Histoire du GRP (P. Lanneret, 1989)

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Extrait d’un article de Pierre Lanneret paru dans les Cahiers Léon Trotsky , Numéro 39 (1989) a propos du groupe qui publiait le Réveil prolétarien d’où est issu le texte précédemment publié sur ce site. Cet article de Lanneret a été développé dans une brochure parue chez Acratie en 1995, disponible en ligne en anglais et en italien.

Groupe des révolutionnaires prolétariens – Union des communistes internationalistes (G.R.P.-U.C.I.)

A la fin de l’année 1941, des militants isolés, d’origine diverse, se rencontrent pour renouer des contacts anciens et prendre une décision. Il faut remarquer qu’à cette époque, bordiguistes et RKD se trouvaient dans le Midi de la France. Un accord général se fait sur la nature impérialiste de la guerre et sur la définition de la Russie comme un système capitaliste d’Etat.

Les membres viennent de groupes trotskystes, anarchistes, et de divers groupes d’opposition allemands, et représentent plusieurs nationalités. En fait, certaines discussions se font en allemand, les Français étant minoritaires.

En 1943, le G.R.P. fait paraître un manifeste qui affirme que la guerre impérialiste devrait être transformée en guerre civile contre tous les gouvernements capitalistes, le but final étant la république internationale des conseils. Comme mesure pour l’immédiat, le manifeste préconise la propagande et la fraternisation avec les soldats et les ouvriers allemands, dénonciation des buts impérialistes, soutien des revendication économiques des travailleurs, la lutte contre la déportation de travailleurs en Allemagne, organisée par le gouvernement de Vichy et les nazis, et la formation de groupes révolutionnaires dans les usines, premier pas vers la constitution de milices ouvrières et de cmités d’usine. Après avoir rendu hommage à Trotsky, le manifeste déclare que la IV° Internationale a été incapable d’unifier les trotskystes et l’est par conséquent encore plus de regrouper tous les révolutionnaires. Leurs méthodes bureaucratiques l’ont vidée de toute vie réelle et son attachement dogmatique à l’expérience russe est un obstacle à tout  progrès théorique. Il faut édifier une véritable Internationale.

En raison de sa composition sociale et des nationalités qui s’y côtoient, le groupe est vulnérable et particulièrement démuni de moyens matériels. De façon tout à fait légitime, ses ambitions sont modestes. Des contacts sont établis avec quelques jeunes trotskystes et beaucoup plus tard les RKD et avec un groupe anarchiste qui s’est récemment constitué en vue d’une action concertée. Ces deux derniers contacts n’apportent rien A la libération de Paris, le groupe essaie de se procurer quelque argent et du matériel, mais n’y parvient pas. Des opuscules bilingues sont distribués — plus par désir de faire un geste que dans l’illusion qu’ils auront un effet quelconque. En 1944, faisant une concession aux jeunes adhérents français qui ont encore un attachement sentimental à la tradition trotskyste, le G.R.P. devient l’Union des communistes internationalistes pour la IV° Internationale.

Les publications du G.R.P.-U.C.I. sont bien connues pour la médiocrité de leur impression. Jusqu’à janvier 1945, le groupe fit paraître 16 numéros du Réveil prolétarien et 5 ou 6 d’une revue théorique, La Flamme. Dans les deux derniers numéros (imprimés de façon honnête en 1946), l’évolution du groupe vers les positions des communistes des conseils apparaît nettement.

Après la Libération de Paris, un travail de pénétration limitée chez les Jeunesses socialistes apporte un sang nouveau dans le groupe et la possibilité de nouveaux contacts. Mais le G.R.P.-UCI — c’est aussi le cas des autres organisations — est mal préparé à assimiler ces nouveaux sympathisants qui, sans aucun doute, sont motivés par une saine réaction contre la collaboration de classe mais qui sont politiquement inexpérimentés et enclins à se décourager facilement par l’atmosphère raréfiée du groupe et son absence de possibilité d’expression. Quelques membres quittent le groupe, certains, des étrangers, quittent la France, pas tellement à cause de réelles divergences que par désir d’explorer d’autres possibilités. Le groupe  entre dans le déclin et cesse de fonctionner en 1947. Il a rempli un rôle utile pendant la guerre et il convient de remarquer qu’en dépit d’évolutions différentes, les anciens membres du groupe semblent avoir maintenu entre eux des contacts amicaux.

La Flamme, revue de l'Union des communistes internationalistes (1946)

La Flamme, revue de l’Union des communistes internationalistes (1946)

Voir aussi:

Une Réponse to “Histoire du GRP (P. Lanneret, 1989)”

  1. La naissance du groupe Thalmann « La Bataille socialiste Says:

    […] avons récemment publié un extrait sur l’ Histoire du Groupe Révolutionnaire Prolétarien par P. Lanneret et un article (Pourquoi des conseils d’usine ?,1944) de ce groupe. Nous en […]

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