Suite de la brochure publiée en supplément d’Invariance en 1973, pour laquelle nous avons déjà publié les textes du K.A.P.D. et de l’A.A.U.D. Merci à la bibliothèque mobile La Pensée sauvage de l’Assemblée libertaire de Caen.
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Note: KAI. Internationale Communiste Ouvrière. Sa naissance coïncide et accélère la décomposition du KAPD (1922). Après l’ échec de Moscou le Comité Central du KAPD décide de préparer la fondation d’une quatrième Internationale, regroupant les groupes « de gauche » de tous les pays. Cette activité prenant beaucoup d’énergie au parti, sa majorité se prononce rapidement contre, demandant que tous les efforts soient faits pour développer d’abord le KAPD lui-même en Allemagne. Il en résulte une opposition entre partisans de la KAI (la direction du KAPD) et ceux qui trouve que cette fondation est prématurée et qui se mettent à s’occuper des luttes salariales (qui réapparaissent au premier plan après la fin des insurrections. Ceci mène à la scission du KAPD en mars 1922 entre la majorité « pragmatiste » (tendance de Berlin) et une extrême minorité, dite « dogmatique » (tendance de Essen) avec donc la plupart des intellectuels du KAPD et Gorter lui-même. Ils fondent la KAI après la scission; y adhèrent quelques groupes (le parti communiste ouvrier de Bulgarie, 1000 membres, celui de Hollande, divers petits groupes). Déjà très petite à son premier congrès, la KAI se réduit de plus en plus et n’est plus rapidement qu’un bureau, émettant des textes de temps en temps. Cf. Gorter. Die Kornmunistische Arbeiter Internationale. 1923 (édité par Kommunismen. Post boks 61. 2880 Bagsvaerd (Danemark). Cf. bibliographie.
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LIGNES DIRECTRICES DE LA K.A.I. (extraits)
La Troisième Internationale.
1. La 3ème Internationale est une création russe, une création du parti communiste russe. Elle fut créée pour soutenir la révolution russe, c’est-à-dire une révolution en partie prolétarienne, en partie bourgeoise.
2. De par le caractère double de la révolution russe, dans la mesure où la 3ème Internationale devait soutenir aussi bien la révolution russe prolétarienne que la révolution russe bourgeoise, donc de par le caractère double de son but également, la 3ème Internationale devint une organisation en parti prolétarienne, en partie capitaliste.
3. Dans la mesure où elle appelait à la révolution, à l’expropriation des capitalistes, elle était une organisation prolétarienne pour la suppression du capitalisme; dans la mesure où elle conservait le parlementarisme, les syndicats, la dictature de parti et la dictature des chefs, elle était une organisation bourgeoise, crée pour maintenir le capitalisme en place et pour le construire. Car le parlementarisme, les syndicats et la dictature de parti ou la dictature des chefs conduisent non pas au communisme, mais au maintien du capitalisme.
4. La 3ème Internationale fut ainsi dès le début une organisation en partie contre-révolutionnaire.
5. Dans les pays européens cette organisation ne conduisit pas non plus à la victoire mais à la défaite du prolétariat.
6. Maintenant que depuis le printemps 1921, le parti bolchevique qui exerce sa dictature sur la Russie est passé au capitalisme, il a contraint rapidement la 3ème Internationale à revenir au capitalisme, et la 3ème Internationale devint alors effectivement, à partir de l’été 1921, complètement capitaliste et bourgeoise. La révolution fut abandonnée, on n’aspira plus qu’à des réformes, son but devint la reconstruction du capitalisme.
7. Comme le capitalisme russe doit être reconstruit, et comme ce capitalisme ne peut être reconstruit sans la remise en état et la reconstruction du capitalisme européen, la 3ème Internationale fut forcée d’abandonner la révolution et de revenir au réformisme, c’est-à-dire de se donner comme but la reconstruction du capitalisme.
8. Et pour reconstruire le capitalisme, la 3ème Internationale — de même que le parti bolchevique russe, maintenant capitaliste, noue des liens avec les gouvernements capitalistes européens et avec le capitalisme européen pour reconstruire le capitalisme russe — noue maintenant des liens avec la 2ème Internationale, l’Internationale 2 1/2 (*) pour la reconstruction du capitalisme européen.
9. Le but de la 2ème Internationale, de l’Internationale 2 1/2 et de la 3ème Internationale est ainsi le même: c’est celui des États et des gouvernements capitalistes. Le front unique de ces trois internationales est le front unique avec le capitalisme.
10. Alors que le capitalisme se trouve dans une crise mortelle et ne voit plus aucune issue, le gouvernement soviétique et la 3ème Internationale se proposent pour le sauver.
11. C’est pourquoi la 3ème Internationale, de même que le parti bolchevique russe, sont devenus des organisations tout à fait contre-révolutionnaires, qui trahissent le prolétariat. Il faut la mettre dans le même sac que la 2ème Internationale et l’Internationale 2 1/2.
12. De même que le prolétariat dans tous les pays est un moyen aux mains des partis social-démocrates, bourgeois et réactionnaires de maintenir le capitalisme, de le reconstruire et de le répandre sur le monde, en donnant le gouvernement et le pouvoir à ces partis et à leurs chefs, de même le prolétariat est maintenant un instrument dans les mains de la 3ème Internationale elle aussi et dans le même but. Son but n’est pas la révolution, la libération du prolétariat, mais le pouvoir personnel dans l’Etat bourgeois et l’esclavage du prolétariat.
L’Internationale Communiste Ouvrière.
1. Autant la situation de l’ensemble du prolétariat international, à l’intérieur du capitalisme mondial qui se trouve dans sa crise mortelle, exige la révolution prolétarienne comme l’accomplissement de sa tâche pratique actuelle, aussi peu d’un autre côté les dispositions intellectuelles et les rapports organisationels de la classe ouvrière mondiale correspondent à cette exigence historique. La majorité écrasante du prolétariat mondial est prisonnière des modes de pensée de la propriété privée bourgeoise et des formes de la collaboration de classe internationale entre capitalisme et prolétariat, formes qui, chacune de son côté, bien qu’il s’agisse d’un processus unifié, prêtent main forte à toutes les organisations existantes du prolétariat; cela place les prolétaires révolutionnaires de tous les pays devant la conséquence historiquement inévitable de la fondation d’une nouvelle internationale prolétarienne.
2. Cette nouvelle internationale prolétarienne, l’Internationale Communiste Ouvrière, représente la lutte de classe prolétarienne pure, dont la tâche pratique est l’abolition de la propriété privée bourgeoise-capitaliste et sa transformation en propriété commune prolétarienne-socialiste. Par-delà cet objectif elle lutte fondamentalement pour la réalisation de la société communiste.
3. Reconnaissant que les conditions objectives sont données pour le renversement de la bourgeoisie et la domination du prolétariat, elle met au premier plan de son activité le principe du développement de la conscience de classe du prolétariat, c’est-à-dire qu’elle veut amener le prolétariat à reconnaître qu’il est historique ment nécessaire d’éliminer immédiatement le capitalisme; par là elle veut éveiller en lui la volonté effective de faire la révolution prolétarienne.
4. La réalisation de tels buts exige comme condition première le caractère ouvertement anticapitaliste (du point de vue de la forme comme du contenu) de son organisation et de la direction de toute sa lutte. Son point de repère suprême n’est pas l’intérêt particulier des groupes ouvriers nationaux pris isolément, mais l’intérêt commun de l’ensemble du prolétariat mondial: la révolution prolétarienne mondiale.
5. Comme premier pas sur le chemin qui mène à son but elle s’efforce d’atteindre la proclamation de la dictature de classe du prolétariat sous la forme de la destruction des puissances étatiques capitalistes et de l’instauration de puissances étatiques prolétariennes (Etats des conseils). Elle rejette toutes les méthodes de lutte réformistes et combat avec les armes antiparlementaires et antisyndicales de la lutte de classe prolétarienne-révolutionnaire pour la création de conseils ouvriers révolutionnaires et d’organisations révolutionnaires d’entreprise (Unions Ouvrières).
6. En particulier elle combat les organisations internationales existantes du prolétariat (les Internationales de Londres, de Vienne et de Moscou) qui, en tant que complices de la bourgeoisie dans leur effort commun de reconstruire le capitalisme mondial, s’efforcent de réaliser le front unique de la bourgeoisie et du prolétariat contre la révolution prolétarienne mondiale, et représentent en conséquence l’obstacle le plus dangereux pour la libération du prolétariat.
Kommunistische Arbeiter – Zeitung (Essener Richtung). («Journal Communiste Ouvrier» – tendance d’Essen)(3) 1922. n. 1
(*) Internationale 2 1/2: nom ironique donné par les bolcheviks à l’Union de Vienne avec O. /Bauer, Kautsky. Bernstein etc. regroupant de 1921 à 1923, ce qui restait des partis centristes après l’admission des « gros partis » dans la 3ème Internationale. Y étaient aussi des menchéviks russes. Retournent dans la 2èrne Internationale en 1923.
17 Mai 2012 à 09:05
[…] en Russie: interview de Sapronov (1922) * Kommunistische Arbeiter – Zeitung (Essener Richtung): Lignes Directrices de la K.A.I. (1922, Auszug) * Anton Pannekoek: Lettre à Erich Mühsam (1920) * Serge Bricianer: Introduction à […]
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27 Mai 2012 à 00:01
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3 juin 2012 à 09:45
[…] Textes du KAPD, [2]: Textes de l’Union générale des travailleurs d’Allemagne (AAUD), [3]: l’Internationale communiste ouvrière (K.A.I.). Cliquer pour ouvrir le […]
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