L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922)

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Extrait de Leonard Shapiro / Les origines de l’absolutisme communiste (Les bolcheviks et l’opposition 1917-1922) (traduction française: 1957)

De tous ceux qui s’opposaient aux Communistes, ce fut le seul parti qui résolut dès le début et continua pendant quatre ans à n’employer que des moyens constitutionnels pour chasser les Bolcheviks du pouvoir.
(…) Après novembre 1917, les Menchéviks sont encore demeurés divisés pendant quelque temps. Une minorité voulait entamer immédiatement la lutte directe contre le bolchévisme. Dan, qui, quinze ans plus tôt, avait apporté en Russie, dans une valise à double fond, le premier exemplaire de la brochure de Lénine intitulée Que faire ? et qui aurait dû mieux connaître les Bolcheviks, pensait encore avec d’autres que le parti bolchevique aboutirait à une scission, que sa majorité était composée de gens raisonnables et que l’on formerait une coalition de tous les socialistes. A la fin de 1917, Martov et son groupe internationaliste avaient rétabli leurs liens avec le reste du Parti. Ces internationalistes avaient maintenu quelques contacts avec le nouveau gouvernement après qu’au IIe Congrès des Soviets le départ de la plupart des Menchéviks eut rendu la tâche plus facile à Trotsky ; mais ce n’était là qu’une représentation tronquée qui luttait bravement pour se faire entendre au Comité exécutif central, Martov dominait sans conteste son parti. A partir de la prise du pouvoir et de la conclusion du traité de paix par les Bolcheviks, qui avaient fait disparaître les principales causes des divergences dans les rangs menchéviques, il était normal que Martov en devînt le chef incontesté. Le Parti reprit son unité en mai 1918 lorsque le groupe de Martov décida, à l’unanimité moins une voix, de rejoindre le gros des militants.

Martov et Dan

La majorité, conduite désormais par Dan et lui, formula les grandes lignes de la politique menchévique qui demeura en vigueur aussi longtemps que le Parti devait survivre en Russie, à savoir l’opposition par tous les moyen légaux, à l’exclusion de la résistance armée, au régime bolchevique du parti unique et le refus de soutenir l’intervention étrangère. Une minorité, dont le chef était Lieber, se prononçait en faveur d’une certaine entente avec les puissances alliées, mais cette divergence d’opinion n’a pas empêché, lors de la conférence menchévique réunie en mai 1918, l’établissement d’un accord plus solide que jamais sur la politique d’ensemble. La conférence adopta des résolutions dénonçant l’intervention et réclamant une nouvelle convocation de l’Assemblée constituante, ainsi que le rétablissement de l’indépendance et de la liberté d’élection des Soviets (*). Au mois de décembre suivant, une nouvelle conférence apporta une modification importante à cette politique en abandonnant le mot d’ordre de la convocation de l’Assemblée constituante, que les forces contre-révolutionnaire étaient susceptible!» d’exploiter.
En octobre 1917, l’influence des Menchéviks était devenue insignifiante dans le pays, et la plupart de leurs partisans s’étaient rangés du côté de Bolcheviks, mais, après la Révolution d’octobre, l’impopularité de la politique communiste commença à les faire revenir sut leur désaffection. Vers le milieu de 1918, les Menchéviks pouvaient prétendre raisonnablement qu’une grande partie de la classe ouvrière industrielle les soutenait et que, sans la manipulation et la dissolution systématique des Soviets et les arrestations massives à l’occasion des réunions et des congrès ouvriers, la politique d’opposition constitutionnelle aurait réellement remis les rênes du pouvoir à leur parti.
Lors des élections aux Soviets, qui avaient lieu dans toute la Russie au printemps de 1918, il y eut des arrestations, des dissolutions d’organismes avec l’intervention de la force armée et même des exécutions sommaires partout où les Menchéviks parvenaient « s’assurer la majorité ou une minorité importante des sièges. La presse menchévique de cette époque est pleine d’exemples de coups de force de ce genre :

« Beaucoup de nos camarades des provinces sont arrêtés, puis relâchés, puis arrêtés de nouveau… A Saratov, le journal intitulé La Parole du Prolétaire a été fermé pour le cas où on l’utiliserait pour (publier) des articles contre-révolutionnaires. A Toula, le journal menchévique change constamment de titre… A Tambov, on a proclamé la dissolution définitive du Soviet… A laroslavl, le Soviet est dissous… A Tambov, on a dispersé le congrès des Postes et Télé-graphes en disant aux délégués de quitter (la ville ) dans les quarante-huit heures » (Novaïa Jizn, 22-04-1918).

En mars 1918, Martov lui-même, dont aucun Communiste n’avait jamais osé mettre en doute la rectitude, n’est trouvé au banc des prévenus de l’un des tribunaux nouvellement créés pour la presse. Dans son journal Vpéred, il avait accusé Staline d’avoir eu recours, avant la révolution, à des attaques à main armée dans la ville de Bakou pour procurer des fonds aux Bolcheviks et d’avoir été exclu pour ce motif du parti social-démocrate. Le procès se termina d’une manière abrupte et indécise lorsque Martov parvint à obtenir la remise du jugement pour lui donner le temps d’apporter des preuves ; il s’en tira avec une simple réprimande. Le procureur fit appel contre cette ordonnance de non-lieu au Comité exécutif central qui lui donna raison pour le principe, mais n’ordonna aucune action.
On a relaté, au chapitre IX, comment une mesure d’exclusion du Comité exécutif central était venue frapper à la fois les Menchéviks et les Sociaux-Révolutionnaires. Elle s’étendit à tous les Soviets du pays. Ce décret avait pour effet d’enlever toute existence légale à leur parti social-démocrate ouvrier, comme ils l’appelaient désormais, mais n’apportait guère de changement à leur vie politique quotidienne, dans laquelle les arrestations constantes étaient devenues courantes.
Avant peu, l’interdiction générale allait frapper toute leur presse, qu’ils ne réussirent jamais à rétablir par la suite. Le Comité militaire révolutionnaire avait déjà fermé leur organe central, Rabotchaïa Gazéta, le 1er décembre 1917. Il reparut le lendemain sous le titre de Novy Loutch pour survivre jusqu’en mai 1918. En fait, jusque vers le milieu de l’année 1918, la presse menchévique demeura assez abondante et comprit notamment : Vpéred jusqu’en mai 1918, Novaïa Zaria, Partiïnyia Izvestia, Rabotchy Internatsional, Professionalny Soïouz, Rabotchy Mir, Strakhovanié Rabotchikh et Prodovolstvennoé Délo. Quelques périodiques parurent de temps en temps jusqu’au printemps de 1919, la plupart d’entre eux, mais pas tous, dans les territoires occupés par les Armées blanches, et le Syndicat des Typographes de Moscou, qui devait rester menchévique en majorité jusqu’à sa suppression par ordre des autorités, publia un périodique jusqu’en avril 1919. En dehors de ceux-ci, les Menchéviks (lovaient se contenter de bulletins clandestins qu’ils imprimaient à la main et qu’ils réussissaient avec beaucoup d’ingéniosité à diffuser largement dans le public.
Le 14 juin 1918, la raison alléguée pour exclure les délégués menchéviques en même temps que les Sociaux-Révolutionnaires du Comité exécutif central était que les uns et les autres avaient contribué en commun à fomenter des révoltes sur le Don et en Sibérie. A partir de ce jour, cette accusation d’opposition armée devait servir de plus en plus souvent et les Communistes, Lénine en tête, confondaient avec insistance les deux partis en s’efforçant de démontrer que tous deux constituaient des protagonistes actifs de l’intervention et de la contre-révolution. C’était faux au sujet des Menchéviks, et les Communistes, mémo s’ils y croyaient, n’ont jamais réussi à l’établir. Quelques membres de ce parti ont participé à la révolte d’Iaroslavk organisée par Savinkov en juillet 1918, mais ils avaient agi à l’insu de leur parti et en furent exclus. Maïsky, membre du Comité central, démissionnaire en été 1918 parce que, selon lui, les Menchéviks n’agissaient pas avec assez de vigueur contre les Bolcheviks et membre du gouvernement antibolchévique de Samara, fut exclu du Parti en septembre 1918.
Il y a quelques autres cas d’isolés ou de groupes qui rejetaient la politique officielle du Parti, bornant l’opposition aux moyens constitutionnels. A sa conférence de décembre 1918, le Parti a désavoué plusieurs de ses groupements locaux, dont les membres avaient préconisé soit la coopération avec les Cadets et les Sociaux-Révolutionnaires, soit l’appui de l’intervention alliée. Il y avait parmi eux le groupement local de Samara, dont certains membres approuvaient l’entrée de Maïsky au gouvernement de Samara. La conférence devait aussi donner des instructions au Comité central pour qu’il se serve de ses pouvoirs pour exclure les personnalités et les groupes qui se risquaient à dévier ainsi de la politique du Parti. L’exclusion de Maïsky, qui fut suivie du rejet d’un appel en sa faveur, montre bien que le Comité, sans être très porté à entreprendre des mesures disciplinaires, faisait usage de ses pouvoirs.
A la campagne générale d’injures, les Communistes ont ajouté on 1920 deux procès antimenchéviques destinés à démontrer la complicité du Parti en matière d’action contre-révolutionnaire. En fait,, ce fut un échec, car il convient d’observer qu’à cette époque le gouvernement soviétique n’avait pas encore appris l’art des faux procès, assortis de confessions récitées par cœur. En 1920 et 1921 les règles élémentaires de procédure étaient souvent violées en ce sens que l’on refusait notamment aux accusés le droit de citer leurs témoin», mais c’étaient encore jusqu’à un certain point de vraies procédures judiciaires. Il en était ainsi en août 1920 au procès dit du « Centre tactique », intenté à de prétendus participants de droite à un complot antibolchévique. Une délégation de Travaillistes britanniques, qui visitait la Russie en juin 1920, était informée que ce procès établirait l’action contre-révolutionnaire des Menchéviks, sans doute pour justifier aux yeux des délégués le nombre des socialistes maintenus en prison. En fait, le procès allait démontrer tout au plus que quelques membres de l’aile droite du Parti avaient appartenu, à titre individuel, à un groupement anticommuniste.
On peut garder le même scepticisme au sujet du procès intenté en avril 1921 aux membres du Comité social-démocrate menchévique de Rostov-sur-Don, arrêtés depuis mai 1920. Leur arrestation avait causé beaucoup d’inquiétude et de trouble chez les ouvriers de Rostov dont la majorité sympathisait avec les Menchéviks, et, pour les apaiser, les Bolcheviks avaient promis de les juger sur place pour collaboration avec Dénikine en Ukraine. Il n’y eut jamais de procès local, mais, selon la procédure en usage en 1920 à la suite de ces arrestations en série, les autorités de la police politique relâchèrent certains et en emprisonnèrent d’autres sans procès. Il a fallu attendre le mois d’avril 1920 pour qu’un procès public soit intenté, mais à Moscou et non à Rostov, à sept membres du Comité, dont certains étaient arrêtés de nouveau à cette occasion. Certains droits normaux de la défense leur furent refusés, notamment celui d’appeler des témoins à décharge, et ils furent tous condamnés à cinq ans de prison. Les conditions mêmes du procès montrent que les accusations étaient fausses et l’on n’a jamais publié ni les inculpations exactes, ni les preuves citées à l’appui. Les quelques lignes, parues à cette occasion dans la presse, se contentaient d’affirmer que « les accusés avaient cherché d’abord à nier l’accusation », mais que l’interrogatoire du procureur et « la suite du procès » avaient démontré leur « trahison envers la classe ouvrière et leur solidarité complète à l’égard de la bourgeoisie ».
Si tant est qu’on les accusait d’avoir collaboré avec Dénikine durant l’occupation de l’Ukraine dans la seconde moitié de l’année 1919, c’était faux, car un compte rendu détaillé de cette période, publié plus tard par un auteur soviétique, ne laisse apparaître aucun indice de collaboration des syndicats dirigés par les Menchéviks et l’administration de Dénikine. Il montre néanmoins que ceux-ci n’hésitaient pas à critiquer les Bolcheviks dans la presse de leur parti.
Il est vrai que les Menchéviks de Géorgie avaient demandé l’intervention des puissances alliées pour résister à celle des Bolcheviks, mais leur organisation était entièrement distincte des groupements sociaux-démocrates russes, avec lesquels elle avait perdu tout contact depuis la Révolution d’octobre. En décembre 1918, la conférence du parti menchévique à Moscou a décidé d’ailleurs que la conduite des Menchéviks géorgiens avait rendu « impensable » aucun contact organique entre eux et le parti de Russie .
Malgré la répétition constante, il était manifestement faux de dresser contre les Menchéviks, en tant que parti, l’accusation selon laquelle ils appuyaient l’action armée contre les Communistes. On s’aperçoit en outre que ceux-ci le savaient par le fait qu’en pleine guerre soviéto-polonaise de 1920 – désapprouvée ouvertement par les Menchéviks parce qu’à leur avis c’était une tentative de répandre le communisme par la force des armes — il n’y avait pas moins vingt de leurs membres qui occupaient des postes officiels de premier plan dans les organismes militaires : ils n’auraient pas pu y rester à l’époque s’il avait été vrai que leur parti avait collaboré avec des ennemis du régime soviétique. C’est en vain que les responsables du Parti mettaient les Bolcheviks au défi soit de relever ces hommes de leurs fonctions, soit de démentir les accusations. Toutefois la meilleure preuve que le Parti n’était pas « contre-révolutionnaire » réside dans le fait que, pendant toute la durée de la guerre civile, il lui fut permis d’exercer certains droits politiques et que sa liquidation soit bien postérieure à la fin des hostilités. Il est certain que les circonstances auraient été tout à fait différentes s’il y eût eu même un semblant de véracité dans les accusations de coopération armée avec l’intervention alliée et la contre-révolution.
L’existence officiellement illégale du parti menchévique ne devait pas durer longtemps après le décret du 14 juin 1918, car il était rapporté le 30 novembre de la même année par le Comité exécutif central ; mais cette mesure ne changeait pas grand-chose sur le plan pratique. Dans les Soviets locaux, la « majorité révolutionnaire » n’appliquait pas le décret et les autorités policières continuaient à arrêter des Menchéviks sans donner aucune justification. Vsegda Vpéred, un de leurs journaux, reparut pour être de nouveau interdit au bout d’un mois après quatorze numéros. Avec le maintien des arrestations en série et de quelques exécutions, la mesure de « légalisation » semble avoir étonné les partisans de Lénine, car il a pris soin de s’en expliquer au VIIIe Congrès du parti communiste de 1919. Selon lui, l’illogisme apparent de la politique communiste avait pour cause directe la politique illogique des partis socialistes eux-mêmes qui ne parvenaient pas à se décider à appuyer ou non l’action communiste.
Il est exact que cette « légalisation » des Menchéviks à la date du 30 novembre 1918 pose un problème d’interprétation. La raison citée était la résolution qu’ils ont adoptée en octobre et qu’on connaît sous le titre de « Thèses d’octobre » : elles reconnaissaient que lu Révolution d’octobre « représente une nécessité historique » et rejetaient « toute forme de coopération avec les classes qui sont hostiles à la démocratie » ; elles exigeaient en même temps l’abandon des méthodes communistes de terreur et promettaient d’aider activement l’Armée rouge dans ses opérations. En fait, il y avait peu de différence entre ces thèses et la politique à laquelle le Parti s’en tenait depuis le printemps de 1918, et il est peu probable que les Communistes aient décidé de le « légaliser » uniquement pour le récompenser d’avoir rédigé ce texte. Dans une mesure très limitée, la concession communiste était due probablement à quelques vestiges de la foi que certains milieux du parti communiste ont gardée pendant quelques années en la valeur de la liberté de discussion, Mais elle pouvait découler aussi de l’espoir que, dans les condition» de la guerre civile, le sentiment d’union nationale l’emporterait sur les divergences partisanes et qu’on pouvait persuader la majorité des Menchéviks à adhérer au parti communiste. Et, à la fin de l’année 1918, cet espoir n’avait rien d’insensé, car beaucoup d’ennemis des méthodes communistes allaient conclure la paix avec le régime à l’occasion de la guerre civile. Ainsi Gorky, dont le journal Novaïa Jizn avait été fermé pour avoir publié ses critiques brutales de la conduite du parti communiste, lançait le 3 décembre 1918 dans les colonnes de la Pravda l’appel suivant : « Suivez-nous dans la lutte contre l’ordre ancien… vers la liberté et la vie heureuse. »

La tolérance des autorités centrales, telle qu’elle apparaissait au moins sur le papier dans l’abrogation du décret du 14 juin 1918, devait être de courte durée. Dès le printemps de 1919, le Comité central communiste donnait l’ordre d’arrêter tous les Menchéviks importants dont on ne « savait pas individuellement » qu’ils étaient prêts à « participer activement » à la lutte contre Koltchak. Cet ordre, interprété comme une autorisation générale d’arrêter à volonté les Menchéviks, avait comme raison officielle qu’il y en avait trop en liberté à critiquer le régime soviétique et que l’on immobilisait ainsi beaucoup de fonctionnaires de la police politique, qui seraient plus utiles au front. Néanmoins ces arrestations, dont la plupart n’ont pas été maintenues, n’ont pas eu pour effet de paralyser l’appareil du Parti, bien que beaucoup de Menchéviks estimassent qu’il était inutile de poursuivre une lutte sans espoir ou qu’en état de guerre civile l’unité en face de l’ennemi commun primait toutes les divergences politiques et passaient dans les rangs communistes. Ce furent en réalité des considérations de ce genre qui décidèrent la majorité des membres du Bund social-démocrate juif à la fusion avec les Communistes. Mais les groupements menchéviques ont survécu dans l’ensemble aux persécutions de 1919 et 1920 en poursuivant leur lutte dans l’opposition constitutionnelle.
Les autorités communistes s’inquiétaient toujours davantage de la popularité des Menchéviks auprès des ouvriers de plus en plus mécontents du régime. Ils réclamaient en effet la liberté en matière d’élections des Soviets, dans les groupements syndicaux et la liberté de parole et de la presse pour tous les partis ouvriers. Il était très gênant pour les Communistes de se trouver constamment en butte à des reproches justifiés au sujet de l’échec de toutes leurs tentatives d’observer les dispositions de la constitution. Pour répondre aux critiques de Martov au VIIe Congrès des Soviets, Lénine a déclaré : « Lorsque nous entendons des déclarations semblables, venant de gens qui prétendent sympathiser avec nous, nous disons : Oui, la terreur de la Tchéka est absolument nécessaire ».
Au cours de l’été de 1919, les Menchéviks ont précisé leurs opinions dans un manifeste qui portait le titre assez surprenant, car il était repris de Lénine : « Que faire ? » Dans le domaine politique, il exigeait des droits électoraux qui s’appliqueraient aux Soviets et qui s’étendraient à tous les travailleurs, à savoir le scrutin libre et secret, assorti de la suppression des restrictions en matière de propagande électorale ; tous les fonctionnaires d’autorité devraient un soumettre au Comité exécutif central, qui serait rétabli dans sa fonction constitutionnelle de corps législatif suprême, ayant droit de regard sur tous les actes législatifs ; tous les partis politiques ouvriers devraient jouir de la liberté de parole et de presse ; la terreur serait abolie, tous les membres des tribunaux révolutionnaires seraient élus librement et deviendraient entièrement compétents pour connaître de toutes les plaintes portant, sur les actes de toutes les autorités ; il fallait enfin abolir la peine de mort et supprimer tous les organismes de police politique et de répression administrative tels que la Tchêka. Au moins dans l’avenir immédiat, la politique menchévique ne se préoccupait pas d’étendre le droit à la liberté de parole et les autres aux personnes qui ne se classaient pas dans la catégorie des ouvriers. Selon les vues exprimées, « la nouvelle démocratie ouvrière est la démocratie de ceux qui prennent part au travail public productif. En conséquence, la privation complète ou partielle des droits civiques en dehors de cette démocratie ouvrière (c’est-à-dire en dehors du travail public productif) n’enfreint pas le principe démocratique de la dictature de classe ».
En matière de politique économique, les Menchéviks recommandaient une série de mesures qui se confondent presque avec celles de la N. E. P. à laquelle Lénine allait avoir recours d’urgence au printemps de 1921 pour éviter l’effondrement du régime communiste;. Le manifeste exigeait « le maintien au pouvoir du gouvernement des principales branches de l’industrie et des transports tout en permettant au capital privé d’y participer sous le contrôle de l’État ; la dénationalisation du commerce intérieur et des entreprises industrielles moyennes et petites ; la garantie (de la possession) des terres aux paysans ; l’instauration d’un système de ravitaillement alimentaire fondé sur l’entente entre les consommateurs et les producteurs avec la participation active de coopératives libres, et le maintien du monopole du commerce étranger en faveur de l’État ».
Au début de 1919, les Menchéviks avaient publié une protestation contre l’intervention alliée et un appel « à toutes les classes socialistes et à tous les syndicats pour promouvoir un accord entre l’Entente et le Gouvernement de Lénine ». Pendant l’automne de la même année, ils entreprenaient une campagne de réunions publiques en faveur du recrutement de l’Armée rouge et de la participation active à la guerre civile ; ils cherchaient en outre à s’assurer l’appui des Communistes pour cette action, ce qui eut le don d’embarrasser considérablement ces derniers. Au centre, les autorités limitaient fort à encourager une campagne qui risquait d’être beaucoup plus gênante sur le plan politique qu’utile sur le plan militaire, Dans les provinces, les autorités soviétiques qui ne recevaient juin d’instructions fermes dans les directives émanant du centre, réagissaient d’une façon qui oscillait entre les arrestations habituelle et l’indifférence tolérante.
Au cours de l’année 1920, les Menchéviks étendaient leurs critiques à la politique étrangère des Communistes ; ils accusaient la IIIe Internationale de se soumettre aux intérêts qui cherchaient à
tout prix à maintenir le régime communiste en Russie et de négliger les buts révolutionnaires qui constituaient sa raison d’être. Martov était particulièrement violent dans ces critiques qu’il énonçait un Soviet de Moscou, dont il était membre, et ailleurs. Il soulignait le danger inhérent au fait que le parti communiste russe s’était ménagé une « position exceptionnelle » au sein de la IIIe Internationale, position qui consistait « à échapper au contrôle du socialisme international » en matière de politique étrangère. A l’automne de 1920, époque à laquelle il était déjà gravement malade, il se vit accorder sans difficulté l’autorisation de quitter la Russie pour assister à Halle au congrès du parti socialiste indépendant allemand, congrès qui allait consommer la scission de ce parti, dont la majorité décidait de donner son adhésion à la IIIe Internationale. Dans son discours, Martov chercha à dissuader la majorité favorable aux Communistes du parti socialiste allemand d’accepter les conditions d’admission à la IIIe Internationale et donna beaucoup d’informations non seulement sur les persécutions auxquelles les socialistes étaient en butte en Russie, mais aussi sur la politique étrangère des Soviets. Il attaquait notamment leur politique à l’égard des peuples d’Orient et affirmait que, pour chercher à consolider le régime soviétique et, en particulier, pour améliorer les relations des Soviets avec la Grande-Bretagne, les Communistes avaient trahi leur mission vis-à-vis de ces peuples en renonçant à les aider à se libérer du joug impérialiste. Il critiquait également le fait qu’au gouvernement de la République d’Extrême-Orient, formé après la chute de l’amiral Koltchak, des Communistes siégeaient dans une coalition côte à côte avec des socialistes et des libéraux de droite.
C’était une attaque sévère, qui aurait pu sans doute éveiller des échos dans les rangs de l’opposition de gauche qui se précisait de plus en plus parmi les Communistes russes et à l’étranger, mais Martov ne revint pas en Russie et, parmi les dirigeants menchéviques restants, il n’y en avait guère qui possédaient ses qualités. Des années de sarcasmes n’avaient pas réussi à entamer sa réputation d’honnêteté. Ce fut pour la direction du Parti une perte cruelle, surtout du fait que Dan, qui lui succéda, n’était guère capable de le remplacer ; mais, en février 1921, Martov devait fonder à Berlin la revue Sotsialistitchesky Vestnik qui servit dorénavant d’organe central au parti social-démocrate russe et dont les contacts nombreux à l’intérieur de la Russie permettaient de donner une peinture fidèle du sort réservé au menchévisme dans le pays. Malgré quelques saisies occasionnelles, la revue pénétrait à peu près librement en Russie et contribuait à remplacer dans une certaine mesure la presse du Parti, qui avait été supprimée.
Durant les années 1919 et 1920, l’influence menchévique s’étendait de plus en plus dans les syndicats. En 1920, ceux-ci comptaient plus de six millions de membres qui représentaient la grande masse de classe ouvrière de l’industrie russe ; les militants de base n’appartenaient pas au parti communiste et commençaient à détester cordialement ce dernier. Les sympathies passaient du parti communiste aux Menchéviks, qui réclamaient en faveur des syndicats la liberté de toute domination communiste, mais aussi des mesures socialistes de réforme. Il n’existe pas de statistiques permettant d’évaluer avec précision le nombre de leurs partisans dans le prolétariat industriel à la fin de la guerre civile. Tout ce qu’on peut affirmer avec certitude est que les Menchéviks, leurs partisans et les autres anticommunistes étaient ensemble beaucoup plus nombreux que les Communistes et leurs sympathisants. Avec sa tendance à exagérer, Zinoviev estimait qu’en 1921 il y avait 90 ou même 99 p. 100 d’anticommunistes parmi les ouvriers de l’industrie. Même Trotsky, qui traitait à l’époque cette affirmation d’ « exagération monstrueuse », reconnaissait qu’ils étaient « très nombreux » et en était réduit à justifier la dictature du Parti en disant qu’elle « était plus importante qu’un quelconque principe formaliste de démocratie ouvrière » pour défendre les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière « mémo au cours d’une période de flottement temporaire de ses tendances ».
En dépit de tous les efforts communistes pour s’opposer à leur influence, les Menchéviks ont réussi à faire élire un nombre assez important de délégués au IIe Congrès panrusse des syndicats on janvier 1919. Au cours des séances, ils sont parvenus, avec le parti apparenté des Internationalistes dont le chef, Lozovsky, restait dissident, à rassembler 67 voix contre 430 pour leurs résolutions d’opposition, qui exigeaient l’indépendance syndicale aux dépens de la domination communiste. Les huées de l’assistance interrompirent le discours de Lozovsky qui critiquait ouvertement des cellules communistes cherchant à étouffer toute manifestation de liberté syndicale dans l’ensemble du pays. Au IIIe Congrès panrusse des Syndicats, réuni en avril 1920, les Menchéviks et leurs partisans n’étaient plus que 70 sur plus d’un millier de délégués au total. Il est certain que leur influence au sein des syndicats était bien plus forte que ces proportions ne peuvent le faire croire ; ils avaient notamment une majorité écrasante parmi les ouvriers typographe dont les syndicats étaient très puissants et, selon Ber, l’un des délégués, dans trois des autres fédérations nationales les plus importantes celle des métallurgistes, celle de l’industrie chimique et celle; des ouvriers du textile. Ce fut le dernier congrès syndical auquel les Menchéviks réussirent à envoyer une délégation notable, car ils n’étaient que neuf en tout au IVe Congrès de 1921.
Cette diminution constante du nombre des délégués aux congrès ne reflétait en rien une chute correspondante de prestige au sein des syndicats, il était évident au début de 1921 que c’était tout le contraire. Du point de vue communiste, ce fait était particulièrement dangereux parce qu’il coïncidait avec l’existence au sein même du parti communiste d’un groupe assez nombreux déjà, dont l’opposition à la mainmise centralisée sur les syndicats posait un problème grave. En termes assez semblables à ceux des Menchéviks, ce groupe réclamait une participation plus active de la classe ouvrière à l’organisation et à la gestion de l’industrie au moyen de représentants syndicaux librement élus. Il fallait donc que la campagne communiste contre les Menchéviks se double d’une action qui tende à éliminer l’opposition au parti communiste. En 1921, les autorités ordonnaient la clôture forcée, l’un après l’autre, des congrès de syndicats où les Menchéviks et leurs partisans avaient réussi à obtenir la majorité, ainsi que la dissolution des groupements syndicaux correspondants qui étaient remplacés à mesure par d’autres, qui étaient sous la domination communiste.
Un exemple suffira à décrire les méthodes adoptées. Le 26 mars 1921, le Syndicat de Moscou de l’industrie chimique avait élu Martov, dont on avait opposé la candidature à celle de Lénine au poste de président d’honneur. Le 27 avril 1921, le Comité central panrusse, entièrement communiste, de ce syndicat décidait de prendre « les mesures les plus décisives » pour « réorganiser » le syndicat de Moscou ; mais il n’y parvenait qu’au bout d’un certain temps. En automne 1921, le congrès du Syndicat de l’Industrie chimique de Moscou adoptait, à une majorité réduite, une résolution dont la rédaction n’avait pas un caractère visiblement menchévique, mais qui comportait une revendication en faveur de l’indépendance syndicale, correspondant à une doctrine énoncée dans la politique menchévique. La minorité communiste quittait la salle du congrès et s’emparait de force des locaux du syndicat. Elle convoquait bientôt un autre congrès, dont les délégués étaient triés sur le volet et qui s’empressait de condamner la politique du congrès précédent et d’adopter docilement une résolution rédigée en termes approuvés par les autorités. Ces persécutions des groupements syndicaux ont été suivies durant l’année 1921 d’arrestations massives d’ouvriers, qui répondirent par des manifestations et des grèves.
Durant les mêmes années 1919-1921, les Menchéviks ont eu à combattre une tactique analogue lors des élections aux Soviets. L’une des complications auxquelles ils avaient souvent à faire face se traduisait par l’arrestation de tous leurs dirigeants locaux à la veille d’un scrutin. Il s’agissait tantôt de poursuites judiciaires et tantôt d’emprisonnements purement administratifs, mais en général la plupart des incarcérés étaient relâchés après la proclamation des résultats.
(…) En juin 1920, une délégation du parti travailliste britannique a visité la Russie. Ses membres ont pu sans difficulté s’entretenir avec des représentants des partis d’opposition, et ils ont été témoins d’un cas d’application des méthodes communistes pour étouffer la démocratie au sein des syndicats. En juin 1920, il y avait encore à Moscou Un groupement menchévik distinct pour le Syndicat des typographes, avec son propre comité central, bien qu’en août 1919 un congrès exclusivement communiste — qui représentait d’ailleurs moins de lu moitié des syndiqués — ait nommé officiellement un nouveau comité central. Cette dualité s’est conservée pendant un certain temps à Moscou. Le comité communiste organisa à Moscou une réunion générale d’ouvriers syndiqués de l’imprimerie pour les visiteurs britanniques : les Menchéviks ont prétendu que ce fut la dernière réunion libre de ce genre. La séance devint particulièrement animée à la suite de la présence inattendue de Viktor Tchernov, dirigeant social-révolutionnaire qui se cachait, et par les subterfuges qu’il employa avec bonheur pour échapper à la Vétchéka qui cherchait à l’arrêter.
(…) En fait, prenant la parole à Genève quelques mois plus tard, l’un [des membres de la délégation britannique], Shaw, disait : « Le prolétariat n’a aucun droit en Russie et n’a ni la liberté de réunion, ni lu liberté de presse. Il n’a pas le droit de choisir ses représentants. L’oppression du peuple russe est aussi grande que sous le tsarisme ». Et pourtant le compte rendu publié par la délégation à son retour se contente de mentionner que la liberté individuelle et la liberté de presse sont « sévèrement restreintes dans le cas de tous ceux dont les actions sont supposées menacer le régime soviétique», sans exposer que ceci s’applique à tous les socialistes. Parmi les nombreux documents que la délégation a rapportés, on trouvait un appel illégalement imprimé et signé par 40 Sociaux-Révolutionnaires de droite, 80 Sociaux-Révolutionnaires de gauche, 28 Maximalistes, 5 Menchéviks et 55 Anarchistes détenus à la prison de Moscou, qui s’adressaient aux Socialistes et aux Anarchistes de tous les pays pour les appeler à l’aide. Et cependant le délégation n’a pas jugé utile de publier ce document, dont deux exemplaires sont déposés au British Muséum.
(…) La XIIe Conférence du parti communiste, réunie en août 1922, examina avec beaucoup d’attention la question relative aux Menchéviks et aux autres partis et tendances « antisoviétiques » ; elle l’inquiétait d’un nouveau « phénomène dangereux » : les partis antisoviétiques avaient « changé leur tactique » et s’efforçaient « d’exploiter les possibilités légales de la structure soviétique », toiles que les conférences publiques et les « prétendues organisations sociales ». Ils cherchaient systématiquement à « transformer les coopératives rurales en instruments contre-révolutionnaires des koulaks, les chaires d’université en plates-formes de propagande bourgeoise évidente et les firmes d’éditions juridiques en moyens d’agitation (dirigée) contre le pouvoir ouvrier et paysan ». Il fallait que le Parti conjure ce nouveau danger en combinant les moyens de « répression », dirigés contre les partis d’opposition, à ceux de la propagande destinée à contrebalancer leur influence (45).
Ainsi périrent les Menchéviks sans avoir tiré un coup de fusil. Par une ironie de l’histoire, leur foi en la liberté démocratique n’a pas peu contribué à leur défaite. En refusant le pouvoir eux-mêmes et en hésitant à appuyer la coalition des partis antibolchéviques entre mars et novembre 1917, ils ont contribué à donner le pouvoir à Lénine. Tout en disposant, après la Révolution d’octobre, du soutien d’une grande partie de la classe ouvrière, avantage dont n’a jamais bénéficié aucun autre parti d’opposition, ils ont refusé d’employer quelque procédé que ce soit en dehors des moyens rigoureusement constitutionnels pour le lui arracher.



Note:

[*] Pour la Conférence menchévique de décembre 1917, voir: Oldenbourg/ Le coup d’État bolcheviste (1929), pp. 390-395; pour celle de mai 1918, voir Bunyan/ Intervention, Civil War and Communism in Russia (1936), pp. 187-188, et Vardine, pp. 83-87. En juin 1918, le Comité central menchévique se composait des suivants: Abramovitch, Astrov, Akhmatov, Broïdo, Gorev, Daline, Dan, Ermansky, Koutchine, Lieber, Maïsky, Martov, Martynov, Trifonov, Troïanovsky, Tchérévanine, Ehrlich, Iougov et Iakhontov.

Note de la BS:
Le livre est disponible en anglais au format pdf sur Internet Archive: The Origin Of The Communist Autocracy Political Opposition In The Soviet State First Phase 1917 1922.

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6 Réponses to “L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922)”

  1. Neues aus den Archiven der radikalen Linken - eine Auswahl « Entdinglichung Says:

    […] Mansoor Hekmat, du marxisme révolutionnaire au communisme-ouvrier (2004) * Leonard Shapiro: L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922) […]

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  2. The role of the soviets in Russia’s bourgeois revolution: the point of view of Julius Martov (Buick, 1976) « La Bataille socialiste Says:

    […] L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922) […]

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  3. Avant-propos à “Le bolchevisme mondial” de Martov (Dan, 1923) « La Bataille socialiste Says:

    […] L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922) (Leonard S[c]hapiro, 1957) […]

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  4. lucien Says:

    Les mencheviks et l’insurrection de Cronstadt
    (Extraits de P. Avrich/ La tragédie de Cronstadt)

    Au contraire du parti cadet et des socialistes révolutionnaires, les mencheviks exilés se tinrent à l’écart des complots antibolcheviques et n’essayèrent pas d’aider les rebelles. Depuis que Lénine ,et ses partisans s’étaient emparés du pouvoir, les mencheviks s’étaient comportés comme un parti d’opposition légal, cherchant à conquérir une certaine autorité politique au moyen d’élections libres et régulières aux soviets. Pendant la guerre civile, considérant que la menace blanche était pire que les bolcheviks, ils s’étaient opposés à l’insurrection armée contre le régime, menaçant d’exclusion ceux de leurs membres qui rejoindraient la contre-révolution. (C’est ainsi que Ivan Maiski, futur diplomate soviétique, fut exclu pour avoir accepté de participer au gouvernement socialiste révolutionnaire et antibolchevique de Samara.) Malgré toutes leurs dénonciations du despotisme et de la terreur bolcheviques, les mencheviks s’accrochaient encore, en 1921, à la conviction que la lutte armée contre le gouvernement de Lénine ne pouvait profiter qu’à la contre-révolution ; et Sotsialistitcheskïi Vesnik (le Courrier socialiste), principal organe menchevique à l‘étranger, tout en manifestant sa sympathie aux matelots de Cronstadt dans leur lutte contre la dictature d’un parti unique et la politique du communisme de guerre, se désolidarisa des menées interventionnistes du parti cadet et des socialistes révolutionnaires. « Notre but, écrivait-il, n’est pas de combattre le bolchevisme avec des fusils, mais avec la pression irrésistible des masses laborieuses » [1]

    (…)

    Il y avait un certain nombre de militants mencheviques parmi les artisans et les ouvriers de la ville et des docks (Valk et Romanenko, les deux membres du Comité révolutionnaire que les Soviétiques présentent comme des mencheviks, étaient d’ailleurs des travailleurs), mais le programme de Cronstadt n’accordait qu’une attention relativement restreinte aux questions intéressant le prolétariat industriel. Ajoutons que le nombre de mencheviks parmi les marins –épine dorsale de l’insurrection- était pratiquement négligeable.

    [1] Sotsialistitcheskïi Vesnik , 18 mars 1921, p. 1-3.

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  5. A props d’un « coup de poignard  (Martov, 1921) « La Bataille socialiste Says:

    […] L’opposition légale des mencheviks en Russie (1918-1922), L. Shapiro (1957) […]

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  6. A propos d’un « coup de poignard  (Martov, 1921) « La Bataille socialiste Says:

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