it would not have to move through trial and error and by a kind of learning itself. But capitalism was ready to provide without delay all the technical part of its construction. Machines, inventions, the most advanced tools, industrial experience were available. Engineers and all technicians of production give it unlimited.

    (…) But this transformation, this industrialization to say the word, this is not socialism. The fact that the profit has been removed to a large extent is not enough, far from it, to create a socialist society.

    What U. R.S.S. achieved, it is a state capitalism and, like the bourgeois capitalism, makes the man in his own interests.

    There is, however, something revolutionary in the economic structure of the Soviets. This lack of profit that we talked about earlier and which we think do not underestimate the importance, in terms of our propaganda.

    That such a society can function clearly demonstrates the bankruptcy of the psychological argument, which has so long opposed to socialism, and that nobody will work when there is an advantage over individual.

    Argument slandered man and today he is no longer possible to use.

    We no criticism of Russian communists to follow the path of necessity and for the moment we do not look at whether they continue the development could not have accomplished in conditions quite different. Although admittedly had been given to Russian workers these freedoms that Western workers have been able to both maintain, win, expanding by a struggle and parallel to the economic struggle.

    What we reprochons is to have deceived the people of Russia itself and attempting to deceive other people to satisfy proud of the role they have assigned new Moïses drivers of nations in the Promised Land of socialism.

    For the realization of socialism, we saw the need for conditions that did not exist in Russia. And to be sure they do not yet exist, we need to appeal to the most elementary sense.

    It is not in twenty years, some of which were roughly on the civil war, it was possible to create an industrial system and a set of means of production, at least equivalent to those of the major capitalist countries of Europe and America, in a Russia that nearly 200 million people and several larger alone than all the rest of Europe. (…) The proletariat of the great capitalist countries was not, on its side, an almost spontaneous generation.

    It developed slowly, it grew by a constant effort in both technical, economic and political capacity.

    Even where it is most developed, where several generations of workers have experienced the benefits of compulsory education, trade unions are the first to recognize that they will still have to develop a theoretical and practical effort, to be capable of ‘assume the economic management of the company.

    If this is now who are able, it is the result of long struggles and long efforts. And there is also something else.

    Let us not forget the definition of a socialist society by Jules Guesde, « a republic of free workers and associates. »

    Free workers. That is the watchword.

    Socialism is a world of free men.

    But freedom is not a gift from heaven, nor even of the Politburo in Moscow. This is won and it is learned by long usage.

    This is not a dictatorship with iron that teaches freedom. Even if you manage to convince workers that they are the freest and happiest in the world, removing all possibility of comparison with what is happening elsewhere. An economic dictatorship is the state capitalism led by technocrats [1].

    We fully understand that, from its political dictatorship, the Communist Party in the state in which he took Russia, should be required to realize its industrialization in this way.

    But we do not agree where that party contends that his work is the realization of the ideal socialist. Even less when he says that we must follow the example of him and that we must accept it as master.

    If one considers the physical achievements and industrial development of the USSR, a preliminary observation is necessary. The USSR, at this point of view, is far behind the major Western countries. But to be fair to his huge effort in this area, we should not consider the point where it arrived, but the point where it is a party. And we saw it is a party with a lag of several centuries.

    (…) Nothing is done without the time and this is particularly true in the economic field. By not starting from zero and twenty years, what other – no less talented and with a human material much changed – have nearly two centuries to establish.

    And here again what we reprochons to the USSR it is not doing badly. It is to deny it. This is to ensure that it has reached a point of industrial development that has nothing to envy anyone. That we therefore say that is conducted on its territory, the essential condition of a socialist society.

    It has succeeded in creating a society without private profit, which is also the case of state capitalism? Ok. It has done in the field of industrialization, extraordinary progress? It should still. But all this is sufficient to create a socialist society? We think not.

    The Soviet leaders, they say, do not believe more than we do. And this is the explanation, the only explanation of the « Iron Curtain » that they have lowered themselves to the borders of their country.

    How! They realized, to hear the most beautiful … the socialist workers live in conditions of freedom, welfare and comfort unmatched anywhere else! And they do not open the door wide … They n’invitent not the peoples of the world to come and contemplate, admire and emulate them.

    (…) And we understand too that we should not confuse reality with propaganda for the use of mysticism Soviet!

    However, the war has created conditions that have if not opened Russia to the world, at least brought a bit of Soviet Russia in the world.

    Millions of soldiers of the Red Army crossed the « iron curtain » and spread in eastern Europe.

    (…) However, it is not at all that they have the suépriorité their livelihoods. Everyone knows that the opposite is true. The soldiers of the U. R.S.S. which remain in occupied countries would be delighted to stay there as long as possible because they are there better than at home. For those who have returned to Russia after living away from home, they express a critical concern is not the Soviet leaders [2].

    Now if we consider things from the other side of the barricade, we see that wherever the Red Army moved, wherever we could « see » first hand, the Soviet citizens and their methods, the prestige of the USSR was a fiasco.

    Notes:

    [1] A dictatorship technicians. [Note of origin]

    [2] See also the testimony of El Campesino (The Life and death in the Soviet Union, sub-chapter « The fate of the soldiers, » p. 94-97) « These soldiers – the number of nearly eight million – were able to realize for themselves how to live the workers, peasants and soldiers of the capitalist countries. Despite the care they needed, they were talking too much (…) « [Note from the BS]

    J’aime

  2. Neues aus den Archiven der radikalen Linken « Entdinglichung Says:

    […] Dommanget au Congrès de la Fédération autonome des fonctionnaires (1933) * Charles Alligier: L’industrialisation n’est pas le socialisme (1946) * Le Prolétaire: Grèves oubliées en Iran (1980) (1980) * Socialist Standard: Le […]

    J’aime

  3. Alternative histories « Poumista Says:

    […] the Anarchist Worker of 1979. Bataille Socialiste remember Marceau Pivert with Orwell in Spain. Bataille Socialiste rescue the legacy of Charles Allegier. Entdinglichung archives The Left. Hillel Ticktin and Adam Buick debate […]

    J’aime

Commentaires fermés