Ollivier (1898-1993)

Aron Goldenberg dit Marcel Ollivier

Adhérent SFIO en 1918, il milite au sein de l’aile gauche du parti, et participe à la création du groupe des Etudiants communistes. Il se rend en Russie en 1920 pour participer comme délégué au II° Congrès de l’Internationale Communiste, y retourne en 1922 et 1924 comme traducteur-interprète lors des IV° et V° Congrès de l’I.C., collabore à la revue théorique du PCF (Cahiers du bolchevisme), publie en 1928 sa traduction du 18 Brumaire de K. Marx et est l’auteur d’un Spartacus préfacé par Barbusse en 1929. S’opposant au stalinisme, il quitte en conséquence le PCF. Il fait dès lors partie de l’extrême gauche révolutionnaire.

Participant à la campagne en faveur de Victor Serge en 1933, traducteur de L’Accumulation du capital de R. Luxemburg en 1935, il se rend en Espagne en 1936 et s’y met au service du P.O.U.M., travaillant à La Batalla où il côtoie les Landau. Il dénonce les assassinats du Guépéou dans Le Guépéou en Espagne: Les journées sanglantes de Barcelone (réédité en 1946 et 1970). Rentré en France, il publie dans les cahiers Spartacus de René Lefeuvre une nouvelle traduction de La révolution russe de Luxemburg (1937).

Entré au syndicat CGT des correcteurs en 1945, il traduit l’important livre de Hilferding Le Capital financier (Ed. de Minuit, 1970) et écrit lui-même Un espion nommé Staline (1974). Devenu aveugle en 1978.

TEXTE:

Avant-propos à Un espion nommé Staline (1974)

Il y a tout juste soixante-quinze ans, à la fin de l’année 1898, Noël Jordania, fondateur du « Messamé Dassy », organisation nationaliste géorgienne à tendances socialistes, qui dirigeait à Tiflis l’hebdomadaire Kvali, vit entrer dans son bureau un jeune homme à cheveux bruns et aux yeux de même couleur striés de jaune, qui se présenta en ces termes : « Je suis Djougachvili, étudiant au séminaire théologique. Je suis un lecteur assidu de votre journal. Tous vos articles ont produit sur moi une profonde impression. J’ai résolu de quitter le séminaire pour consacrer mon temps aux ouvriers. Qu’en pensez-vous? »

« Sa décision me plut, raconta plus tard Jordania. Dans l’organisation sociale-démocrate de Tiflis, nous avions besoin de propagandistes. Mais avant de lui donner mon avis, j’ai tenu à vérifier le bagage intellectuel de ce jeune homme. Je l’interrogeai en histoire, en sociologie et en économie politique, et je fus surpris de constater qu’il ne possédait que des notions très superficielles dans tous ces domaines. Il avait puisé ses informations dans les articles de Kvali et dans le programme de Karl Kautsky. Je lui expliquai qu’il lui serait difficile de travailler pour nous dans ces conditions. Nos ouvriers étaient curieux et avides de connaissances. Lorsqu’ils se rendaient compte qu’un propagandiste était ignorant, ils refusaient de l’écouter. Je conseillai donc à Djougachvili de rester encore un an au séminaire et de compléter son instruction. J’y réfléchirai, répondit-il, et il partit.»

Trente ans plus tard, le jeune homme ainsi éconduit devenait le maître tout-puissant de la Russie soviétique, et les événements survenus depuis lors, ainsi que les révélations faites par ceux qui l’ont connu à cette époque lointaine, nous amènent à poser la question : quel était le but de cette visite du jeune séminariste à Jordania? Venait-il, comme il le prétendait, offrir ses services pour la défense des ouvriers? Ou avait-il des intentions tout autres, et lesquelles?
De la réponse à cette question dépend celle de savoir qui était Staline, l’homme qui si longtemps incarna pour les foules l’espoir d’un monde meilleur. Sous le masque du socialiste, du révolutionnaire, qu’y avait-il en fait? C’est à élucider ce point que tend le présent ouvrage.

M. O. 15 novembre 1973.

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