1933-03 Contre le fascisme! Contre la guerre ! : l’Unité révolutionnaire [Pivert]

Tribune dans le Populaire du 14 mars 1933.

Nous non plus, nous ne voulons pas connaîtra le sort tragique de nos frères d’Allemagne. Leur expérience du « moindre mal », du soutien de Bruning, et de l’élection de Hindenburg doit nous servir : 0n ne peut pas ruser avec le cours implacable de la lutte des classes. Et la meilleure manière, aujourd’hui, de marquer notre solidarité avec les ouvriers socialistes et communistes écrasés par le fascisme assassin, c’est de protéger notre rayonnement de toute compromission et de hâter l’heure de l’unité. Leur défaite nous affaiblit. Notre victoire les relèvera ! C’est une bataille de classe internationale qui se développe. Nos ennemis ont des atouts en mains : nous en avons également et l’attitude admirable du prolétariat de Vienne-la-Rouge en est la manifestation la plus concrète à l’heure où j’écris.

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Mais cette bataille a des exigences ; l’idée d’une guerre avec l’Allemagne de Hitler hante quelques esprits dangereusement impressionnés. Disons tout net que toute complaisance de notre part, à l’égard de cette idée, serait un crime contre le prolétariat international. Sous aucun prétexte, nous n’acceptons la guerre ! Sous aucun prétexte, nous ne consentirons à livrer de plein gré, à l’appareil militaire de notre bourgeoisie, les forces vives de notre classe. C’est avec nos armes, spécifiquement ouvrières, que nous devons envisager la résistance la plus acharnée. Nos armes s’appellent : la grève générale, le refus collectif de répondre à tout appel de mobilisation. Si le prolétariat ne sait pas, à temps, les mettre au point, et s’en servir, qu’il n’espère pas échapper au destin le plus cruel et aux catastrophes les plus irréparables.

Pour notre part, nous sommes décidés à proposer un certain nombre de décisions concrètes et immédiates à nos organisations intérnationales. Nous serons compris par les traailleurs. Nous savons déjà que dans tous les pays, môme les plus opprimés, cette idée-force fait son chemin tomme la suprême espérance…

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Seulement,, tout se tient !

Dans la période qui s’ouvre, il faudra choisir délibérément entre une politique de classe, cohérente, claire, vigoureuse, et une politique de complaisance sinon de complicité, à l’égard du pouvoir capitaliste. Une derniere occasion d’arrêter la course à la guerre peut s’offrir : imposer le désarmement immédiat. Non pas parce que Hitler l’exige, mais parce que nous l’avons promis, parce que nous avons démontré (et l’on nous a compris) que le désarmement immédiat était la seule garantie de toute sécurité internationale ! Où est l’action énergique du Parti, au Parlement sur ce point précis ? Sommes-nous disposés à pratiquer, à fond, notre politique internationaliste ? ou à nous réfugier peureusement derrière les tanks et les mitrailleuses du général Weygand ? Voilà, mon cher Rivière, une question précise que le Congrès de Pâques devra résoudre.

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Et si nous décidons, comme je l’espère, dans le sens de la fidélité de nos décisions antérieures, si même nous accentuons notre opposition à tout  compromis sur les problèmes vitaux (internationaux, économiques et financiers), il nous faudra, il nous faut, dès maintenant, organiser nos formations de combat dans tous les grands centres industriels et même dans les bourgs ruraux importants. Ce qui exige une collaboration fraternelle avec les syndicats ; ces syndicats -€” armature incomparable du pouvoir nouveau -€” qu’une politique à courte vue a malencontreusement (oui, Déat !) dressés contre le Parti !

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Et même si nous prenons le langage démocratique préféré par certains de nos camarades, au langage de classe (pourtant plus fidèle à la réalité), on tue la « démocratie », on prépare la dictature fasciste, lorsqu’on donne atix masses populaires l’impression qu’un programme électoral n’est, après tout, qu’une sorte de panneau-réclame destiné à piper les suffrages. Plus que jamais doit retentir dans le pays notre « cri de ralliement : « Conquête du pouvoir pour organiser la résistance internationale au fascisme et à la guerre ! »

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Ceux qui escomptent nos divisions, ceux qui s’obstinent à considérer le Parti comme un magma informe de comités électoraux disparates, et d’autre part, ceux qui cherchent à exploiter nos sentiments profondément unitaires, se trompent tous également.

Malgré les tiraillements dans les deux sens, malgré les sarcasmes méprisables ou les acrobaties qui cherchent à désorienter nos militants, les regrets et les appréhensions, les manoeuvres et les lamentations n’y changeront rien :

L’UNITE REVOLUTIONNAIRE DU PROLETARIAT EST EN MARCHE ET RIEN NE L’ARRETERA !

Marceau PIVERT.