2000-12 Abdelkrim et la guerre du Rif [Zerrouky]

Article de Hassane Zerrouky paru dans L’Humanité du 27 Décembre 2000

Nous sommes en 1920. Bien avant la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie, celle du Rif est bien la première guerre anticoloniale du XXe siècle.

En France, elle donne lieu aux premières manifestations de solidarité avec les peuples sous domination coloniale, organisées par le Parti communiste, et dont l’Humanité en ces années 1925-1926, se fait l’écho.

Le Rif, étroite bande côtière située du nord du Maroc méditerranéen, est, depuis 1912, sous domination espagnole, le reste du pays sous protectorat français.

Abdelkrim El Khattabi, né en 1882, à Ajdir dans la tribu berbère des Beni-Ouariaghi, après des études à l’université d’El Karaouine à Fès, s’installe à Melila où il est successivement cadi (juge musulman), instituteur, interprète (arabe, français et espagnol) et correspondant du Télégraphe du Rif, quand il se lance en politique. Il dénonce l’oppression coloniale et se met à rêver à l’indépendance du Maroc. Abdelkrim parcourt le Rif et sensibilise les populations :  » Nous devons, disait-il, sauver notre prestige et éviter l’esclavage à notre pays.  » Homme de culture et d’ouverture, celui qui qualifie l’Occident de  » civilisation du fer  » par opposition au Maroc rural et sous-développé, est tout sauf un fanatique. Il a un projet politique : faire du Rif une république moderne, développer l’économie et l’éducation, et la faire reconnaître par la Société des nations (SDN). Il pense faire accéder le Rif à l’indépendance en bonne entente avec les Espagnols. Mais ces derniers refusent.

La guerre devient inévitable quand les tribus berbères du Rif refusent l’autorité espagnole et demande à l’Espagne de quitter le Maroc. En 1920, les Espagnols envoient une armée de 100 000 hommes commandée par le général Sylvestre. Le 20 juillet 1921, l’armée espagnole subit un véritable désastre : 3 500 soldats tués, plus de 5 000 sont faits prisonniers, toute l’artillerie lourde espagnole et un véritable arsenal (fusils et munitions) tombent entre les mains des Rifains. Sylvestre se suicide. De victoire en victoire, Abdelkrim repousse les Espagnols sur les côtes. En 1922, il proclame la République du Rif.  » Le Parti communiste français unanime félicite Abdelkrim pour ses succès « , titre l’Humanité du 11 septembre 1924.

La France, inquiète, prend des mesures, vole au secours de l’Espagne, dépêche une troupe de 400 000 hommes commandée par le maréchal Pétain. Abdelkrim, qui a lancé son armée de 75 000 hommes contre le Maroc français, est stoppé. Le rapport des forces est inégal. Abdelkrim fait face à 32 divisions franco-espagnoles. Pétain mène une guerre totale : les villages rifains sont rasés par l’aviation et l’artillerie, l’armée française ne fait pas de prisonniers. C’est le début de la fin.

En France, malgré la campagne, à contre-courant, menée par le PCF pour arrêter  » immédiatement l’effusion de sang au Maroc « , relayée quotidiennement par l’Humanité qui, en outre, publie des lettres de soldats, puis l’appel – le premier du genre à l’époque – lancé par Henri Barbusse et signé par une centaine d’intellectuels dont André Breton, dans son édition du 2 juillet 1925, la guerre se poursuit. Abdelkrim est vaincu en 1926. La République du Rif aura vécu.

Celui dont les méthodes de guérilla ont inspiré Mao Tsé-Toung et Hô Chi Minh, est fait prisonnier et sera déporté à l’île de la Réunion. Mais la guerre du Rif a un tel retentissement que le nom d’Abdelkrim est devenu le symbole de la décolonisation. Quand il s’évade en 1947, il s’installe au Caire où il est l’un des fondateurs du Comité de libération du Maghreb. Abdelkrim exilé – il ne retournera plus au Maroc -, le Rif est secoué par des révoltes en 1958-1959 qui seront écrasées par les toutes nouvelles Forces armées royales (FAR) commandées par le général Oufkir. La répression sera sanglante : 8 000 morts. Sur le tard, avant son décès en 1963, il dira de cette période (1920-1925), avec quelque amertume :  » Je suis venu trop tôt.  »

Une troupe de combattant rifains durant la guerre du Rif.

 

5 Réponses to “2000-12 Abdelkrim et la guerre du Rif [Zerrouky]”

  1. takfarinasse Says:

    bon chonsse pour tt le rif mais il faut contunu pour notre réve c es la république rifian

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  2. boulali Says:

    c’est bien …les rifian jai espire 1 jeurs ..ça reviendra la gurria du rif ..on cerai les mieurs du maroc de l’espagne france ..inchallah bonne hance a tous les rifian …en 1920 sa sont vraiment des homme modjidine …vive le rif les rifia fuck le rést

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  3. Fatiha Says:

    c’était très intéressant, en effet j’ai depuis peu un réel engouement pour l’histoire des berbers et particulièrement les Rifains, donc cet article est très bien tombé !
    Alors apparemment les rifains n’ont pas abandonné leur projet d’une République Rifaine dans les années 50 …. Etonnant ! Cela me touche en tant que rifaine que les rifains ont été les 1ers dans l’histoire à se lever clairement contre le colonialisme, j’en suis toute honorée. J’ai un arrière grand-père qui a combattu dans l’armée de A. El khattabi, et ça me fais quelque chose de savoir que mes ascendants se sont engagés pour la liberté et l’indépendance de leur peuple contre linjustice du colonialisme, idée très révolutionnaire, humaniste et encore d’actualité …

    PS: concernant l’auteur du commentaire précédent, sachez que vous trahissez la pensée même de A. El Khatabbi qui n’avait rien à voir avec un belliqueux ambulant et stupide, mais c’était bien un humaniste qui avait pour seuls ennemis l’injustice et le colonialisme et qui n’a jamais fait la promotion d’un nationalisme exacerbé qui mène inévitablement vers la haine des autres peuples.

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  4. boutaleb Says:

    je m’etonne jusqu’a ce jour la, le gouvernment marocain se trouve tres, meme trop eloigne de toute une grande resistance dont son but ete juste defendre notre pays.
    Abdelkarim merite un jour national de celebration.

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  5. abdel Says:

    bonjour ,à tout le rif
    tout d’abord :allah yarham abdelkrim elkhatabi
    mes chéres frére marocains,et,marocaines.boucoups de ma familles,et surtout du coté de mon pére ,c’est ait la torture,dans,ma regions,jai apris ca par les gents du village car mon pére allah-yarahmou ne parlais pas de la guerre et pourtant !

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