La situation en Iran après une semaine de mouvement de masse

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Spécial Iran (10)

Les manifs des derniers jours à Téhéran ont réclamé que les coupables (43 victimes) soient jugés, avec pour slogans: « Où sont nos frères ? Pourquoi les avez-vous tués ? » Dans son interview sur Channel 2 News, notre camarade Saeed explique: « Les gens n’ont plus peur ». Les 2/3 des ouvriers d’Iran Khodro (automobile) sont en grève contre la répression. La manifestation de demain 20 juin à Téhéran est interdite.

> Dépêche AFP d’aujourd’hui:

TEHERAN (AFP) — Le guide suprême de l’Iran Ali Khamenei a exigé vendredi la fin de manifestations sans précédent en 30 ans de République islamique, apportant son soutien à la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

En soirée, de nombreux bassidjis, miliciens dévoués à la cause du président Ahmadinejad, se sont déployés sur les principales places de la capitale. Pour la première fois depuis le début du mouvement de protestation, ils étaient vêtus de leur uniforme et portaient des casques et des matraques, certains des kalachnikovs, selon des témoins.

Ils ont notamment établi des barrages sur les axes principaux de Téhéran.

« Le bras de fer dans la rue est une erreur, je veux qu’il y soit mis fin », a dit le guide, la plus haute autorité de l’État, avertissant qu’il « ne cèdera pas à la rue ».

Dans sa première apparition publique après une semaine de colère populaire depuis la présidentielle du 12 juin, l’ayatollah Khamenei a exclu que toute fraude à grande échelle ait pu fausser le scrutin et mis en garde l’opposition menée par le principal rival de M. Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, contre l' »extrémisme ».

« Le peuple a choisi celui qu’il voulait », « le président a été élu par 24 millions de voix », a-t-il lancé, confirmant les résultats officiels. Ceux-ci sont contestés par les trois candidats rivaux de M. Ahmadinejad qui parlent d' »irrégularités » et réclament une nouvelle élection.

Pour l’ayatollah Khamenei, « l’élection a témoigné de la confiance du peuple dans le régime » islamique avec une participation exceptionnelle de 85%.

Il a seulement réaffirmé que « tout doute sur les résultats doit être examiné par des moyens légaux ».

Le Conseil des gardiens de la constitution, chargé de valider le résultat des élections et d’en examiner les plaintes, doit rendre au plus tard dimanche un avis sur un possible nouveau décompte partiel.

Le discours du Guide n’a pas dissuadé le candidat réformateur Mehdi Karoubi de demander à nouveau l’annulation de la présidentielle et l’organisation d’un nouveau scrutin.

Les partisans de M. Moussavi avaient eux décidé pour la première fois d’annuler une manifestation prévue vendredi à l’Université où le guide suprême s’exprimait.

Un nouveau rassemblement qui devait avoir lieu samedi a été interdit par les autorités. Les organisateurs n’ont pas indiqué s’ils allaient ou non le maintenir.

Pour la septième nuit consécutive et en dépit de l’avertissement du guide, de nombreux habitants de la capitale ont scandé depuis les toits « Allahou Akbar », un slogan que M. Moussavi avaient demandé à ses partisans de lancer en signe de protestation.

(…)

L’avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a appelé de son côté la communauté internationale « à empêcher le gouvernement iranien de tirer sur le peuple ».

> Dernière minute:

Le site de la TV officielle iranienne aurait été hacké, avec le message « des meurtres, jusque quand? » avant d’être fermé.

> Communiqués du PCOI d’aujourd’hui:

Khamenei menace d’employer la force. Le PCO d’Iran appelle à intensifier les manifestations

Parti communiste-ouvrier d’Iran

Le « suprème leader », Khamenei, a lancé un avertissement aujourd’hui les manifestants, durant son discours du vendredi. Il a appelé à mettre fin aux manifestations, déclarant que les « ennemis du système » étaient entrés en scène. Il a clairement menacé les manifestants d’une répression brutale. En réponse au discours de Khamenei, le leader du PCO d’Iran, Hamid Taqvaee, a déclaré : “Il est clair qu’il menace la population qui manifeste tout autant qu’il essaie de réduire au silence les factions d’opposition au sein même du régime. Il a menacé d’employer la force brute contre les manifestants. Jusqu’ici, chaque fois qu’il a employé la force, ça s’est retourné contre lui et ça a plutôt galvanisé les protestations contre le régime. La seule option qui lui reste, c’est d’employer les chars et les pasdarans [« gardiens de la révolution », l’un des milices au service du régime, ndt] contre les manifestations de masse. Il y a peu de chance que ça marche ». Hamid Taqvaee a mis l’accent sur le fait que la seule option qui s’offre a la population est d’intensifier les manifestations et de mettre en avant des revendications claires.

Le ton monte

Hier, comme avant-hier, des millions de personnes sont descendues dans les rues de Téhéran. On pouvait lire sur les affiches ou entendre dans les rassemblements : « Libérez les prisonniers politiques et les étudiants ! », « Nous ne nous voulons plus d’une république islamique ! » (jomhury e eslami nemyxaheem, nemyxaheem), “Nous voulons que les assassins des étudiants et des manifestants soient poursuivis », « Non à la violence ! », et « Libérez les travaileurs emprisonnés ! ».

Hier, Aljazeera TV a diffusé une vidéo d’une manifestation rassemblant des millions de personnes. Dans cette vidéo, on a pu voir un nombre de femmes ne portant plus le voile.

Deux jours avant, il y avait aussi des défilés importants à Dezful (province du Khuzestan) et dans d’autres villes importantes d’Iran.

Hier, 600 proches de manifestants qui avaient été arrêtés s’étaient rassemblés devant le palais de justice de Téhéran pour réclamer des informations où ils étaient détenus.

(communiqué par le Parti communiste-ouvrier d’Iran, 19/06/09)

> Interview de Hamid Taqvaee, leader du PCOI:

> Interview de Homa Arjomand, militante du Parti d’unité communiste-ouvrière (WUP), sur la chaîne canadienne CTV:

Voir aussi:

– Les photos et vidéos du 13 juin, du 15 juin, et du 17 juin à Ispahan. Pour la première fois depuis près de 30 ans, des tracts communistes circulent dans les manifestations à Téhéran.

– Les déclarations du PCOI/WPI [1] , [2] & [3].

– Les déclarations du PUCO/WUP [1] & [2].

– La déclaration du PCOI-H (16-06-09).

– La déclaration du syndicat Vahed (18-06-09).

– Les interviews TV de Fariborz Pooya et de Hamid Taqvaee (du PCOI).

– L’article du BIPR (18-06-09).

– Un témoignage à Téhéran du 17 juin paru sur le site Workers’ Liberty

Avant que ne commence le mouvement, la bureaucratie syndicale internationale et Amnesty international avaient programmé une journée mondiale d’action le 26 juin pour protester contre les arrestations de syndicalistes en Iran. Ce sera l’occasion de manifs devant les ambassades et consulats partout dans le monde.

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4 Réponses to “La situation en Iran après une semaine de mouvement de masse”

  1. * Says:

    « S’il y a un bain de sang, ils en seront tenus directement responsables », a prévenu Khamenei devant des dizaines de milliers de personnes réunies à l’université de Téhéran. (Reuters, http://fr.news.yahoo.com/4/20090620/tts-iran-manifestation-972e905.html)

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  2. * Says:

    Z., interrogé par courriel, habite à Téhéran.

    « Téhéran est en feu. Il y a des manifestations partout. Les bassidjis sont armés de chaînes, de couteaux et aussi d’armes à feu. Ils sont habillés en civil et sont difficiles à identifier. Ce sont eux qui vandalisent les biens publics mais la télévision d’Etat accuse les partisans de Moussavi, alors que ceux-ci sont pacifiques et cherchent à éviter les affrontements.

    Les bassidjis ont attaqué l’université de Téhéran et tué huit personnes, deux garçons et six filles [le bilan officiel est de sept morts à Téhéran]. Ils stationnent devant les hôpitaux de la ville pour arrêter les gens blessés qui viennent se faire soigner. Plusieurs personnes ont été kidnappées et on n’a aucune nouvelle d’eux depuis. »… Lire la suite

    http://www.lemonde.fr/international/article/2009/06/20/temoignages-d-iran-nous-n-avons-plus-d-espoir_1209181_3210_1.html

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  3. lucien Says:

    La répression et les menaces contre les libertés civiles doivent être condamnées

    Déclaration du Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et de sa Banlieue

    En lien avec la reconnaissance des droits des travailleurs, nous demandons que la journée d’action du 26 juin revendique également les droits humains de tous les iraniens privés de leurs droits.

    Ces derniers jours, nous sommes continuellement témoins des magnifiques manifestations de millions de gens de tout âge, genre et de toutes les minorités nationales et religieuses d’Iran. Ils demandent que leurs droits humains basiques, en particulier que le droit à la liberté et le droit d’élire de façon indépendante et sans tromperie soient reconnus. Ces droits ne sont pas seulement constitutionnels dans de nombreux pays, mais sont protégés contre toute remise en cause.

    Dans une confusion particulière, nous sommes témoins de telles menaces, arrestations, assassinats et de répression brutale que l’on ne peut craindre qu’une escalade à tous les niveaux, avec encore plus de carnages d’innocents, plus de protestation, mais en aucun cas de repli. La société iranienne fait face à une profonde crise politique et économique. Des protestations silencieuses de millions de personnes, paradoxalement fortes par les mots qui ne sont pas dits, sont devenus un symbole et se développent de tous les côtés. Ces protestations appellent à une réaction de chacun et de tout individu ou organisation particulière.

    Comme nous l’avions déclaré dans un communiqué publié en mai de cette année, comme le Syndicat Vahed considère qu’aucun des candidats ne soutien les activités des organisations ouvrières en Iran, il n’appuie aucun des candidats à l’élection. Les membres du syndicat ont néanmoins le droit de participer ou ne pas participer aux élections et de voter pour le candidat de leur choix.

    De plus, il est un fait que les revendications d’une majorité quasi absolue des Iraniens dépassent de loin les revendications d’un groupe particulier. Dans le passé, nous avions souligné que tant que la liberté de choix et le droit de s’organiser ne seraient pas reconnus, parler de droits sociaux ou particuliers ne pourraient être qu’une blague et non la réalité.

    Le syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et de sa Banlieue soutien complètement ce mouvement du peuple iranien pour construire une société civile libre et indépendante et condamne toute forme de violence et d’oppression.

    En lien avec la reconnaissance des droits ouvriers, le syndicat demande que le 26 juin, journée d’action « Justice pour les travailleurs iranien », appelée par les organisations syndicales internationales, revendique également les droits humains pour tous les Iraniens privés de leurs droits.

    Avec espoir pour la liberté et l’égalité

    Le Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et de sa Banlieue, 18 juin 2009

    *

    Vahed Syndicate statement: Any Suppression or threat of civil liberty condemned

    Any Suppression or threat of civil liberty condemned

    In line with the recognition of the labour rights, we request that June 26 Action Day – Justice for Iranian workers – to include the human rights of all Iranians who have been deprived of their rights.

    In recent days, we continue witnessing the magnificent demonstration of millions of people from all ages, genders, and national and religious minorities in Iran. They request that their basic human rights, particularly the right to freedom and to choose independently and without deception be recognized. These rights are not only constitutional in most of the countries, but also have been protected against all odds.

    Amid such turmoil, one witnesses threats, arrests, murders and brutal suppression that one fears only to escalate on all its aspects, resulting in more innocent bloodshed, more protests, and certainly no retreats. The Iranian society is facing a deep political-economical crisis. Million-strong silent protests, ironically loud with un-spoken words, have turned into iconic stature and are expanding from all sides. These protests demand reaction from each and every responsible individual and institution.

    As previously expressed in a statement published on-line in May of this year, since Syndicate Vahed does not view any of the candidates support the activities of the workers’ organizations in Iran, it would not endorse any presidential candidate in the election. Vahed members nevertheless have the right to participate or not to participate in the elections and vote for their individually selected candidate.

    Moreover, the fact remains that demands of almost an absolute majority of the Iranians go far beyond the demands of a particular group. In the past, we have emphasized that until the freedom of choice and right to organize are not recognized, talk of any social or particular right would be more of a mockery than a reality.

    The Syndicate of Workers of Tehran and Suburbs Vahed Bus Company fully supports this movement of Iranian people to build a free and independent civil society and condemns any violence and oppression.

    In line with the recognition of the labour rights, the Syndicate requests that June 26 which has been called by the International Trade Unions Organization ‘Day of action’ for justice for Iranian workers to include the human rights of all Iranians who have been deprived of their rights.

    With hope for freedom and equality

    The Syndicate of Workers of Tehran and Suburbs Vahed Bus Company

    18 June 2009

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  4. saeedvaladbaygee Says:

    Mostafa ghanian’s body, an engineering student, was burried on thursday with a high security at the Imam reza shrine. the security guards, at the time of mostafa’s death, had kept his family uninformed. they delievered mostafas body and asked his family to sign a commitment before they could have the body. in this funeral which took place with the participation of many people and his family, none of the students were present. it is important to say that this student ( mostafa ) had gone up to the roof of his house after hearing the sound og gun fire and shootings in order to see what has happened, and therefore is shot dead by the BASIJ powers.

    >>>After the recent attack of the secret police powers to the Tehran university, many student have been attack and injured and some are even missing. the last news about the students are as follow: please note that IMAN NAMAZI who was a civil engineering student at the tehran university has now passed away.

    Missing students:
    List includes name surname and subject which they study

    Mohsen azmoodeh politics
    Payam poorang civil
    Morteza janbazi chemistry
    Hajipoor

    Students who have been attacked:

    Yaghob rahbarihagh electronics
    Hossein abadi mechanics
    Mohammad fateminejad hygiene
    Mojtaba kashani management
    Hafez mohammad hassani literature

    Students who have been released:

    Ahmad ahmadian mythology
    eskandari physiques
    Amin afzali literature
    Vahid anari physiques
    Mohammad boloordy architecture
    Hossein hamedi mechanics
    Mohsen habibi mazaheri mechanics
    Navid haghdadi electronics
    Mohammadreza hokmi electronics
    Kazem rahimi social science
    Morteza rezakhani civil
    Meysam zarei physiques
    Amin samie law
    Bahram shabani photography
    Alireza sheikhy physiques
    Siavash fayaz civil
    Seyed hossein mirzadeh
    Hossein nobakht civil
    Javad yazdanfard chemisty engineering
    Habib khadangi literature

    Students still in custody:

    Sohrab ahadian English
    Reza arkvazi medicine
    Karim emami philosophy
    Mohammad hossein emami philosophy
    Elahe imanian social science
    Rohollah baghery
    Farhad binazadeh architecture
    Iman poortahmaseb English
    Ezzat torbaty agriculture
    Somayyeh tohidloo
    Yasser jafary plan sketching
    Milad cheginy archaeologis
    Mohammadreza hadabadi social science
    Seyed javad hosseini geography
    Farshid heydary earthology
    Behnam khoda bandeloo computer
    Mohammad khansari civil
    Mohammad davoodian plan sketching
    Mahmoud delbari civil
    Ali raie
    Omid rezasamety civil
    Ali refahi social science
    Seifollah ramezani English
    Ebrahim zahedian Mythology
    Naser zamani
    Majid sepahnood cartography
    Hanif salami counselling
    Mohammadbagher shabanpoor English
    Hamed sheikhalishahi biochemistry
    Iman sheidayi English
    Farhad shirahmad veterinary
    Saman sahebjalali history
    Farhan sadeghpoor language
    Farshad tahery computer
    Ghamdideh political science
    Hazeh faraty rad mythology
    Esmail ghorbany psychology
    Mohammad karimi geography
    Erfan mohammadi medical rofession
    Adrian jalali computerscience

    Source:Human Rights Activists in İran

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