Longuet (1876-1938)

Jean Longuet

Journaliste et avocat. Petit-fils de Karl Marx (fils de Charles Longuet et Jenny Marx) qui fut souvent traité de « quart-de-boche » par l’Action Française, il est né à Londres et participe aux actions socialistes dès ses études au lycée à Caen, puis à la faculté à Paris. Membre du P.O.F. alors que son père était un réformiste indépendant, il quitte ce parti qu’il juge insuffisamment dreyfusard en 1898, mais participe bientôt aux démarches d’unification du mouvement socialiste français, combat contre Millerand, participe à la fondation de L’Humanité avec Jaurès. Membre de la commission administrative de la SFIO dès ses débuts, il y est constamment réélu jusqu’à sa mort. Il représente d’abord l’Aisne aux congrès socialistes, département où il travaille à l’implantation parmi les ouvriers agricoles, puis est élu député de la Seine en 1914. Les 28-30 juillet 14, il accompagne Jaurès à Bruxelles pour la réunion du Bureau socialiste international, et assiste le 31 à son assassinat. Il se rallie alors avec la quasi-totalité du parti à la défense nationale, tout en refusant tout nationalisme, en rencontrant les minoritaires allemands à Berne (12 avril 1915) et en prenant la tête de la minorité apparue dans la Haute-Vienne en 1915, qui s’organise en 1916 en Comité pour la défense du socialisme international. Il devient directeur du Populaire et sa motion emporte la majorité au conseil national de juillet 1918, ce que confirme le congrès en octobre. Sans poste officiel dans la nouvelle direction, il jouit d’une autorité morale et politique, et écrit La politique internationale du marxisme (Karl Marx et la France).

Il rencontre Zinoviev au congrès de l’USPD en octobre 1920, qui se montre conciliant, mais est nommément visé par les 21 conditions lors du Congrès de Tours. Il n’aura pourtant plus de grand rôle dans la SFIO reconstituée. Il participe aux affaires internationales (d’abord à la brève Union de Vienne dite II° Internationale et demi, puis à l’I.O.S. avec Bracke) et à la commission coloniale du parti, fonde la Nouvelle revue socialiste (1925-1931). Maire de Châtenay (1929), il reçoit sa seule mission officielle du gouvernement Blum : représenter la France à une conférence internationale pour le statut de réfugié à Genève. A partir de 1936, Longuet mène campagne avec Bracke et Zyromski dans le Populaire contre la non-intervention, participe au C.A.S.P.E. et à son organe L’Espagne socialiste. Au congrès de Marseille il déclare « Je comprends le sentiment ardemment pacifiste de nos masses (…) mais la question est de savoir si nous maintiendrons la paix en permettant au fascisme international, au fascisme italien, au fascisme allemand, de conquérir sans cesse des positions fortes qui risquent de nous acculer demain à la guerre, que nous aurions pu éviter alors qu’ils eussent dû céder. » Anti-munichois avant l’heure, il s’oppose au congrès de Royan à la majorité: « de reculades en reculades, vous serez fatalement acculés à la guerre, mais à une guerre destructrice aboutissant fatalement à notre écrasement« .

Il meurt d’une hémorragie interne suite à un accident de voiture. De nombreux dirigeants (Blum, Dunois, Adler, Nenni, Cachin) assistent à ses obsèques.

Son frère Edgar adhère au PCF à la Libération.

Voir aussi:

TEXTES:

longuet-les-socialistes-allemands-contre-la-guerre-1913.jpg

2 Réponses to “Longuet (1876-1938)”

  1. “Notre misère intellectuelle” ou comment pensent les militants Sfio | Enklask / Enquête Says:

    […] ici quelques extraits de son ouvrage. Sur Longuet, on consultera également l’excellent blog «  la bataille socialiste ».  Imprimer ce […]

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  2. Tietie007 Says:

    Un socialiste tranquille mais résolu, qui ne suivit pas le chemin radical de son aïeul de Karl, puisqu’il resta à la SFIO et refusa les conditions de Lénine. Cela ne l’empêcha pas de défendre tous les damnés de la terre !

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