Kurt Landau (Schafranek, 1980)

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Article de Hans Schafranek parue dans les Cahiers Léon Trotsky N°5 (janvier-mars 1980). Une traduction anglaise parue dans Revolutionary History (vol.4 N°1-2) est disponible ici. Historien autrichien, H. Schafranek a publié une biographie (en allemand) de Kurt Landau: Das kurze Leben des Kurt Landau. Ein österreichischer Kommunist als Opfer der stalinistischen Geheimpolizei. Verlag für Gesellschaftskritik, Vienne 1988.

Kurt Landau (1)

Kurt Landau, né le 29 janvier 1903 et fils d’un négociant en vin aisé (2), adhéra en 1921 au Parti communiste d’Autriche (KPO) — une démarche (3) courante pour un membre de l’intelligentsia juive de l’époque. Une année plus tard, il assume déjà une fonction dirigeante au sein de la section Vienne-Währing.
La vague révolutionnaire reflue lentement en Autriche. Les communistes essaient d’adapter leur tactique aux nouvelles conditions objectives (« stabilisation relative »), ce qui provoque de violentes controverses internes (4).
Alors que beaucoup de protagonistes de ces luttes fractionnelles ne situent leurs affrontements de façon primaire que sur le plan national et ne veulent voir dans l’Internationale communiste qu’un arbitre, Landau voit tout de suite les conséquences qui résulteront de la discussion dans le parti communiste russe (RKP) et le Komintern. Au début de 1923, il critique violemment les décisions du 4e congrès  de l’Internationale communiste sur le « gouvernement ouvrier » en s ‘appuyant sur les positions de Bordiga (5) et d’Acevedo (6) : des gouvernements de coalition (1) avec des social-démocrates devraient être rejetées (7) strictement, comme une révision de la théorie marxiste de l’État. Mais le but de ses attaques n’est pas seulement la centrale dirigée par Brandler (8) dans le Parti communiste d’Allemagne (K.P.D.), mais également « l’opportunisme » de Zinoviev.
Pendant que la direction de la section autrichienne du Komintern applique aveuglément (10) les campagnes antitrotskystes ordonnées sous prétexte de « bolchevisation ». Landau, lors d’une conférence des délégués à Vienne, prend parti pour le fondateur de l’Armée rouge (11), mis au ban de la société. Entre-temps, il est devenu le chef de la section d’agit-prop auprès du C.C. et rédacteur culturel du Rote Fahne (organe central du K.P.Ö.). Dans une résolution, Landau défend avec véhémence les thèses formulées par Trotsky en 1923 dans Littérature et Révolution sur l’impossibilité d’une culture de classe propre au prolétariat (12) — une question à débattre également dans les comités russes du Prolet-Kult (13) et attaque ainsi la superstructure culturelle du « socialisme dans un seul pays » de Staline  (14).
Dans les années 1923 à 1925, se dessine dans le KPÖ un tournant dans les débats entre les groupes menés par Frey et Tomann (15). Sous la forte influence d’émissaires du Komintern se forme une fraction-tampon autour de Koplenig, Fiala (16) et d’autres, qui se caractérise par un dévouement crédule à l’égard de la direction du parti soviétique (17) et qui contrôle (18) peu à peu la section par des méthodes non démocratiques. Face à ce développement, les groupes de Frey et de Tomann s’unissent peu avant le 8e congrès (septembre 1925) (19). En mars 1926, Landau rallie cette opposition unifiée sous réserve de ses propres positions internationales. Les « ultragauches, trotskystes, les sans-principes-par-principe (20) » sont exclus du KPÖ fin 1926-début 1927, pour autant qu’ils ne renient pas leurs convictions et ne capitulent pas officiellement devant le CC (21). Ils fondent le Kommunistische Partei Österreichs-Opposition, ou KPÖ-O (22). A l’intérieur de cette nouvelle organisation, Landau plaide, avec un certain succès au début, pour la conception d’un deuxième parti communiste qui ne se considère pas comme une fraction (exclue) de la fraction officielle (23). Cette vue est cependant bientôt rectifiée. Comme le KPÖ-O. est lui-même hétérogène et ne s’est soudé partiellement que sous la pression de la direction du KPÖ, les nouvelles question qui se posent aussi bien que les problèmes irrésolus des combats fractionnels précédents se révèlent lourds de conflits potentiels avec des combinaisons sans cesse changeantes : en avril 1928, le KPÖ-O. exclut Landau (24) et les militants qui lui sont proches (Mayer, Kuba, Daniel, Heinrich, Thoma [25]). Ceux-ci constituent une seconde organisation oppositionnelle de gauche autour de la revue Der neue Mahnruf. A Graz ce groupe compte plus d’adhérents que le KPÖ officiel (26).
Du point de vue de la fragmentation des organisations communistes oppositionnelles, l’Autriche de l’entre-deux-guerres ne constitue en aucune manière une exception (27) A l’époque, en Allemagne, plusieurs groupes qui se rapprochent des objectifs de l’Opposition de gauche russe existent aussi. Léon Trotsky, expulsé en Turquie par Staline en 1929, s’efforce d’unifier ses partisans éparpillés. Sur invitation personnelle, il est question que Landau participe à cette activité comme secrétaire à Prinkipo, mais il refuse (28). Là-dessus, Trotsky demande à Landau  de provoquer en Allemagne la réunification organisationnelle des oppositionnels de gauche (29) au centre du combat contre le fascisme  dont le Komintern négligeait la montée d’une façon criminelle. En septembre 1929, Landau va s’établir au cœur du mouvement ouvrier révolutionnaire de Berlin (30), dans « Wedding la Rouge ».
C’est avant tout sur la base de ses efforts laborieux (31) que fusionnent les groupements trotskystes d’Allemagne (32) en mars 1930, dans l’Opposition de gauche unifiée du KPD (bolcheviks-léninistes) (33). Landau est élu à la direction nationale provisoire et travaille intensivement à l’organe central Der Kommunist. Quelques jours plus tard une conférence de l’Opposition de gauche internationale le nomme membre du bureau international (34) qui doit donner une nouvelle impulsion à la fusion idéologique  et organisationnelle.
L’Opposition de gauche unifiée du KPD gagne de l’influence auprès de la base du parti communiste (que l’accroissement du National-sozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP, le parti nazi, alarme, mais que les fruits de la théorie du « social-fascisme », de l’orientation du syndicat « rouge » , Revolutionäre Gewerkschaft Opposition (RGO) désarment politiquement de plus en plus) ; dix délégués d’une conférence de la sous-section Berlin-Nord (Wedding) du KPD signent en mai 1930 une représentants protestent ouvertement contre la réaction de la direction du KPD à cette déclaration — l’expulsion violente des délégués oppositionnels de la conférence par les organisateurs (35). L’influence trotskyste croît aussi dans la Ligue des libres penseurs, dans le Secours rouge et dans la Fédération des industries du bâtiment (36).
Les communistes officiels réagissent à ces développements non seulement par de nombreuses exclusions (37) et l’utilisation irréfléchie de la force brutale (38) mais aussi utilisent — comme nous le savons aujourd’hui (39) — de nombreux agents pour désagréger de l’intérieur l’Opposition de gauche internationale. L’un des plus célèbres — Roman Well alias Robert Soblen (40) — devient le plus important rival de Landau (41). A une session de la direction nationale en juin 1930, Well polémique pour des raisons transparentes contre l’atmosphère de panique répandue prétendument par Landau  (« Hitler devant la porte »), pronostique une « révolution froide » des nazis par une « fascisation de l’appareil d’État (42) » et s’imagine pouvoir constater un changement fondamental de la politique du KPD ; en outre Well exige la cooptation à la direction nationale (43) de Frank-Graf (44), dont l’activité au service du GPU est prouvée par de nombreux indices (45).
Une conférence nationale, en octobre 1930, confirme Landau dans sa fonction de représentant au bureau international, mais ne peut cependant réaliser une clarification politique (46). Depuis janvier 1931, Landau, appuyé sur la majorité de la direction berlinoise, impose une série de destitutions et d’exclusions par lesquelles (47) cependant la crise ne peut être réglée.
Trotsky, qui, entre-temps, a eu des déboires avec des partisans de Landau en Autriche, prend nettement parti pour Well (48) pour des raisons qui ne peuvent être discutées ici, et exige avec un soutien international majoritaire un référendum (49) tandis que Landau escompte une clarification d’une conférence internationale (50) incluant les bordiguistes. Après l’échec de plusieurs tentatives de conciliation et aussi de la mission de Pierre Frank (51) à Berlin (52), la section allemande de l’OGI se divise le 31 mai 1931.
La partie de l’Opposition de gauche allemande conduite par Landau qui publie toujours l’organe central Der Kommunist, cherche de nouveaux liens internationaux : en avril 1932, le Groupe de travail international des groupes oppositionnels de gauche dans le Komintern (53) se constitue à Berlin  avec des sections, voire des organisations amies, en Allemagne, Autriche, France, Hongrie, Grèce, aux USA, en Belgique et en Italie (54). L’élément qui fait le lien de cette organisation concurrente à l’OGI est moins, au début, les divergences politiques avec les positions de Trotsky que ses méthodes d’organisation, jugées bureaucratiques. Bien que l’Opposition de gauche du KPD (b.-l.), dont les plus importants théoriciens et organisateurs sont, à côté de Kurt Landau, Hans Schwalbach et Alexander (« Sascha ») Müller (55), n’augmente pas plus sa base numérique dans la phase décisive de la République de Weimar que la section officielle de l’OGI (56) — elle ne devrait pas avoir dépassé les trois cents adhérents — elle ne se contente cependant pas de produire des analyses théoriques et d’agir sur un plan pur de propagande,  mais elle intervient activement — à la mesure de ses modestes forces — dans les luttes de classe du prolétariat allemand. De nombreuses tentatives de conclure avec des organisations communistes et social-démocrates (57) des accords pratiques de front unique, tactique de défense contre le flot fasciste montant, en témoignent, de même que sa participation à la grève des transports berlinois au début de novembre 1932 (58).
Lorsqu’en février 1933 commence la longue nuit du fascisme  en Allemagne, elle surmonte mieux les premiers coups destructeurs que les pesants appareils bureaucratiques, partis de masse des travailleurs allemands paralysés dans leur force d’action. Une conférence illégale, tenue en mars 1933, décide la mise sur pied d’un centre oppositionnel dans le KPD et la sortie d’un bi-mensuel qui porte le nom de Der Funke [l’Étincelle] (59). Cet organe se diffuse non seulement dans les cercles trotskystes et du SAP mais se fraie aussi un chemin risqué jusqu’aux membres du KPD (60). On peut déjà compter comme un succès de ce travail la sortie d’un journal pour la jeunesse,au printemps 1933, en collaboration avec des permanents oppositionnels de l’organisation de jeunesse communiste (61). En été 1933, la première victime de la fureur des SA tombe (62). La consolidation réussie de la structure organisationnelle intérieure, en dépit des conditions incroyablement difficiles, et les discussions avec d’autres groupements de gauche (particulièrement avec le SAP) (63) sont brutalement interrompues lorsque la Gestapo réussit, au printemps 1934, à infiltrer l’organisation et à la détruire presque complètement. En l’espace de quelques semaines plus de cent militants et sympathisants sont arrêtés (64), les permanents les plus importants sont inculpés fin juillet 1934 (65).
La rupture des relations internationales, la nécessité d’une possibilité légale de publication et les exigences d’un réseau de communications si possible continuel entre les cadres  dispersés prouvent la nécessité de l’installation d’une représentation à l’étranger. Aussi Kurt Landau quitte-t-il l’Allemagne (66) dès mars 1933 avec sa femme Katia (en fait Julia) et trouve dans l’émigration parisienne un nouveau champ d’activité politique. En juin 1933, l’ancien secrétaire à l’organisation, Hans Schwalbach le suit (67).
En plus du maintien des liens avec les militants allemands, Landau, comme mentor des marxistes-internationalistes, — c’est le nom de la fraction internationale depuis mars 1933 — , est avant tout confronté, depuis cette scission politique, à deux problèmes importants : il y a d’abord le bilan à tirer de la défaillance historique de l’I.C. et sa portée, des questions qui y sont rattachées comme la réorientation organisationnelle et politique du mouvement ouvrier international pour aboutir à une clarification (68) ; tout aussi important est pour lui de contribuer à l’unification des groupes oppositionnels de gauche français en 1933/34 et de rassembler autour de la représentation à l’étranger (ou Auslandsvertretung, AV) un noyau de camarades français sympathisants qui puisse agir comme point de cristallisation programmatique de ces tendances d’organisation. Ce deuxième aspect ne peut être examiné ici — même si on peut le reconstituer par les documents avec une relative précision (69) — parce que nous serions obligés de recourir à l’histoire des tendances trotskystes, bordiguistes et syndicalistes en France aussi bien que des courants d’opposition interne au PCF, ce qui ferait éclater l’espace limité offert par cette esquisse succincte.
Au vu du « 4 août 1914 (70) » du KPD, Trotsky veut avancer vers la construction d’un nouveau parti de classe illégal du prolétariat allemand — une conception qu’il formule pour la première fois le 12 mars 1933 (71) non sans se heurter à une violente résistance de ses adhérents en Allemagne (72); le « témoignage irréfutable que ce qui s’est décidé en Allemagne, c’est le sort non seulement du K.P.D., mais aussi celui de l’I.C. dans son ensemble (73)» l’engage finalement à abandonner en bloc le cours suivi jusque-là (juillet 1933) d’une réforme du Komintern (74).
Si Landau se considérait jusqu’à ce moment comme lié au trotskysme en tant que « courant intellectuel vivant dans le communisme (75) » — en dépit de la rupture organisationnelle et des divergences politiques grandissantes — l’estimation de Trotsky, selon laquelle le KPD aurait épuisé définitivement son rôle révolutionnaire par sa capitulation sans combat devant le fascisme allemand, a pour conséquence de trancher irrévocablement le cordon ombilical.
En opposition à cela, Landau développe la conception d’un « nouveau Zimmerwald » auquel il cherche à gagner particulièrement Rosmer, le « Liebknecht français » et il explique à ce sujet pour la première fois ses positions le 26 mars 1933 :

« Le processus de décomposition du Komintern, qui est entré dans son dernier stade décisif avec la catastrophe allemande, exige impérativement que tous les communistes qui se reconnaissent dans les principes des quatre premiers congrès mondiaux de l’Internationale communiste (76) constituent une Ligue solide à l’intérieur du Komintern et, dans chaque pays, un centre communiste organisé et capable de gagner une partie décisive du prolétariat pour la reconstruction des partis communistes dans le combat pour la renaissance du Komintern. Nous, militants de gauche, devons former dans une telle organisation l’aile gauche qui par son travail gagne toute l’organisation à nos principes. Ou bien cette organisation communiste détruira la bureaucratie centriste et réorganisera les partis communistes ou bien elle deviendra le fondement d’un parti communiste authentique et nouveau (77). »

Cette définition programmatique des tâches à réaliser est aussi le leitmotiv de l’édition légale du journal Der Funke, organe des marxistes internationalistes, qui paraît à Paris depuis mai 1933 (imprimé à Vienne) et qui est rédigé pour une grande part par Landau lui-même (78). Ces possibilités techniques de publication sont anéanties d’un seul coup lorsque le fascisme s’empare aussi avec succès du pouvoir en Autriche ; la mise hors-la-loi des partisans autrichiens de Landau en février 1934 (Neuer Mahnruf) jointe à l’effondrement simultané du groupe allemand provoque une limitation drastique du rayon d’action de l’AV dirigée depuis Paris par Landau (79). Certes, celle-ci ne demeure en aucune façon inactive (80) dans les deux  années consécutives, mais ses possibilités matérielles et politiques sont pour l’essentiel limitées à un travail de cercle (81). Landau intensifie, il est vrai, ses contacts avec le groupe oppositionnel Que Faire ?, créé à la fin de 1934, autour d’André Ferrat, G. Kagan, P. Rimbert et d’autres (82) ; il devient rédacteur de l’organe théorique du même nom et essaie — finalement sans succès — de le gagner à ses conceptions stratégiques (83).
Un enchaînement d’événements politiques devient le catalyseur extérieur de la rupture partielle de cette existence de groupuscule : en 1936, Staline met en route la liquidation physique massive et systématique de ses adversaires depuis longtemps rendus politiquement impuissants et de tous ses ennemis potentiels futurs au moyen d’un gigantesque appareil répressif ; toute la vieille garde du bolchevisme devient la cible non plus d’attaques politiques, mais des coups de revolver du GPU. Depuis les caves de la Lubianka jusqu’aux déserts de glace les plus reculés de Sibérie, les pelotons d’exécution de la police politique ne connaissaient plus de repos.
Lorsque, le 24 août 1936, le premier grand procès à spectacle de Moscou trouva une fin sans gloire dans les condamnations à mort pour tous les accusés, Landau est alarmé au plus haut point ; la défense des leaders bolcheviques maintenant qualifiés de « rebut », de « chacals », de « hyènes », de « chiens enragés (84) », ne signifie pas seulement pour lui un devoir évident de l’internationalisme prolétarien — surtout et malgré le flot euphorique du Front populaire en France dont les compagnons de route ferment les yeux pour la plupart généreusement sur ces meurtres  massifs — , mais aussi un désir « personnel » d’une grande importance : un des exécutés, Valentin Olberg, était membre du groupe Landau à Berlin en 1930-1931 (85).
Dans l’émigration parisienne, c’est Landau qui prend tout de suite l’initiative d’une large campagne politique de solidarité au profit des victimes de Staline et adresse une proposition d’unité d’action, le 30 août 1936, à Heinrich Brandler (86) ; ce dernier repousse carrément une telle demande (87); le KPO défend le procès Zinoviev comme « un acte de défense justifié contre un complot contre-révolutionnaire (88) » et confirme ainsi éléments essentiels de la critique que Trotsky lui adresse (89); le SAP, le SAP, entré dans un cours droitier rampant depuis 1933  (90), prépare entre-temps, dans le « cercle Lutétia (91) », le Front populaire allemand et fait preuve également d’un total désintérêt envers les propositions de Landau.
Mais il doit cependant se défendre d’une opposition de gauche dans ses propres rangs qui gagne en influence et qui s’émancipe organisationnellement au début de 1937 (92). Seuls les trotskystes et le groupe et le groupe ultragauche Internationale (autour de Maslow [93]) y prennent finalement part (94). On organise quelques séances de discussion communes qui sont consacrées aux procès et aux perspectives de la révolution russe (95) ; des propositions ultérieures de Landau (entre autres la constitution d’une association commune d’éducation ouvrière comme centre d’action contre le travail d’éducation « libéral » du Front populaire ; une brochure commune sur le procès de Moscou — dans ce but Landau prend contact avec le groupe tchèque autour de Kalandra [96] ) échouent à cause d’incompatibilité idéologique ou d’intérêts sectaires d’organisations. Tandis que les trotskystes veulent avant tout recruter des membres pour leur propre organisation, les partisans de Maslow lient leur critique du stalinisme à des exigences « sectaires » résultant de leur refus de la défense de l’U.R.S.S. en tant que système de « capitalisme d’État (97) ». Globalement considérée, cette campagne n’a produit aucun résultat positif concret.
Le deuxième événement qui touche le mouvement ouvrier international sur une base incomparablement plus grande et soumet tous les problèmes de théorie et de pratique révolutionnaires à un examen impitoyable est l’éclatement de la guerre civile espagnole (juillet 1936), qui, dès le début, est indissociable d’une révolution sociale de grande profondeur et ampleur. Celle-ci rejette dans l’ombre tous les soulèvements révolutionnaires précédents depuis le reflux de la première vague (de 1921 à 1923) et, par bien des aspects, dépasse également la révolution de 1917. Ce fait est confirmé par des auteurs politiques aussi différents que Léon Trotsky (98), Andrés Nin (99), et Augustin Souchy  (100), pour n’en nommer que quelques-uns qui se sont penchés attentivement sur cette problématique.
De tous les coins du monde affluent en Espagne, depuis l’été 1936, des révolutionnaires lassés d’une activité politique illégale dans leur propre patrie ou des expériences amères d’une existence de groupuscule souvent épuisante dans les dans les centres d’émigration. Landau, bien que marqué physiquement par les difficultés de la vie d’émigrant (101), et sa femme Katia n’ont plus une minute de repos. Chaque jour ils suivent les nouvelles du théâtre d’opérations : les manchettes annoncent l’assiègement proche de Madrid par les troupes fascistes. L’inactivité forcée les torture. Après quelques tentatives par l’intermédiaire de Fosco (pseudonyme de Nicola di Bartolomeo — un trotskyste italien qui a d’étroites relations avec le POUM [102]) et de Mika Etchebehere (la femme du permanent argentin du POUM, Hipólito Etchebehere qui collabore politiquement depuis 1931 avec Landau (103)) ils réussissent à prendre contact avec Andrés Nin et Juan Andrade (104), du comité exécutif du POUM.
Au début de novembre 1936, Landau et sa femme Katia arrivent à Barcelone qui demeure, en dépit du lent reflux de la révolution, le foyer de radicalisation des travailleurs catalans, voire espagnols  (105) ; avec cette émigration, c’est aussi la représentation à l’étranger des marxistes-internationalistes qui change de place (106). Le POUM charge Landau d’agir comme coordinateur des journalistes  étrangers, des écrivains et des miliciens ordinaires. Il a son propre bureau avec quelques collaborateurs, travaille comme instructeur politique et organise des affaires aussi « banales » que le coucher et le souper (107). Le plus important point de rencontre des nombreux partisans étrangers du POUM est l’hôtel Falcón réquisitionné par le POUM:
« II y bourdonnait un essaim de journalistes, de politiciens, d’émigrants du monde entier, quelques groupes oppositionnels socialistes et communistes s’y donnaient rendez- vous. Le SAP, représenté par Max Diamant et Willy Brandt (108), des permanents du KPO — tendance Brandler, des communistes de conseil de Hollande, des trotskystes d’Amérique, de France, d’Angleterre, d’Amérique du Sud, des maximalistes italiens, des anarcho-syndicalistes allemands, le Bund juif, ils étaient tous là. En tant que tels, les maximalistes italiens et le SAP constituaient leurs propres unités militaires qui s’intégrèrent à la milice du POUM Beaucoup de ces émigrés avaient été soldats pendant la première guerre mondiale, possédaient une une expérience militaire, brûlaient de soutenir politiquement et militairement la révolution espagnole. Les dirigeants du POUM n’avaient ni le temps ni l’envie de prendre part aux discussions et aux intrigues fractionnelles de ces groupes. Aussi nommèrent-ils l’Autrichien Kurt Landau, le dirigeant du groupe Funke comme coordinateur et conseiller qui devait rassembler les forces utilisables de ces volontaires et les organiser, ainsi que des relations internationales (109).»
Landau attend de l’élan de la révolution espagnole un fanal pour la classe ouvrière européenne dont il estimait la réorientation nécessaire depuis 1933 et qu’il voit maintenant pratiquement réalisable par l’intermédiaire du POUM. Cette fonction du POUM, axe d’un « nouveau Zimmerwald » devra se concrétiser lors d’une conférence internationale à Barcelone (110), qu’il prépare avec compétence en collaboration avec le secrétariat international du POUM Pour éviter une dilution des objectifs révolutionnaires du « bloc de combat international » envisagé, il rédige des bases programmatiques dont l’acceptation lui paraît le critère minimum pour la mise à jour et l’activité pratique de ce centre d’action :
1 . – Refus principiel du Front populaire, combat contre le fascisme en tant que lutte de classe prolétarienne pour le socialisme et la dictature prolétarienne, soutien actif de notre révolution socialiste contre ses ennemis extérieurs ouverts (fascistes) et cachés (non-interventionnistes) et contre la contre-révolution démocratique du stalinisme et du réformisme.
2. – Combat révolutionnaire contre la guerre. Rejet de tout support d’États impérialistes en guerre, lutte intransigeante contre l’Union sacrée réformiste et stalinienne en préparation dans les États vainqueurs de Versailles.
3. Reconnaissance du caractère de classe prolétarien de l’Union soviétique et donc du devoir du prolétariat international de défendre l’URSS en guerre par tous les moyens de la lutte des classes. Combat contre la réaction intérieure dans la dictature prolétarienne en URSS, combat contre le stalinisme  et pour l’égalité des droits politiques de tous les partisans politiques du pouvoir des soviets (111).
Cette espérance de voir le développement révolutionnaire en Espagne donner une impulsion profonde à la réorientation du mouvement ouvrier dans l’arène internationale recevra une expression intense dans de nombreux articles, lettres, discussions (112) et, ce qui vaut la peine d’être mentionné ici,  dans un discours radiodiffusé sur les ondes de Radio- POUM (Barcelone) pour le troisième anniversaire  de l’insurrection autrichienne de février :
« Aujourd’hui nous vous parlons depuis la Barcelone révolutionnaire et prolétarienne, depuis les stations de radio dont le prolétariat s’est emparé en ces journées de juillet où le prolétariat espagnol a achevé ce que nous, camarades autrichiens, avions commencé en février 1934. C’est une droite ligne qui va du février autrichien de 1934 au juillet révolutionnaire espagnol. Le chemin que nous avions montré en Autriche, ce sont les mineurs des Asturies qui, quelques mois plus tard, en octobre 1934, l’ont emprunté. Mais la révolution asturienne d’octobre était le prologue grandiose de la victoire révolutionnaire de juillet 1936. Dans quelques semaines, nous tiendrons, tous les groupes et partis révolutionnaires, une conférence internationale à Barcelone et nous espérons que des délégués viendront également des rangs des prolétariens révolutionnaires d’Autriche. La vérité s’affirmera plus forte que le pouvoir des appareils. Plus forte que le flot trouble de la calomnie, la force invincible de notre révolution socialiste s’affirmera (113) … »
Membre du bureau de Londres, tendance internationale oscillant entre la social-démocratie, le communisme « officiel » et le trotskysme, le POUM entretient des contacts étroits avec le SAP qui envoie Max Diamant et Willy Brandt comme représentants et aussi comme dirigeants de la section allemande du POUM, à Barcelone. Ils soutiennent cette aile du POUM qui ne refuse pas la ligne du Front populaire, même après les expériences de l’entrée au gouvernement de Nin à la Généralité catalane, et cherche à échapper aux violentes attaques antitrotskystes des des staliniens catalans (PSUC) et espagnols (PCE) attisées par les « conseillers » soviétiques (114). Les représentants espagnols du SAP entrent ainsi en conflit avec la majorité du POUM et leurs propres membres oppositionnels dont les représentants les plus importants — après leur  exclusion du SAP — entrent en contact avec Landau qui se trouve également en opposition véhémente contre Brandt et Diamant (115).
Landau est mêlé à de violentes polémiques au sujet de la militarisation et de la dissolution de facto des milices et de leur remplacement par « l’armée populaire ». Contrairement à Brandt, il repousse sans réserve la conception qui a la faveur du PC, celle d’une armée populaire (116). Landau ne partage pas non plus l’optimisme de Brandt (117) concernant les perspectives de la révolution espagnole provenant de son estimation positive de la politique du Front populaire : l’écrasement sanglant de l’insurrection prolétarienne à Barcelone (mai 1937) — une dernière tentative désespérée de renverser les progrès rapides de la destruction des conquêtes révolutionnaires depuis le tournant de 1936/37 et de raviver la tradition de juillet 1936 — écrasement perpétré par les efforts communs du PSUC, de l’organisation de jeunesse communiste de l’Esquerra catalunya (le parti de gouvernement bourgeois en Catalogne) et des unités régulières de la garde civile et des troupes d’assaut  (118) est interprété à raison par Landau comme une étape  décisive sur la voie de la défaite sociale, politique et aussi militaire (119).
La politique d’anéantissement de toutes les forces antistaliniennes, annoncée déjà dans la Pravda  du 17 décembre 1936 avec une précision cynique (« En ce qui concerne la Catalogne, l’élimination des trotskystes et des anarchistes a commencé et sera exécutée avec autant d’énergie qu’en URSS (120) »), prend à partir de mai 1937 l’allure d’une chasse aux sorcières contre tout ce qui se trouve à gauche du PC: d’innombrables partisans espagnols et étrangers du POUM, des socialistes de gauche, des anarchistes et des trotskystes sont victimes (121) des pogroms, environ quinze mille prisonniers politiques (122) antifascistes languissent en été 1937 dans les cachots « officiels » ou les nombreuses les nombreuses prisons du GPU (123).
Landau ne se sent pas assez en sûreté dans la banlieue de Saria après les combats de barricades à Barcelone qu’il a vécus comme témoin (124) ; il demande conseil à Augustin Souchy ; celui-ci met un logement à sa disposition (125) dans la Laetana, le QG du comité régional de la CNT anarcho-syndicaliste ; comme Souchy commence peu de temps après un voyage à l’étranger de plusieurs semaines comme délégué de la CNT (pour informer plusieurs partis socialistes de la situation qui s’aggrave) il conseille à Landau de ne pas quitter entre-temps le bâtiment. Ce conseil repose sur une appréciation tout à fait réaliste de la situation : un autre logement, dans lequel Landau avait séjourné provisoirement est visiblement déjà surveillé par la police ; lorsque Peter Blachstein (représentant en Espagne du groupe scissionniste du SAP, le Neuer Weg) y cherche refuge, il y est immédiatement arrêté (126).
Pour des raisons qui ne sont pas complètement explicables, Landau abandonne le refuge relativement sûr (127) de la centrale de la CNT pour faire à nouveau surface, cette fois-ci dans des circonstances aggravées : il sait qu’il se trouve en grand danger de mort depuis l’arrestation de presque tout le comité central et du comité exécutif du POUM (16 juin 1937) et la mise hors-la-loi du parti. Car le même jour, Katia, sa compagne de combat est arrêtée dans un logement du POUM clandestin, accablée d’un ramassis d’accusations absurdes qui vont jusqu’à la haine antisémite ouverte (128), et de fait gardée comme otage pour amener Landau à se livrer aux bourreaux.
Cette pratique de la détention de parents ne représente aucunement une exception (129). En dépit de ces circonstances fâcheuses, Landau rédige dans la clandestinité, avec un dévouement infatigable à la cause révolutionnaire, de nombreux articles qui trouvent leur chemin vers l’étranger (130). Dans ces articles il développe de manière fragmentaire une critique fondamentale du bolchevisme et, à partir de là, polémique également de façon acerbe contre Trotsky et ses partisans (131).
De quels crimes accuse-t-on Kurt Landau ? Au cours d’interrogatoires brutaux, la plupart du temps menés par des non-Espagnols, auxquels Katia Landau et ses codétenus sont soumis, se révèlent des attitudes qui démontrent le bras long de la politique secrète russe (132). A côté de l’affirmation (inexacte) selon laquelle Landau serait membre du comité exécutif du POUM, on lui reproche la prétendue formation d’une association « terroriste » qui, non seulement serait responsable du déclenchement des événements de mai à Barcelone, mais aussi se serait donné comme objectif l’assassinat de Staline  et des dirigeants du Komintern (133). Un numéro spécial de Die Internationale, rédigé par Philipp Dengel, consacré à un seul thème : « Pourquoi le trotskysme doit être rayé du mouvement ouvrier ! » (septembre 1937), désigne Landau comme « théoricien officiel » du POUM et trahit avec une franchise remarquable la direction dans laquelle l’affrontement « politique » doit se développer :
« Après toutes les expériences internationales et allemandes, chaque trotskyste doit être traité comme un agent direct du fascisme. Toute relation avec ces éléments est un crime contre la classe ouvrière, contre ceux qui, en Allemagne, poursuivent une résistance héroïque contre le fascisme. La lutte contre ces agents fascistes dans les rangs de la classe ouvrière est aussi bien le devoir des social-démocrates que des communistes (134).»
Tandis que la résignation et la démoralisation apparaissent parmi de nombreux militants du POUM depuis mai 1937 au vu de la faible résistance contre la destruction du POUM, l’optimisme de Landau reste intact. De cela témoigne une lettre qu’il adresse fin juillet 1937 à un de ses compagnons de lutte autrichien, Karl Daniel :
« Malgré cette situation foutument dure, je me sens comme un poisson dans l’eau… C’est une lutte à mort qui est déclarée maintenant entre nous et les staliniens. Ils sont dix fois plus forts que nous mais jusqu’ici ils n’ont eu à faire qu’à des hommes brisés (URSS) ou à un seul homme de lettres (Léon) ou à de petits groupes. Mais ici nous aurons la possibilité de développer contre le stalinisme non pas un petit combat fractionnel ou un combat littéraire mais la lutte de classe des travailleurs contre le stalinisme. Même si nous devions avoir le dessous, ce que je ne crois pas, même si nous devions tous être anéantis, nous qui menons ce combat,  nous laisserions des empreintes si profondes que dans une nouvelle situation la lutte entre la révolution et le stalinisme s’enflammerait de nouveau comme la lutte de classe du prolétariat révolutionnaire contre la contre-révolution stalinienne. C’est sur nos solides os que Staline se brisera au moins quelques dents… Le POUM représente la seule grande force politique sur laquelle puisse s’appuyer présentement le marxisme. Bien que le parti ait révélé mille faiblesses, les meilleurs camarades étrangers, avant tout nos miliciens, sont enthousiasmés pour le parti comme rarement on a pu le voir. Quiconque retourne à l’étranger en partant d’ici, qu’il soit du SAP, du KPO ou de Dieu sait quoi, celui-là part comme « émissaire du POUM », chargé non pas de missions ou d’or comme… (illisible) mais il part rempli du plus grand enthousiasme pour notre parti et son combat et d’une haine mortelle contre le stalinisme  (135).»
Quelques semaines plus tard, le 23 septembre 1937, Kurt Landau est découvert dans sa cachette et déporté. Cédons la parole à Katia Landau :
« Kurt était logé dans un faubourg de Barcelone dans la maison de camarades du POUM La femme qui l’hébergeait s’appelait Carlota Duran. Elle venait d’arriver chez elle lorsqu’elle vit une grande voiture noire, très élégante, stationnée devant sa maison. Mon mari était assis à la terrasse, écrivant comme toujours. Deux hommes en civil et un garde d’assaut en sortirent, lui dirent d’aller chercher ses vêtements et sont partis tout de suite avec lui. Elle n’eut pas le courage d’intervenir, ce qu’elle m’avoua aussi ouvertement. Pourquoi mon mari était-il repéré ? Peut-être parce que les camarades du POUM se trouvant en liberté avaient fait de cette maison un quartier général,ce qui devait se remarquer dans ce faubourg tranquille (136). »
Toutes les recherches auprès du commissariat général pour l’ordre public comme dans toutes les prisons officielles restèrent vaines. Le délégué général pour l’ordre public, Paulino Gomez, expliqua à ceux qui s’intéressaient à la disparition de Landau qu’il ne pouvait recevoir de Valence aucune information en réponse à son intervention (137).

Malgré un flot de calomnies de la part de la machine à propagande de l’appareil du Komintern dans tous les pays, il ne réussit pas complètement à étouffer l’esprit critique, et la solidarité avec les victimes de la répression stalinienne, en particulier la disparition d’Andrés Nin (138) connu internationalement comme un vieux révolutionnaire, fit apparaître des courants oppositionnels : à côté de quelques tentatives de développer des campagnes de solidarité en France et en Angleterre, trois commissions internationales d’enquête (139) surtout gagnèrent sur le terrain une certaine influence — avec la participation de représentants réputés du bureau de Londres (140). La dernière de ces délégations, se composant de J. MacGovern (secrétaire de l’I.L.P.) et de F. Challaye (professeur à la Sorbonne, membre du comité d’enquête sur les procès  de Moscou (141)), se rend en Catalogne (142) en novembre 1937 pour examiner entre autres la situation dans les prisons étatiques et les circonstances de la disparition de quelques représentants étrangers d’organisations ouvrières (Erwin Wolf, Marc Rhein [143], Kurt Landau …) et également éclairer le cas de Nin.
Katia Landau qui entre-temps est détenue au Carcel de mujeres de Barcelone (prison de femmes) s’adresse au président catalan L. Companys, au ministre de l’Intérieur et à toutes les autorités décisives de justice et de police et exige sous la menace d’une grève de la faim : 1. Des informations sur le lieu de détention et le sort de Kurt Landau. 2.Une réponse à la question de savoir si elle est détenue comme otage ou bien quelle est la raison de son arrestation. 3. Si rien n’est retenu contre elle, sa libération immédiate (144). Le 8 novembre 1937, elle a recours effectivement à ce moyen de lutte extrême : cinq cents femmes incarcérées (en grande partie des Allemandes) se solidarisent avec elle et entreprennent également une grève de la faim. La commission d’enquête déjà mentionnée qui a accès à certaines prisons, n’en revient pas d’être accueillie au chant de l’Internationale par des centaines de prisonnières — agents fascistes selon le PC (145).
Si le gouvernement Negrin, au vu de cette pression, ne veut pas trop voir mettre en lumière la position dominante de l’appareil du PC dans des secteurs décisifs de l’appareil d’État, il est en partie contraint pour des raisons tactiques de prendre ses distances avec les diffamations manifestes du PC ; viennent s’ajouter à cela, depuis l’automne 1937, de réelles oppositions d’intérêts (146). C’est sans doute à cette circonstance que l’on doit imputer l’intervention personnelle du ministre de la justice Manuel Irujo, après laquelle Katia Landau interrompt le 22 novembre 1937 sa grève de la faim et est libérée (147). Elle est de nouveau arrêtée une semaine plus tard par le Grupo de Information, bien sûr sans mandat d’arrêt, et emmenée avec Eisa Henschke  (KPO) au Paseo San Juan (cantonnement du GPU à Barcelone) (148). Un des « spécialistes de l’interrogatoire », Leopold Kulcsar (149), est une « vieille connaissance » de Kurt et de Katia Landau de l’époque des luttes fractionnelles du KPÖ en 1924-1925. Kulcsar — une des figures les plus suspectes du mouvement ouvrier autrichien — parle de Kurt Landau avec une haine presque pathologique, il promet une « vengeance sanglante » et affirme être venu en Espagne pour une « mission spéciale » ; sa véritable fonction dans l’appareil reste controversée (150).
Ceci nous ramène à la question de savoir qui a prévu, organisé et accompli l’enlèvement et l’exécution de Landau. Tous les indices indiquent le GPU, mais il est presque impossible de savoir exactement qui sont les personnes impliquées. Les meurtriers savent effacer leurs traces — comme dans de nombreux cas semblables. Selon la version d’Erich Wollenberg (151) reprise par Carola Stern (152), Kurt Landau est enlevé par des gens de l’appareil allemand et torturé à mort ; des sévices corporels que l’on peut supposer sans aucune doute, sont en tout cas  liés à un danger de mort pour Landau car il est hémophile (153). On raconte que Walter Ulbricht aurait chargé le communiste français André Marty de « liquider » Landau. Marty se serait conformé à cette exigence (154). Même si ceci n’est pas vérifiable, l’activité de ces deux permanents reste en tout cas un des chapitres les plus sombres dans l’histoire de la guerre civile espagnole (155). La trace de Landau peut être suivie jusqu’à la calle Corcega 299 (police étrangère), elle se perd ensuite dans l’obscurité (156).
Julian Gorkin — ancien rédacteur en chef de l’organe central du POUM La Batalla et dirigeant du secrétariat international qui a bien connu Landau — raconte, dans une lettre à Elsa Poretski (157), son séjour dans la prison d’État de Barcelone : selon celle-ci, il y rencontra un ami également incarcéré qui lui assura que Landau aurait été amené à l’Hôtel Colon — siège du PSUC, la section catalane du Komintern — , tué dans la cave de l’hôtel et ensuite brûlé (158). Katia Landau par contre n’exclut pas que son mari ait été déporté en Union soviétique et ait connu là le sort d’innombrables compagnons politiques (159).
Après son nouvel emprisonnement de début décembre, une véritable odyssée à travers les prisons secrètes d’État, on la menace d’un procès pour espionnage militaire ; entre-temps, le « cas Landau » a, sur la base des circonstances dépeintes, connu une certaine publicité — même si elle est limitée — Otto Bauer et Friedrich Adler s’adressent au Komintern et s’efforcent d’obtenir la libération de Katia (160) ; le groupe de la Gauche révolutionnaire autour de Marceau Pivert tente aussi quelques interventions (161); l’on doit probablement à cette intervention la libération de Katia quelque temps après et son expulsion d’Espagne  — en échange de quelques avions (162). Les staliniens se contentent de l’assassinat d’un combattant révolutionnaire : en octobre 1938, quand est mis en scène le procès (163) contre les dirigeants les plus éminents du POUM, ils accusent Landau et quelques-uns de ses camarades de combat en liaison avec le procès d’avoir agi… comme agents de la Gestapo (164). Quelques organisations et de nombreuses personnalités protestent contre cette calomnie infâme par des télégrammes au ministre-président Negrin : A. Rosmer, F. Brupbacher, Victor Serge, Ignazio Silone, Brandler, Frölich, Thalheimer, Marceau Pivert, Magdeleine et Maurice Paz, Rappoport, M. Fourrier, Martinet et quelques autres. Cependant à cette époque les communistes « officiels » d’Espagne récoltent déjà les fruits de leur politique de Front populaire : ils sont éliminés par leurs alliés bourgeois à qui ils ont mis le pied à l’étrier. Moins d’un an plus tard toute l’Espagne se trouve sous le joug du fascisme.

Kurt Landau

Notes:
[1] (Note du titre, pour l’article:) Traduction Jean-Pierre Le Nir et, pour les notes, Jacqueline Bois.
[2] D’après une communication orale faite à l’auteur par Katia Landau de Balboa (Cuernavaca, Mexique, 28 août 1977)
[3] Cf. John Bunzl, Klassenkampf in der Diaspora, Zur Geschichte der jüdischen Arbeiterbewegung [Lutte de classe dans la diaspora. Contribution à l’histoire du mouvement ouvrier juif], Vienne, 1975, p. 125.
[4] Cf. l’ouvrage de Fritz Keller : Gegen den Strom [contre le courant], Vienne, 1978.
[5] Amadeo Bordiga (1889-1970), éditeur de la revue Il Soviet (Naples), dirigeant du P.C.I. en 1921, élu au présidium du CE. de l’IC en 1923, n’accepte la politique de front unique que sur le terrain syndical ; limogé par Gramsci et Togliatti au congrès de Lyon du P. C I. en 1926 : critique sévère du cours stalinien ; exclu du parti en 1930 ; nombreuses publications dans des revues et sous forme de livres.
[6] Isidoro Acevedo, membre de la fédération socialiste des Asturies, appartenait à l’aile gauche du PSOE qui créa le Partido comunista obrero espanol, le 13 avril 1921. Le P.C.O.E. fusionna avec le Partido communista de España, créé le 15 avril 1920 par la fédérations des Jeunes socialistes, affiliés à l’I.C. dès décembre 1919. Le nouveau P. CE. unifié fut créé le 14 novembre 1921 et Acevedo devint directeur de de l’Aurora Roja d’Oviedo. Mais dès la fusion et le 3° congrès, Acevedo appartenait à l’opposition et était menacé d’exclusion (NDLR). Il était membre de la délégation espagnole au 4° congrès (NDLA).
[7] Cf. « Zehn Jahre Kampf der (…)
[8] Heinrich Brandler (1881-1967), ouvrier maçon, avait été l’un des rares dirigeants ouvriers du noyau spartakiste et, élu à la centrale dès avril 1920, était devenu président du parti en février 1921, en assumant la direction pendant l’action de mars. Emprisonné de juin à novembre, il séjourna plusieurs mois à Moscou comme membre du présidium de l’IC. Secrétaire général du KPD en automne 22, c’est à lui que Staline fit porter la responsabilité de la défaite d’octobre 1923. (NDLR)
[9] C’est surtout le passage suivant du discours de Zinoviev que Landau soumit à une vigoureuse critique : « Si tout va bien, nous ferons sortir d’un tel gouvernement (un gouvernement de coalition entre social-démocrates , syndicalistes, sans-partis et communistes, etc) un social-démocrate après l’autre, jusqu’à ce que le pouvoir reste aux mains des communistes ».
[10] Cf. Die Rote Fahne, Zentralorgan der Kommunistische Partei Osterreichs, 23 novembre 1924, 28 décembre 1924, 20 janvier 1925, 22 janvier 1925.
[11] Der neue Mahnruf, op. cit. On ne publia jamais de procès-verbal de cette conférence, de sorte qu’il a fallu se reporter à ce récit plus tardif. Mais le contenu se recoupe avec celui de plusieurs articles de Landau dans Die Rote Fahne, mai 1925.
[12] Cf. Léon Trotsky, Littérature et Révolution, Paris, UGE (10/18), 1974, p. 249-261 sq., ainsi que Andreas Rez, « Trotsky und die Frage der proletarischen Kaltur » [Trotsky et la question de la culture prolétarienne] Inprekorr, n » 16, 18 avril 1925.
[13] Cf. les résolutions dans la revue Arbeiterliteratur, publiée par le KPO, Vienne, 1924.
[14] En mai 1924, encore, Staline écrivait : « Mais, renverser le pouvoir de la bourgeoisie et instaurer le pouvoir du prolétariat dans un seul pays, ce n’est pas encore assurer la pleine victoire du socialisme. Ayant consolidé son pouvoir et entraîné la paysannerie à sa suite, le prolétariat du pays victorieux peut et doit édifier la société socialiste. Mais, cela signifie-t-il qu’il arrivera par là-même à la pleine victoire définitive du socialisme ? Autrement dit, cela signifie-t-il qu’il peut par les seules forces de son pays, asseoir définitivement le socialisme et garantir pleinement le pays contre l’intervention et, partant, contre la restauration ? Evidemment non. Pour cela il est nécessaire que la révolution triomphe au moins dans quelques pays » (Des principes du léninisme, in Questions du léninisme, Édition en langues étrangères, Moscou, 1949, p. 39-40). Par contre, on trouve dès décembre 1924 : « Il est certain que… la théorie de l’impossibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays s’est avérée une théorie artificielle, non viable. » (La révolution d’Octobre et la tactique des communistes russes, in Questions du léninisme, op. cit., p. 139).
[15] Karl TOMANN (1877-1945), revenu communiste de sa captivité en Russie, faisait partie du directoire qui, le 13 juin 1919, décida l’annulation de l’insurrection prévue le 15. Membre de la direction, avec Koritschoner, il se situa à la droite du parti, se heurtant violemment à la « gauche » de Frey. Tomann était responsable de la section syndicale lorsque, poussé par Ruth Fischer, Zinoviev envoya un émissaire, Karl Frank, qui le fit exclure en août 1924. Mais il fut réintégré et rétabli dans ses fonctions de secrétaire de la section syndicale du parti en décembre. (NDLR)
[16] Johann KOPLENIG  (1891-1968), militant actif avant guerre, prisonnier en Russie, ne revint en Autriche qu’en 1920 adhéra au KPÖ dont il devint en 1924 secrétaire à l’organisation et, en 1925, secrétaire général. Gottlieb FIALA (1891-1970) adhéra lui aussi au KPÖ à son retour de captivité de Russie et fut membre de son CD dès 1923. Il siégea au CE de l’I.C. de 1924 à 1928. En Autriche, responsable de l’activité révolutionnaire dans l’armée et et directeur de Rote Hilfe [Secours rouge], il fut en 1927 il fut en 1927 le second de Koplenig. (NDLR).
[17] Cf. Lucien LAURAT, Le parti communiste autrichien, in Contributions à l’histoire du Komintern, Ed. Droz, Genève, 1965, qui note qu’en 1920 le PC autrichien compte moins de 10000 adhérents.
[18] Cf. Fritz KELLER, Gegen den Strom, op. cit.
[19] L’accord de ces deux tendances, proclamé le 30 août, fut brocardé dans le dans le parti et désigné du nom de « bloc sans principe », qui n’obtint que 40 % des mandats. (NDLR)
[20] Cf. Die Rote Fahne, S janvier 1927.
[21] Cf. par exemple les déclarations de Max STERNBERG, Die Rote Fahne, 13 janvier 1927, et, après quelques hésitations, la prise de position d’autant plus soumise de TOMANN, Die Rote Fahne, 22 juin 1927
[22] L’organe central de cette organisation est le journal Arbeiterstimme [Voix ouvrière] qui paraît de janvier 1927 à août 1933 (134 numéros).
[23] Voir par exemple la conférence nationale du KPÖ (O) du 22 mai 1927.
[24] Cf. Klassenkampf, Organ der Kommunistischen Opposition (Marxistisch- Leninistische Linke), n° 1, Vienne, mai 1928.
[25] Karl MAYER, KUBA, Karl DANIEL, Ludwig HEINRICH, Hans THOMA furent exclus avec Landau en avril 1928 par la direction du KPÖ pour « déviation gauchiste ». Selon W. WAGNER, Trotzkismus in Österreich,  l’exclusion de ces militants (tous originaires de Graz, alors deuxième ville d’Autriche) se fit « pour tendances korschistes ». Le groupe d’exclus forma alors avec la section de Graz une organisation autonome qui publia d’abord Klassenkampf puis à partir de mai 1929, Der neue Mahnruf. (NDLR)
[26] Cf. Rote Fahne, 23 avril 1929.
[27] Fritz BELLEVILLE en donne un bon panorama dans « Der Weltbund der (…) Opposition » [L’alliance mondiale de l’Opposition communiste de gauche], dans Fahne des Kommunismus, Zeitschrift der orthodoxen Marxisten-Leninisten (Leninbund], Berlin, n°1 et 2, 1930.
[28] D’après une communication orale (28 août 1977) et écrite (10 mars 1977) de Katia Landau de Balbos.
[29] Id.
[30] Id.
[31] Communication orale faite à l’auteur, Lyon, 14 octobre 1977.
[32] Il s’agit de l’opposition de Wedding qui existe depuis 1925 et de l’ « opposition du Palatinat » dont les représentants les plus connus ont été exclus du K.P.D. pour la plupart en 1927 ; puis, ultérieurement, de l’Opposition trotskyste dans le Leninbund (autour de Grylewicz) ainsi que du groupe saxon Bolschewistische Einheit qui avait rejoint le Leninbund en 1928/29; cf. Rüdiger ZIMMERMAN, Der Leninbund. Linke Kommunisten in der Weimar Republik, [le Leninbund. Communiste de gauche dans la République de Weimar], Düsseldorf, Droste Verlag, 1978.
[33] Cf. Der Kommunist Zeitschrift der Vereinigten Linken Opposition der KPD (BL), n° 1, Berlin, mi-avril 1930. Cf. également, Wolfgang Alles, Zur Politik und Geschichte der deutschen Trotzkisten ab 1930, [sur la politique et l’histoire des trotskystes allemands depuis 1930], Université de Mannheim, 1978.
[34] Faisaient aussi partie du bureau international : A. Rosmer, M. Shachtman, A. Nin et Léon Sedov.
[35] La résolution est reproduite dans Der Kommunist, n° 3 (fin  mai 1930).
[36] Cf. Der Kommunist, n° 5 (début juillet 1930), n° 14 (fin décembre 30), n° 1 (mi-janvier 31), n° 3 (mars 31), n° 4 (mai 1931).
[37] Cf. Der Kommunist, n° 1
[38] Cf. Der Kommunist, n° 11 (début octobre 30), n° 12 (début novembre 30), n° 14 (fin décembre 30), n° 1  (mi-janvier 31), n° 3 (mars 31), n° 4 (mai 31).
[39] Cf. Georges Vereeken, La Guépéou dans le mouvement trotskiste, Paris, La Pensée universelle, 1975. International Committee of the Fourth International (édit.) : How the GPU murdered Trotsky [comment le GPU assassina Trotsky], Londres, 1976.
[40] Ruvin Sobolevicius (ou Sobolevitch) (1901-1962), d’origine lituanienne, fit des études  d’agronomie en Allemagne, puis un séjour d’un an en URSS au cours duquel il dut rentrer dans les services secrets soviétiques, commence des études d’économie en 1927 à Leipzig où il adhère au KPD En octobre 1928, il réunit des communistes oppositionnels dans le groupe Bolschewisthche Einheit [Unité bolchevique] qui s’était rapproché de l’Opposition  de gauche en 1929. Il devint en 1930, sous le nom de Roman Well, l’un des principaux dirigeants de l’Opposition de gauche unifiée allemande et poussait de toutes ses forces à la scission avec le groupe dirigé à Berlin par Landau. (NDLR)
[41] Cf. Arthur Spencer, « A Strange Interlude. A footnote to the Soblen Case », [Un étrange intermède. Une note sur le cas Soblen], Survey, octobre 1963, p. 114 sq.
[42] Cf. Bulletin international de l’Opposition communiste de gauche, n° 7, Paris, mai 1931, p. 5 sq.
[43] Idem., p. 7.
[44] Sur Frank-Graf, cf. n. 5, p. 101.
[45] Cf. Léon Trotsky, « Ernste Lehren aus einer (…)» [Leçons sérieuses d’une affaire peu sérieuse] (28 janvier 1933), Permanente Revolution, Zeitschrift der Linken Opposition der KPD (Bolschewiki-Leninisten), n°5 (février 1933), Arthur Spencer, « A strange Interlude », loc. cit., p. 113 sp.
[46] Cf. Der Kommunist, n° 12 (début nov. 30).
[47] Cf. Mitteilungsblatt der Reichsleitung der Linken Opposition der KPD (Bolschewiki-Leninisten) [Bulletin d’information de la direction nationale de l’Opposition de gauche du KPD-BL), n° 1 (juin 1931). Der Kommunist n° 3 (mars 1931).
[48] Cf. Léon Trotsky, « La crise de l’Opposition de gauche allemande. (…)
[51] Pierre Frank (né en 1905), au PC en 1924, l’un des dirigeants de la de la fédération CGTU des produits chimiques, s’était rallié à l’Opposition de gauche dès 1927. Signataire du manifeste de La Vérité en 1929, il avait été en 1930 l’un des dirigeants de « l’aile marxiste » qui avait pris la direction de la section française et était rentré au SI en mai. (NDLR)
(52) Le Mitteilungsblatt…, op. cit., n° 2, juillet 1932, contient le rapport exact de Pierre Frank sur ses tentatives d’intervention.
[53] Der Kommunist, 3e année, n° 17, avril-mai 1932.
[54] Il s’agit des groupes suivants : — Allemagne : Linke Opposition der KPD (Bolschewiki-Leninisten). — Autriche : Kommunistische Linksopposition (Groupe Der neue Mahnruf). — France : Gauche communiste. — Grèce : Groupe Spartakos. — Hongrie : Émigrants de de l’opposition du parti communiste de Hongrie en Autriche et aux États-Unis. — USA : Groupe Weisbord. — Belgique : Ligue des communistes internationalistes. — Italie: bordiguistes (pas d’adhésion formelle).
[55] Il existe en particulier toute une correspondance entre Trotsky et Alexander Müller dans les archives de Harvard. (NDLR)
[56] Celle-ci publie le journal Die Permanente Revolution (jusqu’en février 1933).
[57] Cf. Der Kommunist, 3e année, n° 1 (fin janvier-début février 1932), n° 11 (juillet 1932), n » 16 (octobre 1932), n° 17 (décembre 1932),…
[58] Cf. Der Kommunist, 3e année, n° 18 (décembre 1932).Ces grèves se déroulèrent sous la direction du RGO, syndicat contrôlé par le KPD et du NSBO, National Sozialistische Betriebs-Organisation, le syndicat nazi. (NDLR)
[59] Cf. Der Funke.
[60] E. Wollenberg rapporte que les méthodes staliniennes de dénonciation à la Gestapo faisaient depuis 1933/34 partie du répertoire de la politique du KPD : « A Berlin, à Breslau et dans d’autres villes, ils fabriquent des « circulaires » dans lesquelles on mettait en garde contre le travail de noyautage de trotskystes, d’anciens communistes ou de socialistes anti-staliniens nommément cités, avec indication précise de leurs logements, de leurs cachettes illégales, de leur activité politique. »
[61] Cf. J. Kampfer, « Klassenkampf unter dem Hakenkreuz », [Lutte de classes sous la croix gammée], Der Funke, n° 9, , Paris (septembre 1933).
[62] Cf. Der Funke, n° 8, Paris (octobre 33).
[63] En particulier sur la question du travail syndical. Cf. Der Funke, n° 6, Paris (septembre 33).
[64] Cf. Der Funke, 2e année, n° 4, Paris, juillet 34 (multigraphié).
[65] Acte d’accusation du procureur général auprès du tribunal de Berlin du 28 juillet 1934 contre H. Jacobi et autres, en raison d’activité illégale, dans Archiv des Instituts fur Zeitgeschichte [Archives de l’Institut d’histoire (…)
[66] D’après une communication orale de Katia Landau de Balboa faite à l’auteur
[67] D’après une communication orale faite à l’auteur. (Francfort, 16 septembre 77).
[68] Cf. lettre de Landau à l’Opposition communiste de gauche du 15e rayon, Paris, 26 mars 1933.
[69] A cet endroit, je voudrais exprimer mes remerciements à un ancien collaborateur de Landau qui veut rester anonyme.
[70] Trotsky comparait ainsi la capitulation sans combat du KPD devant le fascisme à l’abandon de l’internationalisme par le SPD en 1914 (crédits de guerre). Cf. Léon TROTSKY, Œuvres 1, mars-juillet 1933, Paris, EDI, 1978, p. 56, 113, 197.
[71] Cf. Léon TROTSKY, « Die Tragedie des deutschen Proletariats » (14 mars 1933), Unser Wort, bi-mensuel de la section allemande de l’Opposition de gauche internationale, 1° année, n° 2, début avril 1933. Cf. aussi, Léon TROTSKY, « II faut un nouveau paru en Allemagne », 12 mars 1933, Œuvres 1, op. cit.
[72] Cf. Der Funke, n° 1, Paris, Vienne, Prague (mai 33).
[73] Léon TROTSKY, « II faut construire de nouveau des partis communiste et une nouvelle internationale », 15 juillet 1933, Œuvres 1, op. cit., p. 251.
[74] Idem, p. 258 sq.
[75] W. BERTRAM (Kurt LANDAU), Von Brüssel nach Barcelona, manuscrit non publié, Barcelone [1937], p. 4.
[76] La référence de Landau aux quatre premiers congrès de l’IC contraste étonnamment avec ses prises de position antérieures, d’autant plus qu’il a repris cet élément de la « tradition » trotskyste juste au moment (1933) où il rompait avec le trotskysme.
[77] Landau à l’Opposition communiste de gauche (15e rayon), Paris, 26 mars 1933.
[78] Landau a publié de nombreux articles sous les pseudonymes de Wolf BERTRAM et SPECTATOR.
[79] Une conséquence en fut, par exemple, que Der Funke dut cesser de paraître.
[80] Note non disponible.
[81]Cf. Der Funke, n° 1/2, janvier-février 1937.
[82] André MOREL, dit FERRAT (né en 1902), membre du BP du PC après 1927 et rédacteur en chef de L’Humanité  jusqu’en février 1934, Georges KAGAN, de la section agit-prop, qui signait Pierre LENOIR, étaient membre de l’appareil du PC.  Les autres venaient de l’Opposition de gauche comme Pietro TORIELLI, dit Pierre RIMBERT (né en 1910), qui, exclu du PC en 1932, avait milité dans la Ligue communiste jusqu’en 1933. (NDLR)
[83] Cf. par exemple : Wolf BERTRAM : Fraction ou organisation indépendante ? La question du nouveau parti est-elle une question tactique ou de principe ? Manuscrit non publié, Paris, 1935. Du même : « Wo steht und wohin steuert die UdSSR? » [Où est et où va l’URSS ?], Der Funke, n° 1/2, janvier-février 1937.
[84] Ces monstruosités verbales et d’autres semblables ne manquent dans aucune des publications russes ou
[85] Cf. Not Guilty. Report of the Commission of Inquiry into the Charges made against Léon Trotsky in the Moscow Trials. [Rapport de la commission d’enquête sur les charges portées contre Léon Trotsky dans les procès de Moscou]. New York, 1972, p. 97 à 115. Valentin P. Olberg (1909-1936), Letton d’origine, avait appartenu en Allemagne à l’Opposition de gauche jusqu’en 1931, où il s’était rallié au groupe de Landau. Lors du procès des seize en août 1936 à Moscou, il avait complaisamment « avoué » et Trotsky le considérait comme l’un des provocateurs destinés à accréditer par des aveux publics la thèse de l’accusation.(NDLR)
[86] Lettre de Landau à Heinrich Brandler, La Ciotat, 30 août 1936, Archives IfZ, F 212.
[87] La réponse négative de Brandler n’a pas été conservée ; d’après Katia Landau, il écrivit qu’il ne voulait rien avoir à faire avec des « traîtres-trotskystes » (Communication orale, 10 septembre 1977). Cf. aussi Der Funke, n° 1/2 janvier- février 1937.
[88] Der Internationale Klassenkampf, [la lutte de classe internationale] édité par l’IVKO, n° 4, 1936. (NDLR)
[89] Le KPO critiquait, certes, le cours ultra-gauche de l’IC dans la « troisième période » (1929-1934), mais en excluant de cette critique le cours parallèle suivi en Union soviétique.
[90] Cf. Hanno Drechsler, Die Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands (SAPD), Meisenheim/Glan, 1965.
[91] Cf. Ursula Langkau-Alex, Volksfront fur Deutschland ? [Front populaire pour l’Allemagne ?], tome 1 : Vorgeschichte und Gründung des Ausschusses zur Vorbereitung einer deutschen Volksfront, 1933-1936, Frankfurt/Main 1977
[92] Hanno DRECHSLER, Die Sozialistische…, op. cit., p. 349.
[93] Isaac TCHÉREMINSKI,dit Arkadi MASLOW (1893-1941) avait été l’un des animateurs de la gauche du KPD contre Brandler et les dirigeants du parti avec Ruth Fischer. Lié à Zinoviev il avait été exclu du KPD en 1928 avec elle et avait émigré à Paris, toujours avec elle, en janvier  1933. Il avait rencontré Trotsky à Paris en janvier 1934 et travaillé avec le SI de la LCI depuis la mi-1934. Il avait créé en septembre 1935 avec Ruth Fischer le groupe Die Internationale. (NDLR)
[94] Lettre de Landau (le destinataire est manifestement un membre danois des Marxistes-Internationalistes), Paris, 28 septembre 1936.
[95] Internationales Bulletin, édité par l’AV de la gauche allemande, Paris, fin octobre 1936.
[96] Lettre de Landau à Zavis Kalandra, Paris, 19 octobre 1936. Zavis KALANDRA (1902-1950), militant du parti communiste tchèque depuis 1923, membre de sa direction, prit publiquement position contre les procès de Moscou dès août 1936, et rompit avec ce parti à cette date. (NDLR)
[97] [Mika Etchebehere était la femme de] Hyppolite ETCHEBEHERE militant exclu du PC argentin en 1925. Il séjourna en Espagne en 1930-31, en France  en 1932, en Allemagne en 1933, collabora au journal Masses sous le nom de Juan Rustico. Lié à K. Landau, il participa au groupe Que Faire ? Dès juillet 1936 il gagna Madrid , fut le chef militaire de la colonne motorisée du POUM de Madrid et fut tué le 18 août 1936. (NDLR)
[98] Cf. Léon TROTSKY : « Leçons d’Espagne, dernier avertissement » (17 décembre 1937), in La Révolution espagnole , Paris, Ed. Minuit, 1975, p.471-501.
[99] « Discours du camarade Andrés Nin à Valence le lw septembre », in Informationen des POUM (édition allemande), n° 2, Barcelone (1936). Andrés NIN FEREZ (1892-1937), ancien dirigeant de la CNT puis du PCE, longtemps secrétaire de l’ISR, membre de l’Opposition de gauche russe en 1923 et de sa commission internationale. Revenu en Espagne après son expulsion d’URSS il se devint secrétaire général de la Izquierda comunista de Espana, puis l’un des créateurs du POUM en 1935. (NDLR)
[100] Augustin SOUCHY (né en 1902 en Allemagne), militant anarchiste à la fin de la première guerre mondiale avait représenté l’aile syndicaliste révolutionnaire au II° Congrès de l’I.C. Rédacteur-en-chef du journal anarcho-syndicaliste Der Syndikalist de 1922 à 1927, il quitta l’Allemagne pour la France en 1933. (NDLR)
[101] Mika ETCHEBEHERE, Ma guerre d’Espagne à moi. Paris, Denoël/Les Lettres nouvelles, 1976, p. 129 et 133
[102] FOSCO. « Mon rôle à Barcelone en aopût et septembre 1936 » in La Révolution espagnole, éd. par P. BROUÉ, op. cit., p. 624.
[103] D’après une communication écrite de P. Broué, Grenoble, 23 janvier 1978.
[104] Juan ANDRADE RODRIGUEZ (né en 1897), co-fondateur du parti communiste espagnol avait été exclu de ce dernier en 1927. Co-fondateur et dirigeant de l’Opposition de gauche, puis de la Izquierda comunista et enfin du POUM, il devait être arrêté en 1937 mais put s’évader en 1939. (NDLR)
[105] George Orwell en fait une description très vivante dans Catalogne libre. Rapport sur la guerre civile espagnole, Zurich, 1975, p.8.
[106] Cf. Spanisches Informations Bulletin, édité par l’AV des gauches allemandes en Espagne, Barcelone (mi-novembre 1936).
[107] Christine Kanzler, Werner Wogerbauer à l’auteur,Paris, 9 janvier 1978, d’après les communications de Paul et Clara Thalmann.
[108] Max DIAMANT (né en 1908) , l’un des dirigeants du SAP et Herbert FRAHM dit Willy BRANDT (né en 1913), de ses jeunesses (SAJ) se succédèrent à la délégation du SAP en Espagne. (NDLR)
[109] Paul THALMANN, Wo die Freiheit stirbt. Stationen eines politischen Kampfes. [Là où meurt la liberté. Stations d’un combat politique], Olten, 1974, p. 137.
[110] W. BERTRAM, Von Brüssels nach Barcelona, op. cit., La crise du mouvement ouvrier international et les tâches de la conférence internationale de Barcelone, (…) manuscrit non publié (1937). Du même : « De Bruxelles à Barcelone », le texte diffère de la version allemande, Juillet, juin 1937, p. 59 sq. Citons encore J. GORKIN : « La conférence internationale de Barcelone » in Die Spanische Révolution, organ der Arbeiterpartei für marxistische Einheit (POUM), n° 6, Barcelone, début mai 1937.
[111] Kurt LANDAU, La crise dans le mouvement ouvrier international…, op. cit., p.6.
[112] Cf. par exemple: « Für den Sieg der spanischen Révolution ! Fur ein « neues Zimmerwald » » [Pour la victoire de la révolution espagnole! Pour un nouveau Zimmerwald], Der Funke, n° 5-6 (mai-juin 1937).
[113] Pour le 3e anniversaire des journées de février en Autriche.
[118] Cf. Fenner Brockway, The Truth about Barcelona, [la vérité sur Barcelone], Londres, 1937. Victor Alba, Histoire du POUM, Paris, 1975, p. 265 sq. Félix Morrow, Révolution et contre-révolution en Espagne. Rudolf Rocker, Die spanische Tragedie, Berlin, 1976, p. 86 sq.
[119] D’après une communication de Paul Thalmann (20 juin 1976), indirectement dans un manuscrit incomplet de Landau (mi août 1937, sans indication de titre), p. 36 sq une autre appréciation, à laquelle il est possible qu’ait contribué sa fonction de défenseurs des positions du POUM : Spectator, Die Ereignisse von Barcelona und ihre Lehren [les événements de Barcelone et leurs leçons] (21 mai 1937).
[120] Cité d’après Hugh Thomas, La guerre d’Espagne, Paris/Genève, Laffont/ Edito Service, 1962, p. 369.
[121] Cf. WG, Krivitsky, I was Stalin’s agent, New York/Londres, 1939, p. 105.
[122] D’après Katia Landau, Le stalinisme en Espagne, Paris, 1938, p. 8.
[123] Par exemple à Barcelone : Puerta del Angel 24, Paseo de San Juan 104, Calle de Montaner 321, Calle de Corcega 299, Calle de Vallmajor 5 ; à Valence : l’ancien cloître de Sainte Ursule ; à Madrid : Calle de Atocha, Paseo de la Castellana ; à Alcali de Henares, pour ne citer que les plus importantes.
[124] Cf. Paul Thalmann, Wo die Freiheit…, op. cit., p. 197.
[125] D’après une communication orale d’Augustin Souchy, Munich, 2 mars 1977. Cf. aussi son autobiographie : Vorsicht : Anarchist ! Ein Leben fur die Freiheit. Politische Erinnerungen [Attention : Anarchiste ! Une vie pour la liberté.Souvenirs politiques]
[126] D’après une communication écrite de Paul Thalmann (Nice, 22 janvier 1978).
[127] Tandis que Souchy pense que Landau a sous-estimé le danger (Vorsicht : Anarchist .., op. cit., p. 119), Katia Landau a émis l’avis que Kurt Landau n’était pas très bien accueilli, en tant que marxiste, dans ce milieu anarchiste et qu’il aurait donc préféré chercher un autre refuge. (Communication orale, 10 septembre 1977).
[128] Katia Landau, Le stalinisme…, op. cit.,p. 37.
[129] Cf. VS, « Crimes à Barcelone », La Révolution prolétarienne, n° 249, 25 juin 1937.
[130] Dans Juin 36, l’organe du PSOP, en mai 39, plusieurs articles écrits par Landau pendant sa clandestinité furent publiés, par exemple: « Bolchevisme, trotskysme, sectarisme » et « Le trotskysme et la révolution espagnole ».
[131] Cf. note précédente, ainsi que le manuscrit incomplet de la mi-août 1937, déjà mentionné, qui doit être le dernier travail de Landau.
[132] Ces interrogatoires prirent des formes tout bonnement grotesques pour les cadres dirigeants du POUM, confrontés en permanence à des questions stéréotypées, comme par exemple Gorkin : « Quelle est votre opinion sur Staline ? »(…)
[133] Katia LANDAU, Le stalinisme, op. cit., p. 35.
[134] Philipp DENGEL, « Warum der Trotzkismus aus der Arbeiterbewegung
[135] Lettre de Landau à Karl Daniel, Barcelone, 28 juillet 1937.
[136] Communications écrites (10 mars 1977) et orale (10 septembre 1977) de Katia Landau.
[137] Katia Landau, Le stalinisme…, op. cit., p. 34.
[138] Cf. L’assassinat d’André Nin. Ses causes, ses auteurs. Spartacus, cahiers mensuels, nouvelle série, n° 19, Paris, 1939. « Nin assassiné », La Révolution prolétarienne, n° 252, 10 août 1937.
[139] Victor Alba, Histoire…op. cit., p. 318.
[140] Cf. « Résultats (…)
[141] John McGovern (1887-1968) était l’un des orateurs les plus populaires de l’ILP, connu pour ses interventions, surtout ses interruptions aux Communes, et ses gestes spectaculaires comme sa participation aux « marches » des chômeurs. Félicien Challaye (1875-1967), écrivain et professeur de philosophie, « pacifiste intégral » depuis 1932, membre de la Ligue internationale des combattants de la paix (L.I.C.P.), dont l’organe, Le Barrage, s’était élevé contre les procès de Moscou. (NDLR)
[142] « La troisième délégation internationale en Espagne  », Independent News. Service de presse hebdomadaire du bureau d’informations franco-britannique, Paris, n° 15, 11 décembre 1937.
[143] Erwin Wolf dit Nicolle Braun (1902-1937), Allemand des Sudètes, avait adhéré à l’Opposition de gauche à Berlin où il était étudiant en 1932. Coopté à la direction de l’IKD à l’étranger, il devient secrétaire de Trotsky en Norvège en novembre 1935. Au SI en juillet 1936, il est envoyé en Espagne en avril 1937, où il sera arrêté le 28 juillet pour disparaître après le 13 septembre (cf. P. Broué, « Quelques collaborateurs de Trotsky », Cahiers Léon Trotsky, n° 1). Marc Rhein, fils du dirigeant menchevik Rafail Abramovitch, membre des jeunesses socialistes était rédacteur en chef du Social-demokratic Kraten de Stockholm. Arrêté à Barcelone en avril, il ne fut jamais retrouvé. (NDLR)
[144] Cf. « Sobre la desaparicién y probable asesinato de Kurt Landau y la huelga del hambre de su companera », Boletin de Information sobre  el proceso politico contra el POUM, n° 6, Barcelone, 15 décembre 1937 ; Independent News, numéro spécial, 16 novembre 1937 ; « Les assassins du GPU en Espagne. La « disparition » de Landau et la grève de la faim de sa femme », La Révolution prolétarienne, n° 259, 25 novembre 1937.
[145] Broué-Témime, op. cit.
[146] Cf. Fernando Claudin, La crise du mouvement communiste, T. 1, La crise de l’Internationale communiste, Paris, Maspero, 1972, p. 272-276 notamment.
[147] Independent News, n° 15, 11 décembre 1937, p. 3.
[148] Katia Landau, Le stalinisme…, op. cit., p. 36.
[149] Leopold Kulcsar (1900-1938) avait adhéré très jeune aux jeunesses ouvrières socialistes. Arrêté en 1918, il adhéra ensuite au KPO qu’il quitta en 1925-1926. Membre du PS jusqu’en février 1934, clandestinement jusqu’en décembre 1934, date à laquelle il se réfugia à Brno auprès d’O. Bauer, qu’il quitta en 1937 pour Prague où il fut secrétaire de l’ambassade d’Espagne.
Il devait y mourir peu après (janvier 1938).
[150] Katia Landau écrit au sujet de Kulcsar : « J’ai toujours eu l’impression qu’il n’appartenait pas à l’appareil, mais qu’il voulait faire carrière avec le cas Landau. Je crois que dans le GPU on avait plutôt un certain mépris de lui mais on l’a admis parce qu’il venait de très haut » (Le stalinisme..., p. 40). Le professeur Alfred Magaziner qui connaissait depuis les années vingt tant Katia Landau que les Kulcsar, n’excluait pas une activité de Leopold Kulcsar pour le compte du GPU mais il ajoutait que ses contacts avec les Russes pouvaient aussi être de l’ordre diplomatique normal — (d’après Katia Landau, il était attaché militaire) Il m’a dit en particulier:  » Après la seconde arrestation de Katia Landau, j’ai eu une conversation avec Leopold K. – trois jours avant sa mort – et nous nous sommes querellés tout l’après-midi. Il prétendait alors que la police avait trouvé chez elle des cartes de Madrid et de Barcelone qui étaient importantes pour des attaques aériennes ; là-dessus, je lui ai demandé quand ces cartes avaient été trouvées et il m’a répondu qu’elles avaient été découvertes après l’arrestation ; je lui ai lancé à la tête que c’était là des astuces tout à fait vulgaires de la police et qu’on ne pouvait absolument rien en conclure et nous nous sommes quittés sur cette brouille. »  (Communication orale du Pr A. Magaziner, 8 mars 1978.)
[151] Cf. Erich Wollenberg, Der Apparat…, op. cit., p. 579.
[152] Cf. Carola Stern, Ulbricht — Eine politische Biographie [Ulbricht — Une biographie politique], Berlin, 1966.
[153] D’après une communication orale de Katia Landau à l’auteur, 10 septembre 1977.
[154] Cf. Carola STERN, op. cit., p. 81.
[155] Au sujet de Marty, voir BROUÉ-TÉMIME, op. cit., p. 355-356. Hugh THOMAS, op. cit., p. 306. Sur Ulbricht, cf. op. cit., p. 307.
[156] II y aurait encore été vu par des membres du POUM (selon Katia Landau).

2 Réponses to “Kurt Landau (Schafranek, 1980)”

  1. Neues aus den Archiven der radikalen (und nicht so radikalen) Linken « Entdinglichung Says:

    […] prolétarienne: Lettre ouverte à MM. Khrouchtchev et Boulganine (1956) * Hans Schafranek: Kurt Landau (1980) * Albert Masó March (1918-2001) (2002) * Déclaration des 46 (1923) * Karl Marx: Des sectes […]

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  2. Le groupe Que faire ?: nouveaux documents « La Bataille socialiste Says:

    […] 1980-01 Kurt Landau [Schafranek] […]

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