Bilan de la Terreur en U.R.S.S. (Faits et Chiffres) (1936)

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A force d’entendre parler de l’impitoyable dictature bolchéviste et de lire dans les journaux des nouvelles sinistres ou des récits horrifiants à propos d’exécutions capitales en série, d’arrestations et déportations en masse, le public devient blasé et perd la notion exacte de ces choses atroces.

On finit même par n’y plus prêter qu’une attention vague ou résignée, quand ce n’est pas indifférence ou scepticisme. L’on s’habitue à tout, à la répression com me à la guerre, surtout si ce sont d’autres qui en souffrent.

Il importe pourtant que les travailleurs de tous les pays sachent la vérité sur le régime intérieur de l’U.R.S.S. et prennent conscience du malheur qui pèse sur leurs frères « soviétiques » et les écrase. A défaut de la plus élémentaire solidarité humaine, pour ne pas évoquer une imaginaire « solidarité de classe », leur strict intérêt bien compris serait au moins de se tenir sur leurs gardes.

En France, hors de certaine presse qui a longtemps donné le mauvais exemple de l’information tendancieuse sur l’U.R.S.S. et qui, dans son ensemble, depuis deux ou trois ans, pour des raisons de politique extérieure, déforme aujourd’hui en sens contraire, quelques publications seulement (du côté socialiste, syndicaliste ou communiste) ont donné aux travailleurs des renseignements précis et sérieux sur la répression et la terreur exercées par Staline contre les ouvriers, les paysans, les intellectuels, contre tous les Russes coupables ou simplement suspects de penser.

Le Populaire lui-même, organe du parti socialiste, a cessé ou presque de publier des informations sur le sort des militants social-démocrates de l’U.R.S.S. emprisonnés ou déportés sans jugement, attitude inexplicable à moins que l’entente politique du « Front Populaire » ne prime la traditionnelle solidarité socialiste internationale.

Les rares publications d’extrême-gauche qui aient divulgué la vérité ou s’y efforcent, dans la mesure où des renseignements valables leur parviennent à travers les multiples censures de Staline, sont malheureusement de faible tirage comme le Bulletin Communiste (qui a cessé de paraître), la Révolution Prolétarienne (revue syndicaliste), le Courrier Socialiste (organe social-démocrate en langue russe), le Combat Marxiste (revue socialiste), la Critique Sociale (revue des idées et des livres), le Bulletin de l’Opposition (en russe, publié par Trotski), le Libertaire, le Combat Syndicaliste, l’En-Dehors et quelques autres, plus éphémères ou confidentielles. Le grand public est donc encore mal informé ou ne l’est pas du tout. Aussi faut-il attirer son attention et, si possible, secouer sa torpeur en lui mettant sous les yeux, sous une forme accessible, les faits et les chiffres impressionnants relevés par diverses personnes tout à fait dignes de foi et bien au courant. La valeur de ces données fragmentaires est indiscutable et n’a jamais été discutée, pas plus que celles des publications d’avant-garde ci-dessus désignées. La presse dite communiste n’a jamais pu les réfuter et n’a même pas osé les contester.

Le silence des agents de Staline en France a toute la valeur d’une confirmation implicite. Raison de plus pour diffuser largement ce Bilan de la Terreur en U.R.S.S.

Citons d’abord un premier texte de B. Souvarine, écrivain communiste indépendant et spécialisé en matière de problèmes russes. Questionné en 1934 par des personnalités du parti socialiste qui semblaient ignorer tout des persécutions dont leurs camarades de l’U.R.S.S. sont victimes, B. Souvarine leur remit une brève notice énumérative que voici :

LES PERSÉCUTIONS EN U. R. S. S.

Il y a en U.R.S.S. plusieurs millions de déportés ou de bannis de toutes catégories et des centaines de milliers de détenus politiques dans les prisons, les isolateurs et les camps de concentration.

Ce sont la plupart d’obscurs travailleurs, ouvriers ou paysans, sans notoriété ni soutien. A de rares exceptions près, ils ont été condamnés par voie administrative, c’est- à-dire par une procédure sommaire et secrète sans instruction contradictoire, sans procès, sans témoins, sans défense. A l’expiration de leur peine, la Guépéou la renouvelle automatiquement si tel est son bon plaisir.

Parmi les victimes de cet arbitraire illimité figurent aussi des représentants de toutes les nuances de l’opinion révolutionnaire non conformiste, même passifs ou retirés de toute action sociale. Il s’y trouve également des suspects de toutes sortes ou soi-disant tels, sous diverses étiquettes politiques ou religieuses. Un essai d’énumération des tendances frappées donnerait à première vue le résultat suivant :

1° Des communistes hétérodoxes qui n’appartiennent à aucune fraction comme D. Riazanov, fondateur de l’Académie Communiste et de l’Institut Marx-Engels ; comme Victor-Serge, écrivain communiste, etc. (Rappelons que la presse soviétique monopolisée ne donne aucune publicité à cette répression, que l’on ignore à moins d’un hasard, relations personnelles, liens de parenté, etc.).

2° Les communistes ayant appartenu aux groupes dénommés « Vérité ouvrière », « Groupe ouvrier » et « Opposition ouvrière », et prolétaires pour la plupart.

3° Les communistes de la tendance dite de Sapronov- Smirnov, y compris leurs deux leaders, ancienne frac tion du « Centralisme démocratique » ou « Détsistes ».

4° Les communistes de gauche ou « trotskistes » ; d’après leur chef de file, leur nombre s’est élevé à quel que 5.000 individus. 5° Un groupe de communistes géorgiens taxés de « déviation nationale » et apparentés aux précédents.

6° Divers communistes de droite, ancienne fraction Rykov-Boukharine-Tomski, comme Rioutine, Sliepkov, Esmondt, etc.

7° Des socialistes hors parti, comme Bazarov, traducteur du Capital de Marx, longtemps collaborateur de Maxime Gorki.

8° Les socialistes menchéviks, parmi lesquels le vieil écrivain Tchérévanine, âgé de 68 ans ; Koutchine, con damné à dix ans de détention pour avoir assisté à une réunion de l’Internationale Socialiste ; Iejov, frère de Martov; Eva Broïdo, Ber, Braunstein, etc.

9° Les socialistes-révolutionnaires de gauche, anciens alliés des bolchévîks lors du coup d’État d’Octobre ; parmi eux Marie Spiridonova, Irène Kakhovskaïa, Kamkov, Maïorov, Troutovski, etc.

10° Les socialistes-révolutionnaires du centre et de droite, dont les condamnés du procès de 1922 maintenus en exil au-delà de leur peine, Gotz, Timoféiev, Donskoï, etc.

11° Les Bundistes (parti socialiste juif).

12° Les socialistes de Géorgie, déportés ou incarcérés dans leur quasi totalité.

13° Diverses nuances de socialistes nationaux d’Ukraine.

14° Les socialistes d’Arménie.

15° Les socialistes Israélites du groupe Poale-Zion.

16° Les anarchistes et syndicalistes de toutes nuances comme Baron, Barmasch, Kaïdanov, Kakhordine, Andréiev, etc.

17° Les Tolstoïens.

18° Les Sionistes.

19° Les adeptes des diverses sectes ou confréries religieuses.

20° Les restes des anciens partis politiques bourgeois.

Mais la grande masse des déportés se compose sur tout de paysans « dékoulakisés » lors de la collectivisation forcée et d’ouvriers arrêtés au cours de grèves. M. Walter Duranty, apologiste de Staline et « ami de l’U.R.S.S.  » évaluait à 2.000.000 le nombre des paysans déportés au début de 1931 (New-York Times du 3 février 1931), mais son estimation restait au-dessous de la réalité et les déportations n’ont pas cessé dans la suite. Au total, on peut considérer comme un minimum le chiffre de 5.000.000 de paysans déportés.

A signaler encore parmi les victimes de l’arbitraire policier en U.R.S.S. les savants et les techniciens décrétés coupables de « nuisance » ou sabotage.

Les « Commissions Extraordinaires » (Tchéka) avaient été crées, comme leur nom l’indique, pour une période extraordinaire, c’est-à-dire pour la guerre civile, laquelle a pris fin en 1921. Mais treize ans après ces circonstances extraordinaires qui expliquaient les me sures extraordinaires de la Tchéka, la Guépéou dispose toujours, use et abuse, des mêmes pouvoirs extraordinaires.

La peine de mort n’a jamais figuré au programme des bolchéviks. C’est son abolition que préconisaient Lénine et ses disciples. Aujourd’hui, elle est inscrite dans le Code pour les délits les plus anodins, comme le glanage de quelques épis dans les champs (atteinte à la propriété d’État) ou le départ d’un sujet soviétique pour l’étranger (qualifié de fuite et de trahison).

Un certain « Comité pour la libération de Thaelman » lance un appel qui conclut : « Ceux qui se taisent se rendent coupables. Ceux qui ne font rien aident Hitler ». A plus forte raison sont coupables ceux qui taisent les persécutions accomplies en U.R.S.S. sous le drapeau usurpé du socialisme et qui, par leur indifférence ou leur apathie, aident Staline.

B. SOUVARINE.

Quelque temps après la circulation de cette notice, le Populaire ayant publié un article de Th. Dan à l’occasion de l’anniversaire du vieux socialiste Tchérévanine emprisonné, cet article fit son effet à Moscou : l’incarcération de ce vieillard de 70 ans au mépris de tout droit, de toute justice, sans inculpation ni jugement, fut commuée en déportation sibérienne. C’était un léger progrès. Preuve que si l’on se donnait la peine de pro tester, en France et ailleurs, les bolchéviks seraient obligés de tenir compte des manifestations de la réprobation générale.

***

Dans sa brochure : Les Prisonniers politiques dans la République des Soviets, R. Abramovitch, membre du Bureau Socialiste International et l’un des principaux leaders du Parti social-démocrate ouvrier de Russie, écrit ce qui suit :

« Si l’on considère les statistiques officielles de personnes fusillées après verdicts judiciaires et si l’on ajoute le nombre de celles exécutées par voie « administrative » par la Guépéou, on constate qu’aucun pays au monde ne tue « légalement » autant d’individus annuellement que l’U. R. S. S.

« En 1924, le chiffre des exécutés atteignit 1.804, sans compter plus de 4.000 personnes (otages et prisonniers) qui furent exécutés par la Tchéka à l’occasion des tentatives de soulèvement en Géorgie.

« Dans les trois premiers mois de 1925, les exécutions s’élevèrent à 275, ce qui ferait pour une année 1.100 (les exécutions par la Tchéka non comprises). « En 1926, on compta plus de 2.000 victimes.

« Pour les années 1927 et 1928, les chiffres n’ont pas été publiés. Si l’on considère toutefois le grand nombre de fusillades en masse, à l’occasion de « conspirations » de toute espèce, (Chakhty, etc.), ainsi que les dispositions du nouveau Code pénal, il n’est pas douteux que le nombre des exécutions ait crû constamment.

« Le nombre des exécutions a augmenté de façon effrayante en 1929-1930. D’après les avis publiés dans la presse soviétique, au cours des derniers mois de 1929, environ 500 personnes ont été fusillées du 1er octobre au 15 novembre 1929. Le nombre des fusillés doit donc atteindre plusieurs milliers pour 1929.

« En 1930, au cours de la campagne de « collectivisation » forcée des paysans russes, menée par le gouvernement soviétique par les méthodes les plus inhumaines, des dizaines de milliers de prétendus paysans riches (koulaks) ont été fusillés. »

Après ce bilan des exécutions capitales avouées pour quelques années, R. Abramovitch passe aux effets terrifiants de la « guillotine sèche », laquelle tue avec autant d’efficacité que « la balle de revolver du bourreau tchékiste », mais avec en plus d’indicibles tortures morales ou physiques :

« Le système de démoralisation, d’intimidation et de désorganisation se manifeste le plus fréquemment par des arrestations en masse et des perquisitions ininterrompues. « De telles opérations ont lieu dans tout le territoire, à un couple de mois d’intervalle. Elles prennent des pro portions formidables à l’approche des jours ayant une signification politique (1″ mai, ou anniversaire de la révolution, etc.).

« Les pouvoirs de la police étant illimités, des perquisitions et des arrestations peuvent être opérées sans indication de motifs. Le moindre soupçon suffit. Les causes peuvent être de nature les plus diverses’: la dénonciation d’un espion, d’un ennemi personnel ou d’un concurrent, l’affiliation à un parti socialiste en 1917, même en 1905 !…

« La participation d’un ouvrier à une grève ou à un conflit économique, une querelle avec un communiste influent, la connaissance d’un socialiste recherché par la police ou une parenté avec lui, ce sont là des motifs suffisants pour s’exposer à toute la rage des persécutions tchékistes.

« …Des centaines et parfois des milliers de personnes sont enlevées à leurs familles et à leurs occupations et doivent croupir des semaines et des mois dans les prisons soviétiques, sombres et infectes. Là, commencent des interrogatoires inquisitoriaux sans fin, sans le moindre contrôle ni la moindre garantie juridique…

« …Des conversations nocturnes pendant des heures plusieurs jours de suite où les juges d’instruction se relaient, des coups, des menaces avec le revolver braqué, le départ en vue d’une soi-disant « exécution immédiate »…, dans les cas graves des simulacres d’exécution avec le terrible « masque de feutre » sur la tête, ainsi que de véritables tortures,… toute la gamme des moyens de pression et d’intimidation est utilisée. »

Par ces moyens, écrit R. Abramovitch, la Guépéou réussit souvent à obtenir des dénonciations, mais beaucoup de dénonciateurs « se repentent ensuite amèrement et, talonnés par les remords, se suicident ».

Ce sont surtout les socialistes qui sont victimes de cette répression implacable : « La majorité de ceux qui sont pris dans les arrestations en masse sont des gens qui n’ont pas de rapports directs avec le parti ou d’anciens socialistes qui, depuis des années, ne participent plus à la vie politique. L’exil est non seulement pour eux un coup redoutable, il signifie la ruine matérielle, la faim et la misère de leur famille. »

Le régime des prisons est épouvantable, pire que sous le tsarisme : « Les conditions sanitaires, le traitement des détenus et l’attitude générale à leur égard ont même considérablement empiré, pour autant qu’il s’agisse de détenus politiques. »

Les prisons sont des cloaques, « des foyers d’épidémies dangereuses, dont une série de socialistes notoires ont déjà été victimes ». Parmi ces socialistes, R. Abramovitch nomme :

  • Boris Zeitlin-Batourski, leader ouvrier très considéré ;
  • Liakhovitch, gendre de l’écrivain Korolenko ;
  • Lestchinski, socialiste connu de Nicolaïev ;
  • Isaac Astrov, membre du Comité Central social- démocrate ;
  • Jacques Petcherski, vieux socialiste.

L’auteur donne des détails précis et effroyables sur diverses prisons. Il cite d’ailleurs l’article d’un communiste, publié dans la Pravda (n° 258, du 13 novembre 1924). Cet homme avait été jeté en prison pour avoir révélé des abus de ses camarades communistes locaux. Or, voici ce qu’il a constaté, et subi :

« J’ai séjourné là toute une semaine sans recevoir un seul morceau de pain. Des jours entiers, on ne nous laissait pas aller à la cour pour satisfaire nos besoins, boire un peu d’eau et respirer l’air pur. On nous a gar dés enfermés derrière deux verrous tandis que des montagnes d’excréments humains s’amoncelaient sur le sol et que des détenus malades couchaient entre elles sur le sol nu. »

Il faut lire dans la brochure d’Abramovitch l’exposé des conditions atroces infligées aux détenus dans les prisons et les isolateurs. Il est impossible de le résumer.

Ce régime provoque naturellement des grèves de la faim, des réactions désespérées, de nombreux suicides. Parmi les exemples recueillis par Abramovitch, relevons les suivants :

  • Les socialistes révolutionnaires Gotz, Timoféiev et d’autres font la grève de la faim pendant 15 jours ;
  • Le communiste opposant Gabriel Miasnikov, vieil ouvrier, pendant 10 jours, puis 12 jours, avec tentatives de suicide ;
  • L’ouvrier social-démocrate Deviatkine, leader des typo graphes, pendant 24 jours, pour faire relâcher sa fille tuberculeuse, que la Gépéou avait arrêtée ;
  • L’ouvrier Beliankine, de l’usine Dynamo, pendant 17 jours, ce qui suscita la solidarité de 200 prisonniers socialistes de toutes nuances, y compris 50 femmes, à Verkhne-Ouralsk, et des brutalités inouïes des geôliers, en particulier contre des femmes comme Kchechnevska, socialiste-révolutionnaire, et Holzman, socialiste- sioniste ;
  • Le vieil ouvrier social-démocrate Stroukov s’est suicidé, à la suite de sévices ;
  • Le communiste E. Dreiser, deux fois décoré de l’ordre du Drapeau Rouge, est mort de faim et de mauvais traitements lors d’une grève de la faim accomplie par 63 communistes non-conformistes ;
  • Samuel Bronstein, socialiste-sioniste d’Odessa, a été tué d’une balle de revolver dans la nuque, à la prison de Khiva ;
  • Le cheminot Makedonski, transporté sur une civière en Sibérie, périt en cours de route ;
  • L’ouvrier Vladimir Lestchinski, social-démocrate et syndicaliste, meurt en prison ;
  • De même, l’ajusteur Alexandre Smirnov, membre du Comité Central social-démocrate ;
  • De même, le socialiste juif Aron Kritchevski (bundiste) ;
  • Serge Morozov, socialiste-révolutionnaire très connu, se suicide en s’ouvrant les veines avec des morceaux de verre ;
  • Origoriev, paysan anarchiste, fait un tentative de se brûler vif pour échapper à ses bourreaux ;
  • Logatchev, socialiste-révolutionnaire de gauche, s’imbibe de pétrole et périt dans d’atroces souffrances ;
  • Stroukov se suicide en se jetant la tête la première du haut d’un escalier ;
  • Boutov, communiste, ancien secrétaire de Trotski, se suicide de la même manière.

Ayant mentionné tous ces cas tragiques, pour illustrer l’état des choses dans les prisons, R. Abramovitch passe aux déportations. Là encore, il est impossible de résumer en quelques lignes. Il faut lire la brochure et les descriptions qui s’y trouvent.

Les déportés succombent nombreux, en Sibérie et ailleurs. Les décès et les suicides se succèdent et se ressemblent :

  • Vladislas Kamenski, social-démocrate, membre du Soviet de Pétrograd, faute de soins meurt de maladie en Sibérie;
  • Boukhariev ,social-démocrate, se tranche la gorge avec un rasoir ;
  • La femme de Michel Lvov, socialiste-révolutionnaire, meurt en couches, faute de soins médicaux ;
  • Alexandre Mikhels, social-démocrate ;
  • Mikhéiev, ouvrier social-démocrate ;Samuel Abachidzé, mineur géorgien, social-démocrate ;Béridzé, national-démocrate géorgien ; Alexis Tarassov (N. Morozov), ouvrier social-démocrate, coopérateur ;Michel Konomenko, social- démocrate ;Alexandra Speresnevska, socialiste-révolutionnaire ;Minna Bauer, socialiste-révolutionnaire ; Anatole Lévine, social-démocrate, — sont tous morts par manque de soins ;

Houmeniouk, anarchiste, et Prokofiev, socialiste-révolutionnaire, se sont suicidés.

(On pourrait allonger indéfiniment de telles listes en consultant les publications d’extrême-gauche plus haut désignées).

Il y a enfin les camps de concentration. Le Courrier Socialiste (n° 5, du 8 mars 1924) a publié une lettre de socialistes internés au camp des lies Solovki, disant « Kern, Khomogory, Pertominsk, Solovki, — cette Guyane soviétique modernisée — sont des abominations du bolchévisme que l’historien le plus discret ne pourra passer sous silence. Beaucoup de temps et d’efforts seront encore nécessaires pour évaluer approximative ment le nombre de milliers d’existences humaines dé truites sur la Dvina et au bord de la mer Blanche, dans les « camps septentrionaux à destination spéciale ».

300 socialistes prisonniers aux Solovki ayant élevé des protestations contre le régime pénitentiaire, le chef tchékiste fit tirer sans sommation sur des détenus sans défense. Six furent tués: Elisabeth Kotov, Anastasie Zeit- Iin, Georges Kotcharovski, Gabriel Pasternak, Meer Gorelik, Vsevolod Popov, la plupart atteints dans le dos et à bout portant.

160 prisonniers firent la grève de la faim pendant 14 jours, à la suite de cette tuerie.

[à suivre]

bilan

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