Archives d’un auteur

Nazionalismo e socialismo (Mattick, 1959)

30 novembre 2012

Traduction en italien de l’article Nationalisme et socialisme:

première page

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D’autres traductions sont disponibles sur le blog Connessioni per la lotta di classe.

Nous condamnons le massacre brutal des mineurs de Marikana par la police

27 août 2012

Nous, militants ouvriers et syndicalistes, condamnons fermement le massacre des mineurs de platine par la police le 16 août en Afrique du Sud. C’est une véritable barbarie et un crime contre l’humanité. C’est clairement un massacre d’ouvriers sans défense qui ne font que défendre la juste revendication d’une hausse de salaire. Toutes les preuves montrent que c’est une attaque sanglante contre des grévistes planifiée par la police et l’employeur, et qu’aucun prétexte ne peut justifier cette brutalité contre des travailleurs. Nous appelons tous les travailleurs, les syndicalistes, et les gens du monde entier à protester et à condamner cette barbarie commise par la police sud-africaine et les patrons.

Nous déclarons que :

1- L’identité de tous les assassins de mineurs doit être rendue publique dès que possible. Tous les travailleurs et manifestants arrêtés doivent être immédiatement libérés.

2- Toutes les autorités et tous les individus qui sont, à un niveau ou à un autre, impliqués dans ce massacre, que ce soit en le décidant, en l’organisant ou en tirant, doivent être jugés au cours d’une audience publique.

3- Les mineurs et les familles de toutes les victimes doivent avoir accès gratuitement à des conseillers juridiques et à des avocats lors de ce procès.

4- Toutes les familles des victimes doivent immédiatement recevoir un soutien financier leur permettant d’avoir un niveau de vie décent pendant toutes leurs vies.

5- Tous les mineurs blessés doivent avoir un accès gratuits et de qualité pour les soins médicaux et recevoir l’intégralité de leurs salaires jusqu’à ce qu’ils soient complètement guéris.

6- Les travailleurs de la mine de platine de Marikana revendiquaient une hausse de salaire lorsqu’ils ont été brutalement attaqués par la police. Le massacre ne doit pas faire oublier les revendications salariales des mineurs. Nous soutenons la revendication de hausse des salaires des mineurs de Marikana.

7- Nous, signataires, déclarons le jour du massacre des mineurs comme journée internationale de protestation contre la barbarie du capitalisme à l’encontre des travailleurs dans le monde. Nous appelons tous les syndicats, ouvriers et humanistes du monde à soutenir ces revendications et à encourager leurs organisations à signer officiellement ce texte.

Premiers signataires :

  • Marcel Amiyeto, secrétaire général ODT-travailleurs immigrés – Maroc
  • Ludovic Arberet, militant du Syndicat National du Ministère de l’Agriculture et de la Pèche et des établissements publics CGT (SYAC CGT) – France
  • Masoud Arjang, syndicaliste de Vancouver – Canada
  • Alain Baron, membre de la commission internationale de l’Union syndicale Solidaires – France
  • Donatella Biancardi, secrétaire national de l’Unione Sindacale di Base (USB) – Italie
  • Emmanuelle Bigot, membre de la commission internationale de l’Union syndicale Solidaires – France
  • Luis Blanco, secrétaire de l’Intersindical Alternativa de Cataluña (IAC) – Catalogne
  • Sophie Boiszeau, Initiative Communiste-Ouvrière – France
  • Angel Bosqued, membre du secrétariat aux relations internationales de la Confederación General del Trabajo (CGT) – État espagnol
  • Pascal Brun, secrétaire départemental de l’Union syndicale Solidaires du Var – France
  • Biel Caldentey, coordinateur international de la Confederación de Sindicatos de Trabajadores y Trabajadoras de la Enseñanza ; Intersindical – État espagnol
  • Anaïs Cintas, militante du syndicat CGT PEP -Lyon – France
  • Comités Syndicalistes Révolutionnaires – France
  • Confédération Solidaridad Obrera – Espagne
  • Annick Coupé, déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires – France
  • Shahla Daneshfar, coordinatrice du Comité de Solidarité Ouvrière Internationale – Iran
  • Pascal Descamps, militant du syndicat CGT ADDSEA, Besançon – France
  • Nicolas Dessaux, Solidarité Irak – France
  • Émancipation tendance intersyndicale – France
  • Stéphane Enjalran, membre de la commission internationale de l’Union syndicale Solidaires – France
  • Paco González, secrétaire du Sindicato Trabajadores del Metal – Intersindical Valenciana
  • Goran Gustafson, LO – Suède
  • Aleksa Gvozden, militant de l’Initiative Communiste-Ouvrière – France
  • Willi Hajek, coordinateur du réseau international syndical et associatif Transnationals Information Exchange (TIE).
  • Stéphane Julien, militant du SNUipp-FSU (tendance Émancipation) et de Solidarité Irak – France
  • Yadi Kohi, militant du syndicat CGT PEP – Lyon – France
  • Marcel Kounouho, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des services de la santé humaine (SYNTRASESH) – Bénin
  • Ali Lofti, secrétaire général de l’Organisation Démocratique du Travail (ODT) – Maroc
  • Christian Mahieux, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires – France
  • Vicent Maurí Genovés, secrétaire de la Confederación Intersindical – État espagnol
  • Frédéric Michel (SUD-Rail), coordinateur du réseau international syndical et associatif Rail Sans Frontières (RSF) – France
  • Giulio Moretti, responsable national de l’Organizzazione Sindacati autonomi e di base (Or.S.A.) – Italie
  • Saïd Nafi, responsable national de l’Observatoire des Droits des Travailleurs et des Libertés Syndicales au Maroc (ODTLSM) – Maroc
  • Arsalan Nazeri, responsable en Australie du Comité de Solidarité Ouvrière Internationale – Iran
  • Mamadou Niang, Département International CGTM – Mauritanie
  • Organisation Démocratique du Travail – Maroc
  • Vincent Présumey, secrétaire départemental de la FSU Allier – France.
  • Habib Rezapour, Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed Téhéran et Banlieue – Iran
  • Fernando Rodal, président de la Confederación Educadores Americanos – Uruguay
  • Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du SATEF ( Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Éducation et de la Formation) – Algérie
  • Luis Serrano, secrétaire aux relations internationales de la Confederación General del Trabajo (CGT) – État espagnol
  • Bahram Soroush, porte-parole du Comité de Solidarité Ouvrière Internationale – Iran
  • Bayla Sow, secrétaire général du Syndicat Unique des Travailleurs des Transports Aériens et Activités Annexes (SUTTAAAS) – Sénégal
  • Pierre Stambul, animateur national de la tendance Émancipation, SNES/FSU – France
  • Dirceu Travesso, secrétaire national  de la Central Sindical e Popular Conlutas (CSP-Conlutas)  – Brésil
  • Workers Party of America – États-Unis
  • Helmut Weiss, LabourNet – Allemagne
  • Brahim Yakine, secrétaire national de l’Organisation Démocratique du Rail (ODR) – Maroc
  • Syndicat Local Construction-Bois Ameublement CGT 31- France

Pétition à signer en ligne

Tract pdf

Brochure Israël/Palestine

31 juillet 2012

Compilation en petite brochure pdf (16 pages) de 4 textes parus en 2009-2011:

Cliquer sur l’image de couverture pour ouvrir le pdf

Rappel: Vous pouvez aussi télécharger la brochure (2,66 Mo) en cliquant sur le clic droit de la souris, puis sur « Enregistrer la cible du lien sous ».

Italie: les femmes à l’usine FIAT (1970)

5 juillet 2012

Présentation dans Root & Branch N° 2 (1971) de la traduction d’un article publié dans Lotta Continua en février 1970. (Les deux textes ont été traduits et sont téléchargeables sur le site du C.A.T.S. de Caen).

L’idée sous-jacente dans cet article est que la signification d’un combat dans un département au sein de l’usine, par exemple, ou d’une strate au sein de la classe ouvrière, dans ce cas les femmes, peut seulement être compris en termes de relation entre ce point particulier de lutte et les autres. L’importance d’une telle analyse est particulièrement visible dans le cas d’une ville comme Turin, dans laquelle chaque aspect de la vie sociale est déterminé par la stratégie de FIAT. Une écrasante majorité de la force de travail est employée directement par FIAT, ou par les compagnies comme Alpha-Romeo, qui appartient à FIAT. Le système de transport public est dirigé par la Compagnie, dans les mains de laquelle se trouve une part décisive si ce n’est la plupart des propriétés de la ville. Les hôpitaux sont la propriété de FIAT, les journaux sont sous sa coupe. Turin est FIAT. On pourrait même dire que le Nord de l’Italie dans
son ensemble est sous la dictature de l’automobile, avec des industries et d’énormes corporations comme Pirelli (pneus, caoutchouc), strictement corrélée avec l’industrie automobile, ou les usines chimiques à Porto Marghera (près de Venise). Cette dictature s’étend, de plus, au Sud de l’Italie, par son contrôle sur le niveau d’immigration vers le Nord industriel « riche ».

Dans ces circonstances, dans lesquelles le capital peut tenter de coordonner sa domination de la totalité de la vie dans une région complète, il est clairement nécessaire de comprendre et de diffuser des informations sur l’interrelation pas seulement entre différents secteurs de production mais aussi entre le lieu de travail et les aspects de la vie des travailleurs/euses, apparemment séparés mais en fait connectés. Mais la même tâche s’impose elle-même dans des situations sociales/économiques d’une plus grande complexité que celle qui vient d’être décrite et/ou celles dans lesquelles les capitalistes sont moins capables ou désireux de coordonner leurs tentatives de faire des profits. La signification des récentes grèves sauvages des chauffeurs routiers, par exemple, ne peut être comprise sans référence aux relations entre des industries de transport différentes et en concurrence, au rôle du transport dans l’économie d’aujourd’hui, sans parler des conditions générales de l’économie américaine. La prise en considération des luttes des noirEs dans une ville du Nord demande une compréhension de la mécanisation de l’agriculture dans le Sud, de l’étendue et des types d’emploi des noirEs dans le Nord etc… Le document qui suit est une tentative d’appliquer ce type d’analyse aux luttes des femmes ouvrières à Turin.

Il commence par montrer comment FIAT essaye d’utiliser les femmes pour briser la lutte que les travailleurs, principalement des hommes, ont mené dans les usines, spécialement depuis 1968. Il décrit ensuite l’importance grandissante des femmes au sein du combat de la classe ouvrière dans son ensemble, à la fois dans les ateliers et dans la vie sociale en général (famille, logement, santé, transport, école etc…).

Cette manière de regarder la situation découle de, et mène à un point de vue précis sur la manière suivant laquelle les militantEs de Lotta Continua souhaitent aider la lutte à se développer : en montrant comment au sein des intérêts spécifiques des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux et vieilles, des qualifiéEs et des non qualifiéEs, des employéEs et des chômeurs/euses peut être trouvé le même intérêt commun, la base pour une unité de classe qui ne supprime pas mais qui exprime les situations particulières des différents groupes dans la classe qui peuvent être comprises et sur lesquels on peut agir.

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Le fascisme – Promesses et réalités (Guérin, 1956)

5 septembre 2011

Brochure de Daniel Guérin au format pdf. Merci au C.H.T. de Nantes.

Cliquer sur l'image pour ouvrir le pdf (20,2 Mo)

La voix des sans-papiers N° 5

25 août 2011

Le N°5 de La voix des sans-papiers est sorti et est téléchargeable au format pdf (8 pages) ici. Ci-dessous son éditorial:

COORDINATION 75 DES SANS-PAPIERS : LA SCISSION

Ce numéro de notre bulletin sort bien méconnaissable par rapport au projet initial.
Depuis fin avril, une crise grave, concernant d’abord le seul collectif du 18e, étendue ensuite à tous les collectifs de la CSP75, secoue l’ensemble de la coordination parisienne formée en 2004, au point d’être désormais sentie de part et d’autre comme une scission véritable.
Quand l’idée de ce numéro a été lancée, il a été proposé et accepté par les deux parties selon ce plan de principe : 1) aller au-delà de l’événement brut pour en saisir les raisons de fond, 2) présenter les positions des uns et des autres « en regard », sur une page celles du « côté Sissoko », sur la page d’en face celles du « côté Danfakha », ou vice versa, et ainsi de suite.
Nous espérons ne pas avoir entièrement failli au premier point. Mais, pour le second, il en va tout autrement.
Le côté Danfakha avait d’abord (28 juillet) accepté et salué ce projet, et un premier rendez-vous collectif de travail avait été fixé au mardi 2 août. Mais deux jours avant, un mail nous avertissait qu’« on se fixera un autre rendez-vous plus tard ». Finalement, le dimanche d’après (7 août), à une réunion de leur groupe, Dramé et Danfakha nous ont annoncé qu’ils refusaient toute contribution au journal. Vaine a été toute tentative de les convaincre.
Que faire ? Mieux vaut une information incomplète, que pas du tout d’information. L’assistance a alors été avertie que le travail d’interviews et de rédaction des articles était, côté Sissoko, bien avancé, que donc le journal paraîtrait avec les seules positions de cette partie. La réponse a été que la leur se réservait un « droit de réponse » (Dramé), bien improbable, vu le caractère épisodique de notre publication : ceci a été exprimé de manière appuyée, au cours de la tentative de persuasion.
C’est donc largement incomplet que paraît ce numéro de la Voix des sans-papiers. Il y a là une situation subie, contraire à notre volonté, voulue par d’autres pour des raisons inexpliquées. Mais il s’en trouvera qui nous accuseront quand même de « prendre parti»… Eh bien voilà, c’est déjà fait : avant même que le journal ne sorte. Et du côté d’où on se l’attendait le moins.
La FASTI ne saurait être trop remerciée d’avoir été la seule association parisienne à appuyer publiquement l’occupation de la Bourse du travail par les sans-papiers de la CSP75, et d’avoir, depuis, durant trois ans, mis ses locaux et son matériel à la disposition des publications qui se sont succédé.
Seulement voilà : alors que la plupart des articles de ce numéro étaient rédigés et que la composition allait commencer, par lettre du 11 août remise le jour même (adressée aux « membres des collectifs de sans-papiers »), la FASTI nous a annoncé qu’elle n’entendait « pas prendre position pour l’une ou l’autre des parties » : en conséquence notre publication devait cesser de se servir du matériel de l’association.
Vaines ont été nos protestations d’indépendance et autonomie du journal par rapport à quelque collectif que ce soit, vains nos arguments touchant l’information correcte : différence entre information partielle (incomplète) et partiale (qui prend parti): c’est en faisant obstacle à l’information de se faire et circuler, qu’on « prend position », même sans le vouloir. En l’occurrence, pour ceux opposés à la parution du journal.
Et c’est pourquoi ce numéro, réalisé en plein mois d’août avec des moyens de fortune, paraît avec une semaine de retard.

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Après le capitalisme: économie participative ou monde sans argent ?

22 juin 2011

Vidéo (en anglais) du débat contradictoire organisée à Londres le 23 octobre 2010 entre l’anarcho-chaviste Michael Albert et Adam Buick, du Parti socialiste de Grande-Bretagne. On lira aussi avec amusement le voyage de Michael Albert au Venezuela dans le livre de Rafael Uzcátegui, p. 218-220.

L’avenir lugubre du capitalisme

12 juin 2011

Le numéro de juin de la revue libertaire en ligne Divergences publie une traduction en français de l’article de Paul Mattick junior Capitalism’s Dismal Future: lire ici.

Paul Mattick jr est l’auteur d’un nouveau livre (en anglais): Business as usual. On peut lire en français Le jour de l’addition publié dans la revue Échanges puis chez L’insomniaque éditeur en mai 2009.

Le parti de la mystification (Rubel, 1976)

30 Mai 2011

Article de Maximilien Rubel paru dans Le Monde du 7 mai 1976. [Nous avions déjà publié sa traduction en anglais par A. Buick: The Dictatorship of the Proletariat ].

Dans le débat sur l’« abandon » par le parti communiste français de la dictature du prolétariat, personne ne semble avoir mentionné un fait qui méritait pour­tant d’être mis en lumière. Il permet d’éclairer, en effet, mieux que tout autre le sens et la nature de cette démarche : c’est le parti qui s’arroge le droit de décider si le prolétariat doit ou non exercer sa dictature ; c’est le parti, voire son secrétaire entouré de ses idéologues, qui, se substituant à la classe et à la masse des travailleurs, décide de rayer d’un trait de plume ce qui, selon Marx, représente une « période », transitoire certes, mais nécessaire et inévitable de l’évolution de la société et nullement un phénomène accidentel susceptible d’être abandonné ou accepté au gré des impératifs de la nouvelle stratégie politique dictée par le programme commun. Le parti se garde bien de remettre en question l’essentiel, à savoir ses prérogatives, de représentant autoproclamé de la classe ouvrière. C’est toujours lui qui, par la voix de ses chefs, décide au lieu et place de la classe ouvrière, c’est lui qui définit la nature et la forme que doit prendre l’action de cette classe ; et rien ne garantit que l’abandon de la dictature du prolétariat entraîne l’abandon de la dictature sur le prolétariat, la seule qui importe au parti.

Le concept de dictature du prolétariat est partie intégrante de la théorie du développement du mode de production capitaliste et de la société bourgeoise, développement dont Marx affirme avoir révélé « la loi naturelle ». Engels range cette théorie parmi les deux grandes découvertes scientifiques de son ami, après la conception matérialiste de l’histoire comparable à la découverte de Darwin : « Ainsi que Darwin a découvert la loi de l’évolution de la nature organique, Marx découvrit la loi de développement de l’histoire humaine. » Le postulat politique de la dictature du prolétariat s’inscrit dans la perspective d’une société capitaliste pleinement développée, terrain de l’affrontement entre une classe possédante fortement minoritaire, mais au sommet de son pouvoir, et une classe ouvrière largement majoritaire, dépossédée économiquement et socialement, mais intellectuellement et politiquement mûre et apte à établir sa domination par la « conquête de la démocratie » au moyen du suffrage universel. Parvenu à cette position dominante, le prolé­tariat n’usera de la violence que pour répondre à la violence, au cas où la bourgeoisie quitterait le terrain de la légalité afin de conserver ses pri­vilèges de domination. La dictature du prolétariat est décrite dans la conclusion du Capital comme « ex­propriation des expropriateurs » , autrement dit comme « expropriation de quelques usurpateurs par la masse ».

Tout en étant limitées à une étape déterminée de l’évolution globale du genre humain, les lois et les tendances du développement de l’économie capitaliste « se manifestent et se réalisent avec une nécessité de fer », les pays développés industriellement montrant aux pays moins développés « l’image de leur propre avenir ». Donnant la parole à un cri­tique russe du Capital, Marx souscrivait sans réserve à une interprétation qui mettait tout l’accent sur le déterminisme implacable de sa théorie sociale : elle « démontre, déclarait ce critique, en même temps que la nécessité de l’organisation actuelle, la nécessité d’une organisation dans laquelle la première doit inévitable­ment passer, que l’humanité y croie ou non, qu’elle en ait ou non conscience ». Marx lui-même n’est pas moins catégorique : « Lors même qu’une société est arrivée à découvrir la piste de la loi naturelle qui préside à son mouvement (…) elle ne peut dépasser d’un saut ni abolir par des décrets les phases de son développement ; mais elle peut abréger la période de la gestation et adoucir les maux de leur enfantement. » (Le Capital.)

Que faudrait-il penser d’une société de savants qui oserait proclamer le « renoncement » à la loi newtonienne de l’attraction universelle ou aux lois mendéliennes de la hybridation des plantes et de l’hérédité chez les végétaux ? Et qui invoquerait, pour justifier sa décision, le caractère « non dogmatique » de ces lois, sans se soucier de les réfuter par des méthodes scientifiques, mais en prétextant un profond changement des modes de pensée dans les classes non intellectuelles ? Cette société « savante » se couvrirait de ridicule. Telle est pourtant l’attitude de la compagnie savante se disant communiste et marxiste qui, tout en se réclamant d’une théorie dont elle ne cesse de souligner le caractère scientifique, en rejette l’enseignement majeur, celui même qui intéresse l’existence de la majorité des hommes : agissant au nom du « socialisme scientifique », ses dirigeants et idéologues ne déclarent-ils pas que l’évolution des sociétés capitalistes a rendu caduc l’impératif de la dictature du prolétariat, ce qui équivaut à remettre en question une thèse que Marx lui-même considérait comme son principal apport au socialisme scientifique.

Il importe peu de savoir si l’ « abandon de la dictature du prolétariat » répond à des impératifs de tactique électorale ou renvoie à d‘autres préoccupations : car cet « abandon » signifie au fond que les responsables de la politique du parti écartant du débat le principal intéressé, le prolétariat, qui seul a pour « mission historique » de libérer les sociétés de l’esclavage de l’argent et de l’Etat, donc d’exercer sa dictature. Ainsi le veut la science de Marx autant que le simple bon sens non marxiste : la dictature du prolétariat ne pouvant être que l’affaire des exploités – donc de la presque totalité de l’espèce humaine, – la décision d’un parti, quel qu’il soit, d’effacer un postulat dont la portée éthique le dispute au revêtement scientifique ne saurait avoir le moindre effet sur l’évolution de la société et la vocation révolutionnaire et émancipatrice des esclaves modernes. Car si le mouvement ouvrier est, d’après le Manifeste communiste, « le mouvement de l’immense majorité dans l’intérêt de l’immense majorité », la dictature du prolétariat peut être définie comme la domination de l’immense majorité dans l’intérêt de l’immense majorité, autre­ment dit, l’autodétermination du prolétariat. En somme, elle est censée réaliser les promesses d’une démocratie intégrale, l’autogouvernement du peuple, contrairement à la démocatie partielle (bourgeoise) dont les institutions assurent la dictature des possédants – du capital contrôlant le pouvoir politique, donc d’une minorité de citoyens – sur les non-possédants, donc sur l’immense majorité des citoyens. Dans ces conditions, comment expliquer qu’un parti se réclamant de Marx et du communisme abandonne une conception de la dictature du prolétariat qui – à tort ou à raison – annonce l’avènement de la démocratie intégrale ?

Alors qu’avant 1917 Lénine rêvait pour la Russie d‘un autogouvernement des ouvriers et des paysans, après la prise du pouvoir, il s’orientera vers la conception d’une dictature du prolétariat susceptible d’être exercée par la « dictature de quelques personnes », voire « par la volonté d’un seul » ; cette conception correspondait parfaite­ment à l’état économique et social d’un pays qui pouvait tout « développer » excepté le… socialisme, la dictature du parti ayant pour objectif la création du prolétariat « soviétique » et non l’abolition de celui-ci. donc la mise en place de rapports sociaux compatibles avec l’exploitation du travail salarié et là domination de l’homme par l’homme. C’est à cette école et non à celle de Marx que les dirigeants des partis communistes ont pris leurs leçons d’hommes politiques. C’est eux-mêmes qu’ils condamnent en prenant leur distance avec un régime qui a su construire pour des millions de paysans prolétarisés un archipel de bagnes dont la description n’a d’analogue que l’Inferno de Dante.

L’impératif de la dictature du prolétariat implique la vision de l’abrègement et de l’adoucissement des maux d’enfantement de la société enfin humaine. Les révolutions « marxistes », russe et chinoise, n’ont fait que susciter le mal qu’elles sont censées avoir supprimé. Telle est la mystification de notre époque. Et si les partis dits ouvriers peuvent décréter l’« abandon de la dictature du prolétariat », n’est-ce pas parce que le prolétariat n’a pas (encore ?) cette conscience révolution­naire que la conception matérialiste de l’histoire tient pour le résultat fatal du devenir-catastrophique du mode de production capitaliste en pleine expansion mondiale ?

Novedad Editorial: Los Comités de Defensa de la CNT en Barcelona (1933-1938)

22 Mai 2011

Présentation en espagnol du nouveau livre de notre ami Agustín Guillamón.

Los Comités de Defensa de la CNT en Barcelona (1933-1938).
De los cuadros de defensa a los Comités revolucionarios de barriada, las Patrullas de control y las Milicias Populares.
por Agustín Guillamón.
Aldarull edicions.

« La derrota del Ejército fascista por el pueblo de Barcelona, el 19 de Julio de 1936, es uno de los mitos más arraigados de la historia de la Revolución social española. La « espontaneidad » de la respuesta obrera y popular al levantamiento militar fue catalizada y coordinada por los Comités de Defensa de la CNT. Esos comités fueron los núcleos del ejército de milicias, que delimitaron el Frente de Aragón en los días siguientes. También pusieron las bases de los numerosos comités revolucionarios de barriada, que controlarían Barcelona hasta la reinstauración del poder burgués de la Generalitat, con el apoyo imprescindible de los comités superiores de la CNT y de la FAI. La insurrección “espontánea” de mayo de 1937 contra la contrarrevolución, dirigida por el estalinismo, tampoco puede explicarse sin los Comités de Defensa de los barrios de Barcelona.
Este libro pone de manifiesto la existencia de diversas formas de entender la CNT y la esencia misma de la Revolución libertaria en el seno del movimiento anarcosindicalista de la época. Estas diferencias, a lo largo del periodo republicano, y durante la Guerra Civil, produjeron numerosos choques entre los defensores intransigentes de la revolución desde los comités de base y los que entendían la CNT-FAI como un partido más del campo antifascista, siempre con la excusa de la gravedad del momento. Finalmente, tanto unos como otros, fueron derrotados políticamente a lo largo de la guerra. Se deja entrever la forma que podría haber adoptado la sociedad libertaria, en una Barcelona cohesionada y vertebrada a través de los comités de barriada, protegidos por los Comités de Defensa.
Las revoluciones sociales, esas tentativas de reorganización de la producción y de la sociedad sobre nuevas bases, son extremadamente raras en la historia. Más allá de las circunstancias particulares en que surgieron, nos aportan siempre una experiencia insustituible, tanto en sus éxitos como, sobre todo, en sus fracasos. La gran enseñanza de la revolución de 1936 fue la necesidad ineludible de la destrucción del Estado. »