Un nouveau crime de la GPU (1948)

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Article de Pedro Bonet paru dans La Révolution prolétarienne N°313 (mars 1948).

UN NOUVEAU CRIME DE LA G.P.U.

Soixante Espagnols antifascistes séquestrés dans le camp de Karaganda (U.R.S.S.)

La presse antifasciste espagnole publiée en France a dénoncé récemment un nouveau crime du G.P-U. : l’internement de soixante Espagnols antifascistes dans le camp de Karaganda. Karaganda se trouve situé dans les régions arides du Kazakstan (?). On appelle ce lieu la « steppe de la faim ». L’administration russe le désigne sous la dénomination de « Camp N° 99 » et son adresse postale est la suivante : 99-22 Spassk.
Le groupe des Espagnols internés dans le camp de Karaganda est constitué par des pilotes aviateurs et des marins de navires marchands. Parmi eux se
trouvent quelques médecins et instituteurs qui ont été en Russie en 1938 à la tête des groupes d’enfants espagnols évacués d’Espagne. Les pilotes aviateurs furent envoyés par le gouvernement Negrin pour suivre des cours d’aviation. Les marins, qui se trouvaient à Odessa en mars 1939, virent leurs bateaux réquisitionnés par les autorités russes. La tragique odyssée de ce groupe d’ouvriers espagnols antifascistes a commencé à partir de juin 1941, c’est-à-dire depuis le début des hostilités entre l’Allemagne et la Russie.
La Fédération espa-gnole des Déportés a fait publier un intéressant rapport circonstancié dénonçant celte nouvelle expression de la barbarie stalinienne. Ces informations ont été confirmées par l’ingénieur français Francisque Bornet et par Mme Sonia Sagolowitsch, rapatriés récemment en France après cinq ans d’internement dans le même camp de Karaganda et qui partagèrent avec les antifascistes espagnols les infortunes et les calamités de cette détention commune.


La presse stalinienne qui jusqu’à maintenant a observé un silence discret devant la révélation de ce nouveau forfait du G.P.U. essaie de le couvrir et de le justifier en osant présenter le groupe des ouvriers espagnols antifascistes comme des éléments franquistes. En plus du crime la calomnie.
Nous qui savons comment ont été montés les procès de Moscou et comment furent assassinés les principaux artisans de la Révolution d’Octobre, nous qui avons lu le vaillant réquisitoire de Kravchenko, ne pouvons être surpris par ce nouveau mensonge de la bande d’assassins et de faussaires aux ordres du Kremlin. En effet, la barbarie du totalitarisme stalinien trouve son expression dans les travaux forcés, dans les immenses et innombrables camps de concentration où languissent des millions et des millions de révolutionnaires. C’est le régime de terreur, la menace permanente et hallucinante de tomber sous les puissantes tentacules du G.P.U.
Dans la vaste Sibérie, le camp de Karaganda est un jalon de plus du fascisme rouge. De là une poignée de combattants espagnols antifascistes lancent un S.O.S. à leurs frères en exil pour qu’ils les aident à mettre fin à l’épouvantable cauchemar dans lequel ils vivent depuis sept ans. C’est ce cri qu’a recueilli la Fédération espagnole des reportés ainsi que les Centrales syndicales C.N.T. et U.G.T., le P.S.O.E. et le P.O.U.M., en même temps que tous les partis républicains. Tous, tous moins la bande de faussaires et de valets du P.C.F.
De son côté, celte bande de canailles prépare un subterfuge pour couvrir ce nouveau forfait en osant présenter nos camarades comme des franquistes. A ce propos il nous paraît évident qu’on a suggéré au G.P.U. de négocier la remise de ces infortunés Espagnols à la police franquiste. A seule fin de pouvoir les présenter à l’opinion comme des agents franquistes.

Le mouvement ouvrier espagnol a fait l’expérience des méthodes staliniennes pendant la guerre civile. L’assassinat du malheureux camarade Andrès Nin, de l’écrivain anarchiste Berneri, de Kurt Landau et de centaines de militants .socialistes, de la C.N.T. et du P.O.U.M., puis le monstrueux procès contre le P.O.U.M. laissent un tragique souvenir impossible à effacer. Le « socialisme » totalitaire – et d’importation orientale – faisait ainsi ses premières preuves sur la péninsule ibérique. La « précieuse » aide que Staline nous apporta ne s’est pas arrêtée lorsqu’est survenue notre défaite – défaite favorisée non seulement par la terreur du G.P.U., mais aussi par le pétrole russe vendu à crédit à Mussolini pour que l’aviation et la flotte italiennes puissent bombarder nos cités et nos fronts.

La Russie continue à nous offrir son aide « généreuse ». Elle conserve quelques-uns de nos navires marchands, cinq cents — cinq cents ! — tonneaux d’or que Negrin — le « pantin » de Moscou — a livrés. Et, avec l’or et les navires marchands, un groupe de combattants espagnols antifascistes, eux-mêmes gardés et protégés par les sbires du G.P.U.
Les groupes révolutionnaires et les organisations ouvrières de tous les pays doivent dénoncer avec la dernière énergie ce nouveau crime du stalinisme jusqu’à obtenir la libération des Espagnols enterrés vivants dans le camp de Karaganda.

Pedro BONET.

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